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2009, année de chamboulements économiques

23 décembre 2009

Début 2009, la plupart des secteurs de l’économie marchande étaient en chute libre. Et les prévisions laissaient craindre le pire. Finalement, les plans de relance mis en place par les gouvernements ont limité la casse.

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L'économie se remet doucement, mais attention à trop d'optimismeImage : Bilderbox

2009 a été une année de surprise et de chamboulement de l'ordre établi. En effet, on a vu les dirigeants des pays les plus libéraux se faire tout à coup apôtres de la régulation des marchés financiers, plaider pour une réflexion sur le capitalisme… Lors du sommet du G20 de Londres, en mars, le Premier ministre britannique Gordon Brown, a reconnu la gravité du moment :

G 20 Gipfelteilnehmer in London
Les dirigeants du G20 autour de la reine d'AngleterreImage : AP

« Aujourd’hui est le jour où le monde s’est réuni pour répondre à la récession mondiale. Non pas avec des mots, mais avec un plan pour une reprise mondiale et pour des réformes avec un calendrier d’application. »

Avec une croissance moyenne de 8% malgré la crise, un pays comme la Chine ne peut plus être ignoré, ni l’Inde, ni le Brésil… En 2009, le très sélect club des huit pays les plus industrialisés est officiellement élargi aux pays émergents, qui ont donc eu leur mot à dire au sommet de L’Aquila, en juillet.

Les gouvernements ont joué les pompiers

Symbolbild Rezession Bankrott Bank
De nombreuses banques ont bénéficié d'aides publiques pour se redresserImage : picture-alliance/ dpa
En Allemagne par exemple, l’Etat a porté à bouts de bras la banque d’affaire Hypo Real Estate, menacée de faillite, avant de tout bonnement la nationaliser de force. La mesure est d’autant plus incroyable que l’initiative est venue d’un gouvernement dirigé par une libérale convaincue. Mais elle est compréhensible étant donné le traumatisme des faillites en série aux Etats-Unis et leurs conséquences sur l’ensemble du système financier. C’est donc avec une conviction non feinte qu’Angela Merkel, la chancelière, a défendu la nationalisation de facto d’Hypo Real Estate :

« Nous avons promis au niveau international que personne ne laisserait plus une banque faire faillite qui risquerait d’en entraîner d’autres dans son sillon. C’est pour cela que nous avons dû nous occuper d’Hypo Real Estate, jusqu’ici à l’aide de garanties. Mais nous voulons évidemment que les contribuables allemands aient un minimum à payer, et c’est pour ça que l’Etat fédéral doit prendre les commandes de cette banque. »

Le 3 avril, le Bundesrat – la chambre basse du Parlement – a entériné la prise en charge de la banque par l’Etat. C’est donc un tabou absolu qui a été brisé en 2009.

Le contexte : une Allemagne en campagne électorale

Deutschland Abwrackprämie geht zu Ende Gepresste Schrottautos
L'Etat a offert 2500 euros pour toute voiture de plus de neuf ans mise à la casse en échange de l'achat d'une neuve.Image : AP
2009 était une « super-année électorale » pour l’Allemagne. Elections locales, régionales, mais surtout législatives, un rendez-vous qui a sans doute motivé la plupart des décisions du gouvernement de grande coalition. C’est d’ailleurs en pleine campagne que le cabinet d’Angela Merkel a décidé d’instaurer la prime à la casse pour encourager l’achat de véhicules neufs. Une mesure qui a coûté la modique somme de cinq milliards d’euros à l’Etat et qui est loin d’avoir fait l’unanimité. L'analyse de Wolfgang Franz, l’un des économistes les plus écoutés en Allemagne :

« Je n’ai pas une bonne opinion de cette prime à la casse, pour trois raisons. Premièrement, on subventionne toute une branche aux dépens d’autres entreprises. Maintenant, les gens achètent plus de voitures, mais moins de canapés ou de téléviseurs. Deuxièmement, j’estime que c’est de la poudre aux yeux. L’année prochaine, on vendra moins de voitures ou alors les gens devront faire des économies sur d’autres choses. La demande viendra alors à manquer. Et troisièmement, ces cinq milliards il faut les financer. Ce n’est pas comme si l’argent tombait du ciel. Il faudra augmenter les impôts et là, le concert des vierges effarouchées reprendra de plus belle. »

Pour autant à court terme, la mesure a eu les effets escomptés : l’industrie automobile a vendu 3,7 millions de véhicules neufs. Du pain béni pour un secteur qui emploie une personne sur six en Allemagne.

Opel, la grande cause d'Angela Merkel

Jahresrückblick 2009 Opel in Rüsselsheim
"Nous sommes Opel"Image : AP
Alors qu’Angela Merkel commençait à souffler, le constructeur américain General Motors, propriétaire de la marque Opel et en difficultés financières, a annoncé qu’il envisageait de se séparer de sa filiale. Branle-bas de combat. A quelques semaines des élections, il aurait été suicidaire pour le gouvernement de ne rien faire pour les 25.000 salariés d’Opel Allemagne. L’histoire est en somme peu glorieuse : non seulement on a vu les pays européens se livrer à une concurrence déloyale pour tenter de sauver leurs sites, mais en plus au final, General Motors a décidé de garder Opel et de supprimer 9.000 emplois dont plus de 5.000 en Allemagne. Mais enfin, les élections étaient passées…

Tout est bien qui finit bien ?

Jahresrückblick 2009 Quelle Versandzentrum
La société allemande de vente par correspondance Quelle, victime collatérale de la criseImage : AP

Pour conclure, on peut dire que les signes d’une reprise se font sentir en Allemagne et dans les autres pays. Mais tous les experts s’accordent pour mettre en garde contre un optimisme trop précoce. Dans le monde de la finance, on a l’impression que le bon vieux système s’est remis en place. Oublié Bernard Madoff et sa gigantesque escroquerie, oubliés les critiques sur les salaires des patrons, les pratiques risquées des traders… les banques encaissent de nouveau des bénéfices astronomiques, grâce au soutien des gouvernements. En Allemagne, la dette publique va atteindre 86 milliards d’euros l’an prochain.

Auteur : Anne Le Touzé
Rédaction : Konstanze von Kotze