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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron26 octobre 2007

RDC – Prix Mo Ibrahim – Eglise anglicane

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Civils en fuite près de Goma
Civils en fuite près de GomaImage : AP

Nous commençons ce tour d’horizon par les récentes révélations que publient cette semaine les journaux à propos des violences inouies commises au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.

La Tageszeitung tout d’abord se fait l’écho du rapport de Human Rights Watch. Sous le titre "Aucune protection pour les civils dans la guerre du Congo", le journal reprend le récit anonyme d’une femme du village de Buramba, qui relate le passage d’un bataillon de soldats de Laurent Nkunda, le 10 mai 2007, lorsque ces soldats donc faisaient encore partie de l’armée gouvernementale au sein de la "Brigade Bravo". Bilan: 13 personnes tuées, des Hutus que les soldats de Nkunda considéraient comme des collaborateurs de milices hutues. Bien avant donc l’éclatement de la nouvelle guerre entre forces gouvernementales et partisans de Laurent Nkunda, la violence faisait partie du quotidien au Nord-Kivu, note le journal. Les organisations humanitaires et les Nations unies sonnent l’alarme, écrit de son côté le quotidien Die Welt à propos des violences actuelles: massacres, viols, mutilations. Le journal s’est entretenu avec John Holmes, sous-secrétaire général de l’ONU pour les affaires humanitaires. Il a visité récemment l’hôpital Panzi de Bukavu, où il a parlé avec des médecins et des patientes. Le viol comme arme de guerre, souligne John Holmes, a déjà été utilisé dans d’autres conflits, par exemple au Kosovo. Mais la situation en République démocratique du Congo est différente. "L’ordre de grandeur et la brutalité dépassent l’imagination humaine." Massacres, esclavage sexuel et violences contre des civils – c’est également ce qui figure dans l’acte d’inculpation de la Cour pénale internationale contre un ancien chef de milice de l’Ituri, Germain Katanga, transféré la semaine dernière à La Haye, au siège de la CPI. Avant lui, le chef d’une milice rivale de l’Ituri, Thomas Lubanga, a été en 2006 le tout premier prisonnier de la CPI. Mais note la Tageszeitung, les deux hommes ont eu un destin bien différent. De décembre 2004 à mars 2005, Germain Katanga a été général dans l’armée gouvernementale congolaise, avant d’être arrêté le 25 février 2005 en liaison avec l’assassinat en Ituri de neuf casques bleus orginaires du Bangladesh. L’un de ses ex-alliés les plus proches, Mbusa Nyamwisi, est aujourd’hui ministre des affaires étrangères du Congo.

La presse allemande revient aussi cette semaine sur le scandale provoqué à la mi-octobre par les propos racistes d’un prix Nobel de médecine. En l’occurence le Dr. James Watson, qui avait reçu le prix Nobel de médecine en 1962 comme co-découvreur de la structure de l’ADN. Cet Américain, écrit Die Welt, était connu depuis longtemps pour ses thèses provocatrices. Dans un entretien avec le "Sunday Times" il vient de faire des commentaires répugnants sur l’un des thèmes scientifiques les plus sensibles, à savoir la relation entre gènes, race et intelligence. En résumé le Dr. Watson estime que les Africains ne sont pas aussi intelligents que les blancs. Il a entre-temps présenté ses excuses, note Die Welt, mais l’indignation perdure. Car lui-même a reconnu dans son interview au Sunday Times que les gènes responsables des différences dans l’intelligence humaine n’étaient toujours pas décryptés.

Et puis quelques articles aussi cette semaine dans la presse allemande, sur l’attribution, lundi dernier, du prix Mo Ibrahim. Ce prix de la bonne gouvernance en Afrique est décerné cette année pour la première fois. Le lauréat est l’ancien président mozambicain Joachim Chissano.

Son parcours politique depuis la lutte de libération contre la colonisation portugaise nous est rappelé par la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui note que le prix Mo Ibrahim est d’ores et déjà qualifié de prix Nobel pour l’Afrique. Le journal nous rappelle aussi que Mo Ibrahim a donné le coup d’envoi au boom du marché de la téléphonie mobile en Afrique. C’est lui qui en 1998 a créé la société Celtel, une firme présente aujourd’hui dans 15 pays africains et qui emploie 5 000 personnes. La Frankfurter Rundschau souligne que le prix Mo Ibrahim est le prix le plus richement doté au monde: 5 millions de dollars, étalés sur dix ans, et suivis d’une rente annuelle de 200 000 dollars. Le milliardaire Mo Ibrahim veut ainsi sauver des chefs d’Etat africains modèles de la chute dans la misère. Mais note le journal: si l’initiative a été saluée par Nelson Mandela et l’ex-président américain Bill Clinton, les experts du développement sont sceptiques. Car pourquoi récompenser une pratique – la bonne gouvernance – qui devrait être au fond la chose la plus normale du monde. Sans compter que le premier lauréat de ce prix n’est pas incontesté, estime notre confrère: Joachim Chissano serait intervenu de facon tout à fait contraire au droit lorsque son fils Nyimpine était sur le point d’être inculpé de crimes économiques et complicité de meurtre. L’inculpation a finalement été abandonnée.

Enfin un hebdomadaire allemand s’intéresse à l’alliance entre évêques conservateurs de l’église anglicane d’Afrique et fondamentalistes américains. Le Spiegel prend l’exemple du révérend Martyn Minns, l’un des ecclésiastiques les plus performants de l’Etat, ultra protestant, de Virginie. Minns est allé prêcher à Lagos, au Nigéria. Mais souligne le Spiegel, il a également pris contact avec Peter Akinola, archevêque du Nigéria et archevêque le plus puissant de l’église anglicane d’Afrique puisqu’il préside la conférence épiscopale anglicane africaine. Peter Akinola, lit-on encore dans l’article, pense que son église est possédée par Satan depuis qu’un prêtre homosexuel a été sacré évêque aux Etats-Unis. En mai dernier il a nommé son ami Martyn Minns évêque missionnaire du Nigéria. Au nom de l’église anglicane nigérianne il doit prêcher la bonne parole africaine chez les occidentaux. Une nouveauté historique, souligne le Spiegel. Cent ans après l’arrivée des premiers missionnaires au Nigéria, l’Afrique envoie son premier missionnaire africain en occident.