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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron24 août 2007

SADC – Somalie – Soudan

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Le président Robert Mugabe
Le président Robert MugabeImage : AP

Cette semaine les journaux reviennent tout d’abord sur le récent sommet de la communauté de développement de l’Afrique australe, la SADC, qui s’est tenu à Lusaka en Zambie. Et s’ils évoquent ce sommet, c’est avant tout pour critiquer l’attitude des chefs d’Etat et de gouvernement de la SADC vis-à-vis du président zimbabwéen. L’Afrique australe protège Mugabe, titre le quotidien Die Welt. Alors que ce dernier était absent à la fin du sommet, ses homologues se sont abstenus de toute critique à son égard. Ils ont bien plutôt adopté un plan de sauvetage économique qui selon le président sud-africain Thabo Mbeki n’est pas lié à des réformes politiques au Zimbabwe. Même son de cloche dans la Tageszeitung de Berlin qui écrit que les chefs d’Etat réunis à Lusaka n’ont à aucun moment critiqué la politique dictatoriale de Robert Mugabe, au contraire. Selon le président zambien Levy Mwanawasa, les problèmes du Zimbabwe sont exagérés. Auparavant, rappelle le journal, le même président Mwanawasa avait comparé le Zimbabwe à un "Titanic en détresse". Mais il a par la suite minimisé la catastrophe.

Que peut bien avoir ce Robert Mugabe, s’interroge de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour que tous les autres responsables politiques africains semblent avoir peur de lui? Le problème avec Mugabe, estime le journal, est qu’il est aimé. Et il est aimé parce qu’il ose tenir tête aux blancs. De telles méthodes plaisent aux élites noires empreintes d’un fort complexe d’infériorité et adeptes de la théorie du complot. Elles confirment en effet l’Afrique dans son rôle favori: celui de la victime.

En Somalie la conférence de réconciliation nationale, entamée à la mi-juillet, se poursuit sans déboucher pour l’instant sur le moindre résultat concret. La violence et le chaos restent le lot quotidien des Somaliens. Et la presse allemande dénonce la passivité de la communauté internationale. Echec en Somalie, écrit notamment la Süddeutsche Zeitung. Le conseil de sécurité des Nations unies a montré une fois de plus qu’il se soucie bien peu de la situation désastreuse dans la Corne de l’Afrique. La preuve en est selon le journal qu’il a voté à l’unanimité une résolution qui prolonge le mandat de la mission de paix de l’Union africaine en Somalie mais qui n’envisage qu’en termes très vagues la possibilité qu’elle soit remplacée plus tard par des casques bleus de l’ONU. La décision des Nations unies, souligne notre confrère, est pleine de contradictions. Car s’il est trop risqué, pour l’ONU, d’intervenir en Somalie, comment veut-on que les quelques soldats ougandais présents sur place remplissent leur mission? Les 1 600 hommes envoyés par Kampala doivent se barricader pour survivre. Leur mission est une farce. Sans doute vaudrait-il mieux les retirer que les exposer en permanence à des dangers mortels. La solution, ajoute la Süddeutsche Zeitung, passe par de réelles négociations de paix à Mogadiscio. Le conseil de sécurité doit chercher des moyens de relancer le dialogue. Mais il lui manque pour cela la volonté politique.

Le Soudan devrait bientôt abriter sur son sol le plus fort contingent de casques bleus jamais déployés dans un pays: au total 36 000 soldats et policiers des Nations unies et de l’Union africaine. 10 000 hommes sont déjà présents dans le sud du pays, 26 000 autres sont prévus pour le Darfour. Mais pour la presse allemande cette démonstration de force ne sera pas forcément synonyme de paix.

C’est en tout cas ce que craint la Frankfurter Allgemeine Zeitung car écrit-elle, tandis que la communauté internationale tente de mettre fin à la violence dans l’ouest du Soudan, dans le sud la paix risque de mourir à petit feu. Le président Omar el-Béchir et son Parti national du congrès ne sont pas prêts en effet à partager équitablement le pouvoir et le pétrole avec les ex-rebelles du SPLM. Un partage prévu par l’accord de paix signé en janvier 2005. Khartoum, concède le journal, a certes commencé à céder une partie de ce qu’il considérait jusqu’à présent comme sa propriété. L’an dernier il a versé au Sud plus d’un milliard de dollars puisés dans les recettes pétrolières, et il a retiré la plupart de ses soldats. Mais le gouvernement de Khartoum n’a toujours pas apporté la preuve du sérieux de ses intentions. Cela fait longtemps, souligne le journal, qu’un accord aurait dû être trouvé sur le tracé de la frontière entre le nord et le sud dans la province pétrolière d’Abyei. Mais Khartoum rejette l’arbitrage qui a été rendu. Or sans frontière définitive, il ne sera pas possible de fixer les circonscriptions électorales pour les élections prévues au plus tard en 2009 par l’accord de paix.

Enfin la presse allemande s’intéresse au dispositif européen de surveillance des frontières, Frontex, qui est censé combattre l’immigration clandestine africaine en Europe.

Frontex a suspendu, pendant quelque temps, ses opérations en Méditerranée, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui s’étonne de cette pause estivale, alors que l’été, avec ses bonnes conditions climatiques, est le moment de l’année le plus propice à l’immigration clandestine par voie de mer. Mais le dispositif Frontex, relève le journal, manque de moyens. Il manque de bateaux, d’hélicoptères, de personnel aussi, pour patrouiller en permanence dans les eaux de la Méditerranée. Son budget pour 2007 s’élève à 40 millions d’euros, ce qui n’est pas beaucoup, estime le journal. D’autant qu’une autre opération se déroule dans l’Atlantique pour contrôler les voies maritimes entre le Sénégal, la Mauritanie et les îles Canaries. Selon les chiffres officiels, le dispositif Frontex s’est traduit jusqu’à présent par une très nette diminution des arrivées de clandestins en Espagne et en Italie, constate la FAZ. A Genève le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés ne conteste pas son effet dissuasif. Mais il pointe aussi un effet secondaire tragique: les voies les plus courtes entre l’Afrique et l’Europe étant mieux surveillées, les immigrants empruntent des itinéraires plus longs et plus dangereux, par exemple à partir de la Côte d’Ivoire et de la Guinée. Les organisations non gouvernementales parlent de plus d’un millier de personnes qui depuis le début de l’année ont payé de leur vie leur rêve d’une vie meilleure en Europe.