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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron14 septembre 2007

RDC – Afrique du sud – Zimbabwe – Maroc

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Cette semaine encore la situation dans l’est de la République démocratique du Congo préoccupe les journaux allemands.

Il faut dire qu’elle est loin de se stabiliser, même si, ces derniers jours le cessez-le-feu conclu entre l’armée gouvernementale et les partisans du général dissident Laurent Nkunda a semblé respecté. La Tageszeitung note que chacun des deux camps est en train de rassembler des alliés: Kabila a manifestement gagné l’appui de l’Ouganda, en plus de celui de l’Angola alors que le Rwanda prend de plus en plus parti pour Nkunda, écrit le journal. Les rumeurs sur une prochaine confrontation entre l’Ouganda et le Rwanda dans l’est du Congo vont bon train, ajoute notre confrère, tandis qu’à Kinshasa l’Etat congolais a une crainte panique de voir la rébellion de Laurent Nkunda s’étendre à d’autres régions du pays. Cinq espions présumés du général rebelle ont été arrêtés à Kisangani, neuf putschistes présumés ont été interpellés à Bukavu. La dernière guerre entre le gouvernement congolais et les rebelles de Laurent Nkunda, fin 2006 s’était terminée par un accord de paix négocié par le Rwanda, rappelle le journal. Mais la guerre actuelle puise précisément ses racines dans l’éclatement de cet accord. La destruction des femmes du Kivu, titre de son côté la Süddeutsche Zeitung, qui revient, dans un long article, sur les violences inouies, et systématiques, perpétrées par les milices. Il est question dans ce reportage de milliers de femmes, violées et mutilées, toutes victimes d’une stratégie perfide destinée à terroriser l’est du Congo. Le journal nous ouvre les portes de la clinique pour femmes de Bukavu, un voyage à travers les atrocités de la guerre. La clinique accueille tous les mois 350 femmes, présentant les pires blessures physiques et psychiques, et toutes victimes donc d’une guerre que l’on dit finie depuis longtemps.

La presse allemande tourne aussi ses regards cette semaine vers l’Afrique du sud. Plus précisément vers la ville du Cap où la principale dirigeante de l’opposition a été interpellée dimanche dernier. Helen Zille, qui est maire du Cap et présidente de l’Alliance démocratique, avait participé auparavant à une manifestation contre le trafic de drogue. Avec d’autres manifestants, elle a été arrêtée pour rassemblement illégal puis remise en liberté mais elle n‘est pas quitte pour autant avec la justice. Helen Zille, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, dirige avec une majorité de deux voix seulement l’une des villes les plus attrayantes du monde. Il serait difficile d’affirmer que tout le monde l’aime. Dans la cité noire de Khayelitsha il est déjà arrivé que des chaises soient lancées contre elles. Mais poursuit le journal, l’antipathie vouée par certains à Helen Zille n’est assurément pas dirigée contre sa personne. Les puissants reprochent bien plutôt à cette dirigeante de l’opposition d’avoir conquis une charge publique importante. En Afrique du sud l’ANC occupe pratiquement tous les postes politiques. Qu’il ait perdu aux élections municipales de 2006 la mairie du Cap est un affront que l’ancien mouvement de libération a du mal à digérer.

Toujours dans l’actualité de l’Afrique australe, la presse évoque la démission de l’archevêque de Bulawayo, au Zimbabwe. Pius Ncube a démissionné de son poste après avoir été accusé d’adultère, mais souligne la Tageszeitung, il continuera d’élever sa voix contre le régime de Robert Mugabe. Dans le passé il n’a pas hésité à qualifier Mugabe de monstre et même, contrairement à l’enseignement chrétien, à prier pour sa mort. Pius Ncube, poursuit le journal, ne peut lui pardonner. Bien avant la terreur d’aujourd’hui, il a vécu comme jeune prêtre les atrocités ordonnées par Mugabe contre ses adversaires politiques dans le Matabeleland. Le massacre des Ndebele, qui s’étaient rebellés dans les années 80 contre la politique de Mugabe, a creusé dans la société zimbabwéenne un fossé qui n’est toujours pas refermé, ajoute la Tageszeitung. Pius Ncube donc ne veut pas se taire. Il s’exprime d’ailleurs cette semaine dans les colonnes de Die Welt pour dénoncer un "gouvernement diabolique."

Enfin à l’autre bout du continent, les élections législatives du 7 septembre au Maroc suscitent bien sûr des réactions dans la presse allemande.Tous les journaux ne manquent pas de relever que le taux de participation électorale, 37% seulement, n’avait jamais été aussi faible. Die Welt y voit un rejet par les Marocains de leur système politique autoritaire, rejet aussi de la corruption et de la pauvreté. Une participation aussi faible, poursuit Die Welt, n’a rien d’étonnant. Le parlement comme le gouvernement n’ont rien à dire. Toutes les décisions importantes sont prises au palais royal. L’ensemble de la presse constate aussi que contrairement aux pronostics les islamistes du PJD, le Parti de la Justice et du Développement, ne sont pas arrivés premiers, mais deuxièmes seulement derrière l’Istiqlal. La Süddeutsche Zeitung note que dans le traitement de l’islam politique, le Maroc et l’Algérie fournissent des leçons antagonistes. Dans le royaume de Mohamed VI, les islamistes modérés du PJD sortent renforcés des élections législatives. Dans l’Algérie voisine le terrorisme islamiste, que l’on croyait mort, atteint de nouveaux paroxysmes. Ni son éradication tentée par les généraux ni les offres de réconciliation du président Bouteflika ne sont venues à bout du problème. Le Maroc aussi, concède le journal, connait parfois de sanglants attentats. Mais la soupape que Mohamed VI a aménagée au courant islamiste en autorisant un parti comme le PJD a empêché jusqu’à présent tout excès de pression révolutionnaire.