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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron31 août 2007

Darfour/Tchad/RCA – Afrique du sud – Nigéria

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Nous commençons une fois de plus par le conflit du Darfour. Plus exactement par ses répercussions sur les pays voisins. En début de semaine le conseil de sécurité des Nations unies a exprimé son appui à l’idée de déployer une force mixte, ONU-Union européenne, dans l’est du Tchad et le nord-est de la République Centrafricaine.

Un projet que la Tageszeitung de Berlin résume par le titre suivant: L’Europe sur le front du Darfour. Prochainement, écrit le journal, des soldats de l’Union européenne seront envoyés dans l’une des régions les plus inhospitalières de la planète pour y endiguer l’un des conflits les plus brutaux du monde. Ces 3 000 soldats européens fourniront officiellement la composante militaire d’une force de l’ONU. Mais souligne le journal, beaucoup de questions sont encore sans réponse. La force européenne, qui sera déployée dans une zone d’opération immense, aura pour mission de garantir la sécurité comme préalable à une présence policière – une périphrase pour signifier que cette région échappe à toute autorité étatique, ajoute notre confrère. L’insécurité de la région se nourrit principalement du fait que des milices, des rebelles et la population peuvent franchir sans problème des frontières qui ne sont pas marquées entre les trois pays. Mais la protection des frontières a été expressément exclue du projet avalisé par l’ONU. Il faut donc s’attendre, estime la TAZ, à des atterrissages très médiatiques d’hélicoptères dans des villages dévastés auparavant par des milices ou des vols en rase-mottes au dessus de bases présumées de rebelles. C’est en gros ce que fait déjà l’armée française sur place et la mission européenne utilisera aussi les infrastructures françaises existantes. En revanche, note plus loin le journal, on ignore encore qui participera à cette force militaire européenne. Outre la France, la Pologne est pour l’instant le seul pays qui se dise prêt à envoyer des soldats. Officiellement l’Allemagne est entièrement contre.

Après l’ouest du Soudan et les retombées du conflit du Darfour sur les pays voisins, la presse allemande s’inquiète aussi des conséquences des inondations dans l’est du Soudan. Le désespoir grandit, écrit la Süddeutsche Zeitung. Les masses d’eau emportent les routes. Des champs et des villages sont dévastés. La nourriture se fait rare et les secours ne peuvent bien souvent être distribués que par la voie des airs. 410 000 personnes sont directement concernées, des dizaines sont déjà mortes et des dizaines de milliers d’autres ont tout perdu. L’aide supplémentaire demandée par les Nations unies, poursuit le journal, doit servir principalement à purifier l’eau, et donc à endiguer le risque de choléra. L’est du Soudan, note aussi notre confrère, est une région dans laquelle des millions de personnes doivent déjà se battre, en temps ordinaire, pour survivre. Beaucoup d’habitants y souffrent depuis longtemps de malnutrition. Dans certains endroits l’état sanitaire des enfants de moins de cinq ans était même pire qu’au Darfour ces dernières années. Et avec la persistance des pluies la situation risque encore de s’aggraver dans les semaines qui suivent.

Ailleurs en Afrique la presse allemande s’intéresse aussi aux récentes révélations d’un hebdomadaire sud-africain sur la très controversée ministre sud-africaine de la santé.

Cela fait des années, peut-on lire dans la Frankfurter Rundschau, que les militants anti-sida et l’opposition réclament son limogeage. Mais du haut de son 1,50 mètre, Mantombaza Tschabalala-Msimang tient tête au feu croisé. Il y a longtemps déjà que les médias ne l’appellent plus que par son surnom de "Docteur betterave", la ministre accordant à cette plante une plus grande efficacité contre le virus du sida qu‘aux produits de l’industrie pharmaceutique. Or poursuit le journal, voilà que l’hebdomadaire Sunday Times a révélé qu’à l’époque de son exil au Botswana la ministre a été condamnée pour vol. Elle aurait volé des chaussures et des montres-bracelets à des patients sous anesthésie. Des reproches qui ne sont d’ailleurs pas contestés par l’intéressée, laquelle parle d’une vieille et longue histoire. Et si la ministre, note le journal, a quand même porté plainte contre le Sunday Times, ce n’est pas parce qu’il a menti mais parce qu’il a utilisé des dossiers médicaux confidentiels. Le même journal a en effet dévoilé que la ministre était aussi alcoolique et qu’au début de cette année elle avait indûment bénéficié d’une greffe du foie. Les organes fournis par des donneurs étant très rares, la règle veut en effet qu’ils ne soient transplantés sur des alcooliques que si ces derniers observent auparavant une abstinence d’au moins six mois. Mais une exception a été faite pour la ministre. Il faut dire, précise le journal, que Mme Tshabalala-Msimang n’est pas seulement ministre de la santé. C’est aussi l’épouse du trésorier de l’ANC, le parti au pouvoir, et l’une des plus proches conseillères du président Thabo Mbeki.

Enfin la presse se fait l’écho de la violence ininterrompue dans le delta du Niger, donc dans le sud pétrolier du Nigéria La Tageszeitung parle même de guerre ouverte à Port-Harcourt, la principale ville de la région pétrolifère, et note que la métropole du pétrole vire à la métropole du chaos. Malgré la présence massive de l’armée, la violence s’amplifie. Ce qui avait commencé comme une révolte contre la production pétrolière s’est transformé en une guerre incontrôlée entre bandes armées. La violence à Port-Harcourt, souligne le journal, est le premier grand baptême du feu pour le nouveau président nigérian Yar’Adua. Après sa victoire contestée en avril dernier, il avait fait de l’arrêt des violences dans le sud une priorité. Il avait tâté le terrain en direction des rebelles qui ne cessent de paralyser la production pétrolière et avait libéré de prison leur principal leader, Mujahid Dokubo-Asari. Mais depuis, ajoute le journal, la violence a bien plutôt empiré et elle n’a plus rien à voir avec l’objectif initial de la rébellion, à savoir l’obtention d’une plus grande autonomie.