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Afropresse à présent, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron20 août 2004

Burundi – Namibie

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Image : AP

Si le Soudan a fait tous ces derniers temps la une de l’actualité, il est relégué cette semaine au second plan par le Burundi. Massacre dans un camp de réfugiés au Burundi, spirale de la violence, violence sans fin – ces quelques titres relevés dans les journaux allemands s’appliquent, vous l’aurez compris, au massacre, dans la nuit du 13 au 14 août, de quelque 160 Banyamulenge congolais, réfugiés dans le camp de Gatumba. Le génocide est définitivement de retour dans la région des Grands Lacs, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui note que les assassins sont des miliciens hutus, et les victimes des tutsis congolais qui avaient fui le Kivu, en RDC, au moment des combats de juin dernier. Le journal choisit le ton de l’ironie amère pour dénoncer la réaction des Nations unies. En paroles, l’ONU s’est comportée de manière irréprochable, elle a qualifié le massacre "d’acte ignoble". Cela impressionnera les tueurs. Et ajoute le journal, c’est presque à pleurer d’émotion lorsque l’opération de l’ONU au Burundi affirme qu’elle n’hésitera pas à jouer son rôle pour protéger les populations. Mieux vaut parfois un silence honteux que des discours inutiles. Pour la Tageszeitung de Berlin, les troupes de l’ONU dans l’Afrique des Grands Lacs sont encore trop peu nombreuses, et trop ignorantes, pour empêcher des massacres. Mais souligne le journal, le renforcement des opérations militaires contre les milices n’est qu’une partie de la solution. Il importe surtout de combattre le racisme et l’exclusion ethnique. Dans l’est du Congo, les Banyamulenge sont livrés à la haine d’autres groupes ethniques dont les milices font maintenant partie de l’armée gouvernementale congolaise et qui, à ce titre, peuvent procéder impunément à des épurations ethniques. La preuve, estime de son côté la Frankfurter Rundschau, qu’aucune paix ne sera possible dans la région des Grands Lacs sans la République démocratique du Congo. Or de vastes territoires de l‘ex-Zaïre restent inaccessibles, coupés du contrôle par Kinshasa et abandonnés à des bandes armées. Le Congo reste un foyer de troubles, poursuit le journal, qui s’inquiète de la possible réaction du Rwanda au massacre de Gatumba. Le Rwanda a une armée puissante, il a même envoyé des soldats au Soudan pour y empêcher des massacres. Kagamé, prédit notre confrère, n’acceptera pas qu’au même moment pratiquement des frères tutsis soient massacrés à sa porte, au Burundi.

La presse allemande revient aussi cette semaine sur la récente visite en Namibie de la ministre allemande de la Coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul. Et c’est avant tout pour commenter les excuses qu’elle a présentées au peuple héréro cent ans après l’écrasement de son soulèvement par les troupes coloniales allemandes. La Süddeutsche Zeitung salue une démarche courageuse, qui renforce à la fois la crédibilité et l’influence de Berlin. Cela pourrait bientôt se révéler utile, estime le journal. Car la Namibie est sur le point de devenir un foyer de crise comme le Zimbabwe. Une réforme agraire, censée transférer des terres de colons blancs à des noirs, alimente aussi des conflits en Namibie. Le gouvernement allemand soutient la réforme, mais uniquement si elle se fait sur la base de ventes volontaires. Il pourrait maintenant être plus facile, pour l’Allemagne, d’influencer cette réforme et d’éviter un deuxième Zimbabwe, ajoute le journal.

Enfin le quotidien Die Welt relève que pendant le premier semestre de cette année, le nombre de demandeurs d’asile africains en Allemagne a diminué. Ils ont été 4 392 à déposer pour la première fois une demande d’asile, contre

5 264 pendant le premier semestre 2003. Cette baisse, note Die Welt, n’empêche pas le ministre de l’intérieur, Otto Schily, de vouloir présenter à l’Union européenne son projet d’ouverture de camps de transit pour réfugiés africains en Afrique du nord. Il a d’ores et déjà le soutien du nouveau commissaire européen à la justice, l’Italien Rocco Buttiglione, qui parle d’une bonne idée. Selon lui, nous apprend Die Welt, des camps d’accueil en Afrique pourraient dissuader les fauteurs de troubles.