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2010, année de la crise de l’euro

30 décembre 2010

Après sept années de débat institutionnel, l’Europe vient de vivre une « Annus horribilis » durant laquelle la monnaie unique a été l’objet d’attaques spéculatives. En 2011, la crise devrait se poursuivre.

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Le symbole de l'euro devant la Banque centrale européenne à Francfort
Le symbole de l'euro devant la Banque centrale européenne à FrancfortImage : Fotolia/interlight

Cela aura été le grand feuilleton de l’année. Nous revenons dans cette émission sur la crise de la zone euro et les invités qui, tout au long de cette année 2010, ont commenté dans Carrefour Europe les attaques contre la monnaie unique. Avec une grande question : est-ce que l’euro peut disparaître et l’Allemagne retourner au Mark, la France au Franc ?

Un scénario catastrophe auquel ne croit pas l’économiste Daniel Gros, le directeur du Center for European Policy Studies.

Le gouvernement allemand semble être désormais convaincu que l’euro est un intérêt stratégique majeur pour l’Allemagne. Un point de vue que Berlin devrait d’ailleurs rappeler lors de la prochaine réunion de l’Eurogroupe. Mais si le gouvernement allemand insiste tant sur ce point c’est parce que les réticences de Berlin, au printemps dernier, pour venir en aide à la Grèce, ont laissé penser que les convictions européennes de l’Allemagne n’étaient plus aussi fortes que par le passé. Ses partenaires se sont interrogés sur la volonté de la chancelière Angela Merkel de jouer le jeu de la solidarité européenne. La presse populaire allemande a alors surfé sur l’hostilité de l’opinion publique à « payer pour les fainéants grecs » pour reprendre les titres de la Bild Zeitung.

Une période que Georges Dassis a très mal vécu. Il en avait gardé une profonde amertume lorsque nous l’avions interrogé en mai dernier. Georges Dassis est président du groupe des syndicats au Comité économique et social, à Bruxelles.

La chancelière allemande Angela Merkel lors du Sommet européen du 17 décembre
La chancelière allemande Angela Merkel lors du Sommet européen du 17 décembreImage : AP
Donneur de leçons

C’est ce côté « donneur de leçons » qui est très mal passé en Europe et ce d’autant plus que cette attitude était aux antipodes de celle que Berlin adopte traditionnellement en Europe : une posture stratégique qui repose sur la défense certes de ses intérêts – après tout personne n’a jamais affirmé que l’Europe était une entreprise philanthropique – mais dans la conscience que le cadre européen est indispensable à la prospérité de l’Allemagne.

Henrik Uterwedde est vice-président de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg et il porte un jugement assez critique sur l’attitude de certaines élites allemandes.

Le populisme : c’est un terme qui revient souvent dans le débat actuel. Car la crise européenne fait le lit de ce genre de peurs. Le Fond de stabilité financière de 750 milliards d’euros mis sur pied par l’Union européenne et le FMI est déjà venu en aide à la Grèce et l’Irlande à hauteur respectivement de 110 et 80 milliards d’euros. Or, pour obtenir cette aide, ces deux pays ont dû engager des plans de réductions drastiques. En particulier la Grèce qui a présenté un nouveau plan d’économies de 14 milliards d’euros pour 2011. Mais ces plans se soldent par des réductions de salaires et une hausse du chômage.

C’est ce qui préoccupe Joël Decaillon, il est le numéro 2 de la Confédération européenne des syndicats.

Pièces d'euro estonien. L'Estonie adopte l'euro le 1er janvier 2011
Pièces d'euro estonien. L'Estonie adopte l'euro le 1er janvier 2011Image : DW

L’Estonie rejoint l’euro

Si vous avez aimé la crise de l’euro 2010, vous adorerez celle de 2011 car il semble que cela doive se poursuivre : la désormais fameuse agence de notation Moody’s a placé sous surveillance les notes du Portugal, de la Grèce et de l’Espagne. Elle a carrément baissé de cinq points celle de l’Irlande. Tandis que l’Italie et la Belgique pourraient être les prochains sur la liste. C’est dans ce contexte que selon le quotidien la Süddeutsche Zeitung, le gouvernement allemand penserait à la création d’une sorte de Fonds monétaire européen, un « Fonds d’investissement européen de stabilité et de croissance », une institution qui serait indépendante et dont les capacités de « refinancement illimité » en ferait un outil très efficace pour protéger l’euro. Mais la crise a mis à jour une faiblesse essentielle de l’euro : le manque de cohésion entre les politiques économiques européennes et c’est ce que Berlin et Paris veulent désormais corriger.

Voilà et c’est dans ce contexte assez particulier que l’Estonie rejoint la zone euro au 1er janvier. Dix-huit ans après avoir réintroduit la couronne estonienne, symbole par excellence de la sortie de l’Union soviétique et de l’indépendance recouvrée, l’Estonie l’abandonne donc pour l’euro. Le coût de cette adhésion : une cure de rigueur en période de récession. Mais la récente crise dans la zone euro et le prix social de cette politique d’austérité ont un peu refroidi l’enthousiasme de la population.

C’est un reportage à Tallin, la capitale estonienne, de Marielle Vitureau.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot