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Afropresse à présent, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron31 mars 2006

Taylor – RDCongo

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Arrivée de Taylor à Freetown
Arrivée de Taylor à FreetownImage : AP

C’est tout d’abord l’arrestation au Nigéria de l’ancien président libérien Charles Taylor, qui cette semaine retient l’intérêt des journaux.

Charles Taylor, c’est pour la Süddeutsche Zeitung, le Milosevic de l’Afrique. Le procès contre Taylor devient maintenant possible, écrit le journal, et c’est un immense progrès pour juger au moins quelques-uns des crimes les plus monstrueux commis en Afrique de l’ouest. Taylor a été le premier chef d’Etat africain à avoir été inculpé en 2003 de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La liste des reproches qui lui sont faits est longue. Par ses méthodes criminelles il a poussé la Sierra Leone et le Libéria à la ruine totale. La nouvelle de son arrestation, souligne le journal, met fin à un imbroglio honteux qui aurait presque coûté sa réputation au président nigérian Olusegun Obasanjo. Obasanjo aura eu de la chance, note la Frankfurter Rundschau. Quel camouflet pour le président nigérian, écrit le journal, si, lors de sa visite aux Etats-Unis, il avait dû bredouiller « désolé, mais Charles Taylor nous a filé entre les doigts ». George Bush n’aurait certainement pas été amusé, lui qui souhaite voir le criminel de guerre libérien derrière les barreaux pour la simple raison qu’il avait offert un refuge aux commanditaires des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Et personne, ajoute le journal, n’aurait cru Obasanjo s’il avait affirmé ne pas avoir intentionnellement permis à Taylor de prendre la fuite.

Le projet de mission militaire européenne pour sécuriser les élections en République démocratique du Congo est moins présent, cette semaine, dans la presse allemande, mais il continue malgré tout d’inspirer quelques commentaires.

En voici un, celui de la Frankfurter Rundschau pour qui le débat sur cette opération européenne révèle que la politique allemande se sent culbutée par l’ordre européen d’aller au Congo. La nouvelle « stratégie africaine » de l’UE, proclamée en décembre 2005 est-elle déjà rangée parmi les discours dominicaux, s’interroge le journal. A-t-on oublié que lors de la mise sur pied de la force d’intervention européenne, en 2004. l’accent avait été mis sur les Etats africains fragiles ou en faillite. A l’époque déjà il aurait valu la peine de s’interroger sur le contenu d’une stratégie africaine intelligente – hormis la tenue d’élections présentées comme une panacée et les missions militaires. Certes, la recette à appliquer pour stabiliser les Etats fragiles fait défaut, concède le journal. Mais on ne sait que trop bien ce qui déstabilise de tels Etats. Gouvernants corrompus et chefs de guerre peuvent se nourrir de l’intérêt international porté à l’exploitation des matières premières. Il est plausible de se demander si des intérêts commerciaux internationaux, et si oui lesquels, sont en jeu dans les élections au Congo. La neutralité et la crédibilité de la mission européenne en RDC pourraient rapidement être mises en doute si des luttes de pouvoir éclatent après les élections.

Toujours à propos du Congo je retiens aussi cette semaine un long reportage dans la Tageszeitung de Berlin. Il y est question de faim, de sous-alimentation, de maladies, bref des conséquences de la guerre civile. L’auteur du reportage est allé à l’hôpital de Rutshuru, dans l’est du pays. Un hôpital où échouent principalement des femmes et des enfants. Ils y trouvent un répit temporaire avant d’être renvoyés vers l’inconnu. La photo de deux enfants dénutris illustre l’article. Elle contraste avec celle que la Süddeutsche Zeitung publie à la une dans son édition du 30 mars. Des enfants ghanéens en uniformes scolaires, la mine réjouie, et affublés de lunettes spéciales sont en train de regarder l’éclipse solaire qui on le sait a traversé une partie de l’Afrique de l’ouest mercredi dernier.