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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron21 septembre 2007

Sierra Leone – RDC – Zimbabwe

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Des Sierra-Leonais devant un bureau de vote
Des Sierra-Leonais devant un bureau de voteImage : AP

C’est tout d’abord le résultat de l’élection présidentielle en Sierra Leone qui retient cette semaine l’intérêt des journaux.

Une élection remportée donc par le candidat de l’opposition, Ernest Koroma avec 54% des voix face au vice-président sortant Solomon Berewa. Alternance en Sierra Leone, titre la Süddeutsche Zeitung, la Sierra Leone qui en dépit de ses richesses en matières premières est le deuxième pays le plus pauvre du monde. Les deux-tiers de sa population en âge de travailler sont au chômage. Parmi ces chômeurs, beaucoup d’anciens enfants soldats qui ont combattu pendant la guerre civile, de 1991 à 2002. Tous les partis politiques, poursuit le journal, ont promis pendant la campagne électorale de promouvoir l’économie et de combattre la corruption. A cet égard les électeurs font apparemment plus confiance à l’APC, le parti de Koroma, qu’au SLPP, l’ex-parti au pouvoir, lequel a été impliqué ces derniers temps dans des affaires de corruption. Du côté de l’APC, les années à scandales remontent plus loin dans le temps. Avant la guerre l’APC avait fait de la Sierra Leone un Etat à parti unique et n’avait pas précisément été tendre avec l’opposition. Aux yeux de la Tageszeitung la victoire d’Ernest Koroma marque un étonnant retour pour un parti qui a longtemps érigé la Sierra Leone en une dictature corrompue. Mais dans les années 80, le SLPP a plongé le pays dans une crise économique encore plus grave et dans l’une des guerres civiles les plus atroces qu’ait connues l’Afrique. La Frankfurter Rundschau se félicite du bon déroulement du scrutin. Beaucoup d’élections en Afrique ne méritent pas leur nom, écrit le journal. Tel n’est pas le cas pour celles qui viennent d’avoir lieu en Sierra Leone. Même si dans l’ancien pays des diamants de sang les opérations de vote n’ont pas été aussi pures que lors d’un référendum en Suisse. Ces élections, souligne le journal, sont donc à considérer comme un triomphe dans l’établissement de règles de jeu démocratiques en Afrique.

La presse allemande revient aussi cette semaine sur les violences dans l’est de la République démocratique du Congo. La Süddeutsche Zeitung nous propose un reportage sur la fuite éperdue des civils, qui fuient la localité de Saké, dans le Nord-Kivu, en direction de Goma. La ligne de front passe tout près. Fin août de violents combats y ont éclaté entre l’armée gouvernementale congolaise et les hommes de l’ex-général Laurent Nkunda. Des soldats avancent dans le sens inverse, écrit le journal. Ils portent des uniformes verts et font partie de l’armée régulière. Mais l’impression qu’ils donnent est tout sauf ordonnée. Les uns vont au front à bicyclette, les autres sur des motos pétaradantes. Un an après des élections qui devaient inaugurer une ère de paix au Congo, le Nord-Kivu vit une nouvelle flamblée de violence, souligne le journal. Ailleurs au Congo la situation s’est peut-être apaisée. Dans l’est du pays il en va différemment. Beaucoup de problèmes ne sont pas réglés. Et comme l’Etat congolais ne peut ou ne veut protéger ses citoyens dans cette région, les milices continuent d’y sévir. La méfiance est grande, note un peu plus loin le journal, entre le gouvernement de Kinshasa et Laurent Nkunda. Le président Kabila est décidé à soumettre de force le général renégat. Mais des experts militaires occidentaux doutent que l’armée de Kabila soit capable de battre Nkunda.

Et puis tandis que la polémique enfle à propos de la participation ou non de Robert Mugabe au prochain sommet euro-africain, la presse allemande évoque à nouveau la situation au Zimbabwe.

A lire tout d’abord dans Die Welt un article sur ce que ce quotidien appelle le plus grand mouvement de la société civile du pays, le WOZA, acronyme de "Women of Zimbabwe Arise", en français "Femmes du Zimbabwe levez-vous". 55 000 ont déjà répondu à cet appel et au grand dépit du gouvernement, ajoute Die Welt, les rangs du mouvement ne cessent de gonfler. Tous les mois, relate le journal, un millier de femmes du WOZA descendent dans la rue sans prévenir pour crier des slogans hostiles à Mugabe. Lorsqu’elles sont arrêtées, elles chantent dans leurs cellules. Une façon de montrer à des policiers mal payés que eux aussi sont des victimes du régime. Bref, des femmes qui n’ont pas froid aux yeux et selon Die Welt cette nouvelle audace est une menace sérieuse pour Robert Mugabe. La Tageszeitung se penche quant à elle sur les amendements constitutionnels débattus au parlement zimbabwéen. S’ils sont adoptés (et entre-temps ils l’ont été), les députés pourront élire un successeur à Robert Mugabe si le dictateur meurt ou démissionne avant la fin de son mandat. Dans la constitution actuelle, le vice-président expédie les affaires courantes pendant trois mois, puis de nouvelles élections sont convoquées. Autre changement prévu: l’organisation simultanée, pour la première fois en 2008, de l’élection présidentielle et des élections législatives. Ces amendements, précise le journal, sont le fruit d’un compromis entre le pouvoir et l’opposition. Jusqu’à présent, cette dernière avait toujours réclamé une refonte totale de la constitution. Mais selon Nelson Chamisa, porte-parole du MDC, le compromis est acceptable dans la mesure où il inaugure un processus qui débouchera sur un nouveau système. Pour le journal il est toutefois permis d’en douter, le nouveau projet de constitution donnant aussi à Robert Mugabe la possibilité de faire passer le nombre de sénateurs de 66 à 84, et celui des députés de 150 à 210.

Enfin beaucoup de photos et d’articles cette semaine dans la presse allemande sur les inondations en Afrique. 18 pays au total, sinon 20, sont touchés, de l’Ethiopie à l’est à la Mauritanie à l’ouest. L’Afrique sombre dans l’eau et la boue, écrit la Frankfurter Rundschau qui évoque plus particulièrement la situation dans le nord de l’Ouganda. Les plus touchés, note le journal, sont ceux qui après la fin de la guerre civile dans la région de Lira ont pu enfin revenir dans leurs villages. Ils ont vécu auparavant dans des camps de déplacés, désoeuvrés et désemparés dans l’attente de la fin des hostilités. A présent ils ont perdu leurs premières semences de maïs et d‘autres céréales.