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Acquittements dans le procès Mannesmann, le débat sur les hauts salaires relancé

Sandrine Blanchard23 juillet 2004

Acquittement du patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, et de ses co-prévenus dans le procès Mannesmann. Un procès qui défraie la chronique depuis près de six mois. Le jugement tombé hier a relancé le débat sur le contrôle des entreprises et la régulation des salaires des patrons. Un jugement au coeur des commentaires de la presse de ce matin.

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Acquittés: le chef de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, Klaus Esser, l'ex-PDG de Mannesmann (en haut d. g. à d.), et leurs co-prévenus
Acquittés: le chef de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, Klaus Esser, l'ex-PDG de Mannesmann (en haut d. g. à d.), et leurs co-prévenusImage : AP

Petit rappel des faits : six personnalités du monde économique allemand comparaissaient à Düsseldorf depuis janvier dernier, pour avoir profité du rachat du groupe de téléphonie Mannesmann pour s’enrichir personnellement de près de 60 millions d’euros. Le parquet avait requis des peines de prison ferme ou avec sursis pour les a ccusés. Mais le tribunal n’a retenu aucune des charges d’abus de confiance ou de complicité des prévenus.

La tageszeitung n’y va pas avec le dos de la cuiller. Elle publie en Une une photo qui montre une main faisant le V de la victoire et à côté un majeur levé bien haut qui lui répond, sous un titre adressé au patron de la Deustche Bank : « Ackermann, pourvu que t’en crèves ! ». Le journal estime que malgré la relaxe des accusés, le fait qu’il y ait eu procès est, en soi, source de satisfaction. La taz espère que cela servira de leçon aux dirigeants et surtout aux syndicats, qui y réfléchiront désormais peut-être à deux fois avant de voter en faveur des primes et des bonus exorbitants aux patrons dans les conseils d’administration.

Die Welt montre le visage rayonnant des prévenus acquittés. Le journal salue le courage et la performance de la juge, qui a su préserver l’indépendance de la Justice dans ce procès très médiatique et extrémement politisé.

« Une relaxe, c’est une relaxe », écrit la Frankfurter Rundschau, qui reprend une citation du patron de la Deutsche Bank. Cependant, en violant le droit commercial, Josef Ackermann, patron de la Deutsche Bank, et Klaus Esser, ancien PDG de Mannesmann, ont donné une bien piètre image de leurs activités, écrit le journal. Et même relaxés sur le plan juridique, moralement, les prévenus ressortent entachés de ce procès, et avec eux toute la « culture » des entreprises allemandes, comme l’a remarqué la juge. Une formulation que le journal trouve bien polie, étant donné que ça fait longtemps, écrit-il, que dans les entreprises, tout gravite moins autour de la « culture » que du « fric », pour reprendre les termes du quotidien. Et le journal de revenir avec courroux sur le système répandu des stock-options, qui permet aux dirigeants d’une entreprise de s’enrichir proportionnellement à la montée de la valeur en bourse de leurs actions, et le journal revient aussi sur les « parachutes en or », c’est-à-dire les indemnités faramineuses qu’on verse aux patrons... quand on les limoge. Les solutions envisagées par le quotidien pour y mettre un terme sont les suivantes : une taxation plus importante des hauts salaires, plus facile à contourner qu’à mettre en application, un contrôle interne par les actionnaires et les conseils de surveillance, ce qui suppose de faire cesser le népotisme en vigueur dans les entreprises, ou encore, dévoiler tout bonnement les salaires des dirigeants, afin que l’opinion publique décide elle-même de l’attitude à adopter.