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Afropresse à présent, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron9 mai 2008

Comme les semaines précédentes, le Zimbabwe occupe une bonne place dans l'actualité africaine vue par les journaux allemands.

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Morgan Tsvangirai, le chef de l'opposition au ZimbabweImage : AP

Après l'annonce de l'organisation d'un second tour pour la présidentielle, la Tageszeitung se fait l'écho des craintes d'une campagne électorale violente. Selon la commission électorale le candidat de l'opposition, Morgan Tsvangirai, a raté la majorité absolue au premier tour. Avec 47,9 % des voix il devra affronter au second tour Robert Mugabe, crédité de 43,2% des voix. L'opposition reste convaincue d'avoir remporté le scrutin et comme le souligne Jonathan Moyo un ancien ministre tombé en disgrâce, cité par le journal, "si Mugabe se présentait contre une mule, c'est la mule qui serait élue, tant les gens veulent qu'il disparaisse". Que l'opposition hésite malgré tout à participer au second tour a une explication, poursuit la TAZ: Mugabe prendra cette fois toutes ses précautions. Il vient de multiplier par cinq les pensions des anciens combattants, ses fidèles partisans issus de la guerre de libération. Plusieurs musiciens et artistes ont éte tabassés, dix journalistes ont été arrêtés depuis les élections, et les rares informations qui filtrent du pays font craindre le pire, note le journal. Dans la vallée du Zambèze, dans le nord du pays, les réfugiés qui ont fui les milices gouvernementales, doivent se cacher la nuit dans les hautes herbes. Robert Mugabe, note de son côté la Frankfurter Rundschau, pourrait encore se perfectionner auprès de son ami équato-guinéen. Le président Theodoro Obiang Nguema a montré une fois de plus comment un autocrate endurci peut remporter des élections sans faire de vagues. Et ce avec une majorité de près de 100%. Les résultats des élections législatives et municipales de dimanche dernier lui accordent plus de 90%. Le journal parle même de Mister 97%. Il est vrai souligne le journal, que jamais encore en Guinée Equatoriale on n'a entendu parler de campagnes électorales équitables. Il n'y a aucun quotidien dans ce petit pays de 600 000 habitants. Les stations de radio et de télévision appartiennent soit à l'Etat soit à la famille du président, vénéré aujourd'hui comme un dieu. Les Equato-Guinéens, poursuit la Frankfurter Rundschau, pourraient avoir une raison d'être reconnaissants à leur maitre. Le revenu moyen par habitant dans le troisième pays producteur de pétrole en Afrique subsaharienne est passé à plus de 44 000 dollars par an, soit plus que pour les Suisses ou les Britanniques. Le problème est qu'une part considérable de cette richesse disparait dans les poches de la famille Obiang alors que selon la Banque mondiale l'écrasante majorité de la population doit survivre avec moins de deux dollars par jour. Qu'une telle situation suscite nettement moins d'intérêt que l'injustice au Zimbabwe tient à une raison toute simple, conclut le journal: les quelque 400 000 barrils de pétrole produits chaque jour en Guinée Equatoriale sont extraits par des sociétés pétrolières occidentales, Exxon Mobil en tête. Et cela fait longtemps qu'elles se sont arrangées avec le champion du monde en matière de résultats électoraux.

Le pétrole africain n'est pas la seule matière première à faire l'effet d'un aimant sur les occidentaux, mais aussi et surtout sur la Chine. Laquelle joue un rôle clef dans les investissements sur le continent africain, lit-on dans le Financial Times Deutschland. Il est vrai, note le journal, que selon les estimations l'Afrique regorge de richesses: 60% des réserves mondiales de diamants, dont plus d'un quart dans la seule République démocratique du Congo, 50% des réserves de cobalt et près de 90% du platine, ce métal précieux tant convoité. Ce boom des matières premières se répercute sur les places boursières africaines. Et cette fois-ci l'Afrique du sud n'est pas la seule à en profiter. Au Nigéria les cours des actions ont grimpé de 20% en l'espace d'un an. En Egypte les cours de l'indice boursier ont augmenté dans le même temps de 50%. Le journal ne s'étonne donc pas que les grands fonds d'investissement ont entre-temps découvert l'Afrique, les pionniers en la matière ayant été les Britanniques de Charlemagne Capital. Cela dit si les cours de la bourse s'envolent au Nigéria la Tageszeitung nous rappelle qu'à Lagos le prix du riz a triplé depuis l'an dernier. S'il n'y a pas encore eu d'émeutes contre la vie chère au Nigéria, écrit le journal, c'est peut-être parce que le pays produit lui-même beaucoup de denrées de base, par exemple du manioc. Depuis cette semaine toutefois les boulangers de Lagos sont en grève pour protester contre le prix élevé de la farine. La Tageszeitung revient ensuite sur les manifestations qui, ces derniers temps, ont eu lieu un peu partout en Afrique de l'ouest. Notamment en Côte d'Ivoire et au Sénégal. La flambée des prix alimentaires a pris de court les gouvernements ouest-africains, poursuit la Tageszeitung. Ils avaient misé sur un autre scénario. La culture de produits d'exportation devait être une source de devises. Au Libéria les paysans plantent du caoutchouc, en Côte d'Ivoire du café et du cacao. Au Mali, au Burkina Faso et au Bénin ils misent sur le coton. Or les cours mondiaux de tous ces produits ont chuté, ou fluctuent fortement. Même si en Afrique de l'ouest, souligne la Tageszeitung, beaucoup de familles paysannes ont encore leur potager, cette économie de subsistance ne permet pas d'approvisionner la population des villes.