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Abandon des subventions au charbon

Anne Le Touzé30 janvier 2007

La houille est un secteur qui fut jadis l'un des fleurons de l’économie allemande, mais qui engloutit chaque année près de deux milliards et demi d’euros d’argent public parce qu’il n’est plus compétitif. L’abandon définitif de la houille allemande est prévu pour 2018, le temps de réorienter les quelques 35.000 personnes qui travaillent encore dans les huit sites d’extraction de la Ruhr et de la Sarre.

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Le crépuscule des dieux de la houille
Le crépuscule des dieux de la houille

On commence par Die Welt, qui salue l’accord passé entre conservateurs et sociaux-démocrates: l’abandon du charbon est nécessaire, et il arrive même trop tard. En cinquante ans, c’est-à-dire depuis le début de la crise du charbon, près de 130 milliards d’euros ont été engloutis dans les mines allemandes. Une somme gigantesque que l’on aurait pu investir dans des universités d’élite sur le modèle de Harvard et Oxford. Mais au lieu de miser sur les technologies du futur, regrette le journal, la CDU et le SPD ont préféré soutenir une branche maladive de l’industrie allemande pour s’assurer les voix de leurs électeurs.

Soulagement, également, du côté de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui dénonce néanmoins le délai prévu pour l’abandon des subventions. Pendant onze ans encore, le contribuable allemand va devoir débourser 30 milliards d’euros pour financer l’extraction de charbon, alors que l’on peut en importer d’Australie pour moitié moins cher. Voilà, déplore le journal, comment on poursuit, en dépit du bon sens, le gaspillage des fonds publics.

La Frankfurter Rundschau est moins catégorique. L’argent (public) n’est qu’une face de la médaille. La récente suspension des livraisons de gaz par la Russie a de nouveau mis en évidence l’importance d’avoir un minimum de sécurité en matière d’approvisionnement énergétique. La République fédérale, faible productrice de matières premières, est déjà très dépendante des importations. L’idée des syndicats, de laisser au moins quelques sites d’extraction, est donc louable. D’autant plus que le prix du charbon a des chances d’augmenter et que les mines allemandes pourraient devenir rentables à long terme.

Même si la Süddeutsche Zeitung ne partage pas cet avis, elle juge raisonnable le délai de fermeture des sites. Mais le journal voit dans l’abandon du secteur houiller surtout une chance pour le SPD de se moderniser. Si au lieu du charbon, les sociaux-démocrates se soucient à l’avenir de l’éducation, des enfants, de la compatibilité entre vie familiale et professionnelle ou encore de la solidité des finances publiques, alors le parti des ouvriers pourrait effectivement devenir un parti populaire moderne. Un parti, conclut le journal, qui serait bien plus dangereux pour les conservateurs que ses traditionnels bataillons de la Ruhr et de la Sarre.

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Le glas n’a pas complètement sonné pour les mines allemandes. Les députés devront en effet se pencher à nouveau sur le sujet en 2012.