1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

5 millions de chômeurs, et la retraite à 67 ans?

Audrey Parmentier1 février 2006

En Allemagne, le nombre de demandeurs d’emplois a de nouveau dépassé la barre des 5 millions en janvier. Une sorte de douche froide après les prévisions de croissance revues à la hausse, et les signaux économiques au vert. Un chiffre qui remet au goût du jour la proposition du ministre du Travail Franz Müntefering de faire passer l’âge de la retraite à 67 ans.

https://p.dw.com/p/C70q
Image : AP

Les Allemands venaient tout juste de s’habituer à ce que les nouvelles économiques soient bonnes, écrit la « Frankfurter Rundschau », et voilà que tombe l’annonce de Nuremberg : pour la deuxième fois en un an, la barre des 5 millions de chômeurs est dépassée. De 12 000. Un petit chiffre mais qui a un grand impact psychologique. Une sorte de signal d’alarme pour la classe politique qui du coup ne peut plus ni ignorer ni s’habituer à ce chômage de masse. Pas même avec une Angela Merkel qui va de succès en succès sur le plan international.

Justement affirme « le Tagesspiegel » de Berlin, si l’essor porte la griffe Merkel comme les conservateurs le revendiquent, alors il n’y a pas de raison pour que la chancelière ne porte pas aussi la responsabilité du désastre qui se joue sur le marché du travail. Se fier à la conjoncture ne suffit pas.

Angela Merkel est prévenue, titre « die Welt ». Son retour du Proche-Orient a été salué, loué. Mais ce retour est aussi un retour à la politique intérieure et avec en arrivant un chiffre de plus de 5 millions de chômeurs. C’est peut-être un hasard. Mais, affirme le journal, ce n’est pas une surprise. Depuis l’an dernier, quand cette même annonce avait scellé le déclin de la coalition rouge-verte, les données n’ont pas changé. Alors on essaie de trouver des raisons hors du commun, un hiver rude, des irrégularités dans les statistiques. Mais ce chiffre est un véritable coup de semonce. Il rappelle à l’ordre tous ceux qui ont cru aux annonces de temps meilleurs, d’une coupe du monde réussie, de consommateurs enthousiastes et d’entrepreneurs forts. A quoi servent toutes ces lueurs d’espoir si pendant ce temps là le marché du travail reste catastrophique ?

C’en est fini des illusions aussi du côté de la « Süddeutsche Zeitung », des illusions de la jeunesse. Franz Müntefering, qui est pour beaucoup l’incarnation de la social-démocratie, Franz Müntefering veut fixer l’âge de la retraite à 67 ans plus vite que prévu. Une annonce qui a déclenché les foudres du SPD et des conservateurs. Et pourtant, pourtant le vice-chancelier est le premier à s’attaquer au problème des Allemands, qui certes travaillent plus longtemps mais de moins en moins. Si le nombre des chômeurs dépasse la barre des 5 millions, c’est parce que ces derniers temps les entreprises ont licencié plus que jamais leurs employés les plus âgés. Comment ? En vantant les avantages de la retraite anticipée selon le principe : les plus âgés toucheront plus longtemps leur allocation chômage que les autres. Oui mais voilà : cette mesure attrayante prend fin dès aujourd’hui 1er février. Tous toucheront cette allocation pendant 18 mois (contre 32 jusqu’à présent) qu’ils soient jeunes ou vieux. Du coup, 30 000 personnes de plus de 45 ans se sont déclarées sans emploi au mois de janvier. Ce sont les conséquences des erreurs des hommes politiques. Il serait plus utile, conclut le journal de Munich, que le gouvernement baisse les charges patronales, et démolisse les barrières mentales et légales qui empêchent aux plus âgés de trouver un emploi. Müntefering pourrait incarner ce changement de façon crédible, et la grande coalition devrait le suivre sur ce chemin.

Plutôt que de vouloir élever l’âge de la retraite, conseille enfin la « Taz », la classe politique devrait songer à supprimer cet âge légal et se pencher sur chaque cas. Celui qui a commencé à travailler à quinze ans ou qui s’est détruit la santé dans des travaux physiques devrait pouvoir partir plus tôt en retraite. A contrario si un scientifique a envie de continuer ses recherches jusqu’à 80 ans, il devrait pouvoir le faire.