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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande. Sida - RDC/CPI

Marie-Ange Pioerron29 septembre 2003
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Cette semaine la ville de Nairobi a accueilli la 13ème conférence internationale sur le sida et les maladies sexuellement transmissibles en Afrique. L'un des grands thèmes de discussion en a été l'accès à des traitements efficaces pour les malades du sida. Mais comme le souligne la presse allemande, les thérapies sont encore trop coûteuses. La Tagezeitung de Berlin par exemple relève qu'au Kenya 7 000 personnes seulement, sur 2,2 millions de séropositifs et de malades, reçoivent des médicaments anti-sida pour 40 dollars par mois. Lors d'un récente conférence sur le sida tenue au Rwanda, poursuit notre confrère, on s'est félicité de ce que le coût d'une thérapie anti-rétrovirale soit passé de 700 à 35 dollars par an entre 1999 et 2002, mais même ce coût réduit reste trop élevé pour les systèmes de santé. Pour que plus d'Africains puissent bénéficier de traitements contre le sida, il faut, souligne le journal, que l'Afrique réduise sa dépendance par rapport aux médicaments importés. Même les génériques, des copies moins chères de médicaments brevetés, qui sont notamment livrés à l'Afrique par le Brésil et l'Inde, restent encore trop coûteux pour le marché africain. A long terme l'espoir est que l'Afrique produise elle-même ses médicaments contre le sida.

Un autre événement donne lieu cette semaine à de nombreux articles dans la presse allemande. Il concerne l'Afrique, mais s'est déroulé en Europe. A La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé qu'il voulait enquêter sur l'implication d'entreprises de 29 pays dans les crimes de guerre commis en République démocratique du Congo. La Süddeutsche Zeitung rappelle qu'en juillet Luis Moreno Ocampo avait déjà laissé entendre qu'il ferait du Congo le premier dossier de la nouvelle Cour pénale internationale. Le dossier le plus grave à ses yeux depuis la seconde guerre mondiale, avec plus de 3 millions de morts dans le conflit congolais. La Cour, note le journal, en est encore à collecter des preuves, pour pouvoir ouvrir une procédure contre des inculpés individuels, comme des chefs de guerre, des hommes politiques et des généraux. Mais elle entend aussi examiner dans quelle mesure des entreprises étrangères, par l'achat de diamants dits du sang et d'autres ressources naturelles, de même que par la livraison d'armes, ont eu une part de culpabilité dans le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité au Congo. Parmi ces firmes, note la Tageszeitung, figurent des entreprises allemandes, à commencer par une filiale de Bayer, la firme Starck, qui a été à un moment le principal acheteur de coltane congolais, une matière première utilisée dans la fabrication de téléphones portables.

Enfin la presse allemande revient sur un thème récurrent en Afrique, particulièrement dans le Sahel : ce sont les conflits de terres entre éleveurs et paysans. La Tageszeitung prend l'exemple du Tchad, où ces conflits prennent une tournure de plus en plus sanglante depuis la grande sécheresse des années 70. Des nomades du nord désertique du pays ont migré vers le sud fertile, ils se sont installés à l'extérieur des villages et ont envoyé leur bétail paître dans les champs. Les troupeaux ont vite grossi, ils avaient beaucoup à manger. Seulement voilà, poursuit le journal, au bout d'un certain temps il est devenu évident qu'il n'y avait pas suffisamment de place pour tout le monde : les pasteurs et les paysans. Les guerres du Tchad et la prolifération d'armes à feu modernes ont attisé le conflit. Sans compter que la présence permanente, depuis les années 80, de soldats du nord dans le sud du Tchad, a donné aux bergers - des musulmans - un sentiment de supériorité sur les paysans. Des comités de médiation ont bien été mis en place, note le journal, mais dans la réalité ils fonctionnent rarement.