1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allema

Marie-Ange Pioerron6 mars 2006

Afrique du sud – Grands Lacs – Afrique/Emigration

https://p.dw.com/p/C75J

Alors que l’ANC remporte largement les élections municipales de mercredi dernier en Afrique du sud, la presse allemande fait état d’un mécontentement grandissant, dans la population noire sud-africaine, à l’égard de l’ancien mouvement de libération. Exemple dans le township, la cité noire, de Khutsong, à l’ouest de Johannesburg. La Frankfurter Rundschau relate les affrontements qui ont opposé la police et les habitants de Khutsong avant ces élections. Plus encore, écrit le journal, le mécontement semble avoir gagné des communes et des villes entières. Parmi les mécontents : des habitants de bidonvilles, des chômeurs, des paysans sans terre auxquels on avait promis respectivement des maisons, du travail et des champs. Ces dernières années beaucoup de conseillers municipaux ont été plus occupés à se choisir des voitures de fonction de plus en spacieuses qu’à construire ou entretenir des écoles, des hôpitaux et des routes. Mais, souligne le journal, les plus pauvres des pauvres continuent de croire en l’ANC. Comme le résume le politologue sud-africain Steven Friedmann, cité dans l’article, ceux qui peuvent se le permettre sont mécontents, ceux qui sont au fond du trou s’accrochent à l’espoir.

Et puis cette semaine la région des Grands Lacs occupe une place de choix dans l’hebdomadaire Der Spiegel.

Tout d’abord avec une interview du président rwandais Paul Kagamé qui ne cache pas la méfiance, pour ne pas dire le mépris, que lui inspirent les Nations unies. Les soldats de l’ONU en République démocratique du Congo, souligne par exemple Paul Kagamé, sont utiles jusqu’à un certain point. Mais leur mission exige des ressources gigantesques comparées aux maigres résultats de leur travail. Je ne comprends pas que les occidentaux acceptent de dépenser des millions de dollars sans réclamer des résultats. Le président rwandais s’exprime également dans cette interview sur la réconciliation dans son pays, « un processus de longue haleine », dit-il, ou encore sur la condamnation à 15 ans de prison de l’ancien président Pasteur Bizimungu, une peine triplement justifiée à ses yeux : à l’époque des faits Bizimungu a violé la loi interdisant la création de partis politiques, il a dressé les Hutus contre les Tutsis et on a de surcroît trouvé chez lui de l’argent acquis illégalement. A noter aussi, dans le même numéro du Spiegel, un reportage sur la RDC d’où il ressort que la guerre continue dans l’est du pays, et que les élections prévues pour le 18 juin sont une entreprise à hauts risques.

Enfin l’émotion suscitée il y a quelques mois par le drame des réfugiés de Ceuta et Melilla est entre-temps retombée. Mais la presse allemande constate que les Africains sont toujours aussi nombreux à tenter de franchir le Sahara pour gagner les enclaves espagnoles dans le nord du Maroc.

L’émigration vers l’Europe fait toujours autant rêver. La Süddeutsche Zeitung en a eu la preuve à Gao, dans le nord du Mali. Gao qui reste le point de ralliement des nombreux Subsahariens – Camerounais, Nigérians, Ghanéens, Congolais – prêts à tout risquer dans l’espoir d’une nouvelle vie. Plus que de réfugiés, écrit le journal, il serait plus juste de parler d’émigrants. On ne trouve à Gao personne qui dans son pays crève de faim ou souffre de persécutions politiques. Ils ont tous entre 20 et 40 ans, ce sont pour la plupart des hommes, instruits et hautement motivés. Exemple Serge Kouatchou, un Camerounais qui a déjà fait dix fois la traversée du Sahara. Cinq fois en direction du nord, le cœur rempli d’espoir, cinq fois en direction du sud après avoir été refoulé.