1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse à présent, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron22 février 2008

C'est tout d'abord le voyage de George Bush en Afrique qui retient cette semaine l'attention des journaux allemands.

https://p.dw.com/p/DC1F
George Bush en TanzanieImage : AP

Le président américain vient d'effectuer sa deuxième et dernière visite sur le continent africain en sa qualité de chef d'Etat. Il s'est rendu successivement au Bénin, en Tanzanie, au Rwanda, au Ghana et au Libéria. Cinq pays choisis comme lueurs d'espoir sur le "continent noir", écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce voyage vise à fixer l'attention sur ce que les Etats-Unis, sous l'égide d'un président dont l'´héritage sera surtout marqué par le combat contre le terrorisme et la guerre en Irak, ont réalisé en Afrique dans la lutte contre les maladies et la pauvreté. Le bilan, poursuit le journal, est plus qu'honorable, tant de l'avis des experts que de l'opposition démocrate et des Africains eux-mêmes. Selon le très renommé institut américain "Pew Research Centers" qui sonde dans le monde entier les sentiments à l'égard des Etats-Unis, 88% des Ivoiriens par exemple ont une opinion positive de l'Amérique. Ils sont 87% au Kenya et 80% au Ghana. Depuis 2003, date à laquelle le fonds d'urgence du président contre le sida a été créé à Washington, les Etats-Unis ont dépensé 19 milliards de dollars dans une centaine de pays. Sous George Bush, précise encore le journal, l'aide directe au développement de l'Afrique a été multipliée par trois pour atteindre quatre milliards de dollars par an. La Tageszeitung note que le président tanzanien Jakaya Kikwete a reçu du président américain un chèque de 700 millions de dollars en récompense de sa gouvernance exemplaire. De telles initiatives estime le journal, de même que ce voyage de George Bush, sont une offensive de charme pour concurrencer la Chine en Afrique. Celle-ci a marqué des points lundi dernier en décrochant le contrat pour la construction d'une ligne de chemin de fer en Libye. Qui veut des ressources doit parler d'égal à égal avec les gouvernants africains - les Chinois en font la démonstration et la tournée de George Bush dans des démocraties modèles va dans ce sens. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui consacre donc un autre article à ce sujet, le Rwanda aura été l'étape la plus délicate de ce périple. A la différence des autres stations du voyage de Bush, le gouvernement autocratique rwandais ne cadre pas dans le schéma de la démocratie consolidée. Après le génocide les Américains ont apporté un appui généreux à Kagamé. Pour les Etats-Unis le Rwanda a été pendant longtemps un partenaire important en Afrique. Mais Washington a pris entre-temps ses distances vis-à-vis de Kigali. Et cela, souligne le journal, à cause des ingérences permanentes du Rwanda en République démocratique du Congo. A noter aussi que ce voyage de George Bush en Afrique coincide avec une annonce résumée par ce titre de la Süddeutsche Zeitung "Africom reste à Stuttgart". Le quartier général du commandement régional des forces armées américaines pour l'Afrique restera jusqu'à nouvel ordre en Allemagne. Un porte-parole de l'armée américaine, note le journal, a confirmé que la recherche d'une base en Afrique était provisoirement abandonnée. De fait, poursuit le journal, aucun des pays africains disposant d'infrastructures suffisammnent développées n'a voulu jusqu'à présent accueillir le quartier général d'Africom. Le refus le plus cinglant a été opposé par le président nigérian Yar'Adua.

Cap maintenant sur la Corne de l'Afrique avec ce titre relevé dans la Süddeutsche Zeitung: "L'Erythrée brusque les Nations unies". L'histoire de l'Erythrée, écrit le journal, est marquée par la confrontation et la guerre avec le voisin honni, l'Ethiopie, dont l'Erythrée s'est détachée il ya 14 ans. Malgré l'intervention des Nations unies, le risque d'une nouvelle grande guerre entre les deux ennemis héréditaires n'est pas écarté. Le dernier chapitre du conflit, poursuit le journal, tourne surtout autour de l'humiliation de l'ONU par l'Erythrée. Elle est symptomatique des tensions dans la région. La confrontation a atteint le week-end dernier un nouveau paroxysme lorsque les Nations unies ont reproché à l'Erythrée de couper les vivres à la mission de l'ONU déployée le long de la frontière érythréo-éthiopienne. Et les casques bleus ayant réagi à la crise par un repli ,qualifié de provisoire, en Ethiopie, Asmara fait de surcroit obstacle au transport des troupes dans le pays voisin. Pourquoi de telles provocations de la part de l'Erythrée, s'interroge le journal. Les motivations du président Afeworki, sont difficiles à définir . Peut-être veut-il seulement attiser les tensions pour mieux justifier son propre autoritarisme par la menace permanente du grand voisin éthiopien et maintenir l'Erythrée en état de mobilisation générale.

Enfin après la visite, le 11 février dernier, du ministre allemand des affaires étrangères au Togo, la Süddeutsche Zeitung revient sur la renaissance de l'institut Goethe de Lomé. Lors des violences du printemps 2005, il avait été incendié par des partisans du président Faure Gnassingbé. L'Allemagne, précise le journal, a exigé que sa reconstruction soit financée par le gouvernement togolais, bien que le Togo soit près de la faillite. Elle aurait coûté 500 000 euros. Aujourd'hui, selon le directeur de l'institut Goethe, Herwig Kempf, les rapports avec le gouvernement togolais se sont apaisés. L'institut peut fonctionner sans entrave ni censure. L'an dernier, lit-on dans l'article, 1 037 élèves ont appris l'allemand à l'institut Goethe de Lomé. Et l'intérêt pour la langue augmente depuis que l'Allemagne a modifié sa loi sur l'immigration. Les femmes qui veulent suivre leurs maris doivent pouvoir justifier de connaissances de la langue allemande. Raison pour laquelle, note le journal, beaucoup de jeunes femmes se pressent tous les jours, dès 7h00 du matin, aux portes de l'institut. Seules les riches pourtant peuvent se payer des cours. Six heures de cours coûtent 35 euros, une somme avec laquelle beaucoup de Togolais doivent vivre pendant tout un mois.