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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron20 juillet 2007

Tchad – Afrique/France - RDC

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Ce qui retient tout d’abord l’attention des journaux allemands, cette semaine, c’est l’envoi éventuel d’une nouvelle force militaire européenne en Afrique, plus précisément dans l’est du Tchad.

Aucune modalité concrète n’a encore été arrêtée, mais comme le titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la France veut une force de l’UE au Tchad. Sa mission: assurer la sécurité des réfugiés du Darfour. Des réfugiés qui selon l’ONU, précise le journal, sont plus de 230 000. S’y ajoutent plus de 150 000 déplacés internes tchadiens qui cherchent à se protéger des combats dans la zone frontalière. Outre un approvisionnement extrêmement précaire, tous ces réfugiés ont à craindre les attaques de milices. Selon la FAZ, le haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, est plutôt favorable à ce projet d’envoi d’une force de protection au Tchad. Mais ce sera sans l’Allemagne. Angela Merkel l’a répété lors de la conférence de presse qu’elle a donnée mardi dernier avant le début des vacances parlementaires. Comme le relève la Frankfurter Allgemeine, le gouvernement allemand, dixit la chancelière, ne bloquera pas les efforts de la France dans les instances internationales ou européennes, mais si l’Allemagne ne s’opposera pas politiquement à l’initiative française, elle n’y participera pas . Les capacités logistiques de la Bundeswehr, déjà présente sur plusieurs terrains extérieurs, ne le permettent pas.

Cette initiative francaise en faveur du Tchad, amène aussi la presse allemande à examiner la politique africaine de la France depuis que celle-ci a un nouveau président.

Et pour la Süddeutsche Zeitung, ce nouveau président, Nicolas Sarkozy donc, a bien du mal à se distinguer de son prédécesseur sur le terrain de la politique africaine. S’il avait promis de rompre, là aussi, avec la politique chiraquienne, cette rupture n’est pas perceptible. La conférence sur le Darfour organisée le mois dernier à Paris a plus été une réconciliation avec Washington qu’un progrès notable sur la voie de la pacification de la province soudanaise. Sarkozy, souligne le journal, est le président le plus actif que la France ait connu de mémoire d’homme, mais son nouveau départ en Afrique pourrait être moins fulminant qu’il ne l’espérait. Les observateurs qui attendaient de Sarkozy qu’il se tourne enfin vers la partie anglophone du continent se disent déçus. La République Sud-Africaine par exemple reste une tache blanche sur la carte africaine du nouveau président. Immédiatement après son élection, poursuit la Süddeutsche Zeitung, Sarkozy a appelé son ami Omar Bongo, le président gabonais qui depuis quatre décennies obtient toujours des résultats électoraux d’une clarté époustouflante. Et c’est chez Bongo, bien sûr, que le conduira la semaine prochaine son premier voyage présidentiel en Afrique noire. Chez Bongo et au Sénégal, précise le journal.

Loin du Sénégal, en République démocratique du Congo, un nouveau scandale éclabousse la mission de l’ONU. Cette fois- ci c’est un contingent indien de la MONUC qui est soupçonné de trafic d’or avec des milices hutues rwandaises. La presse allemande s’en fait l’écho

Comme l’écrit la Tageszeitung, après les informations sur un trafic d’or par des casques bleus pakistanais en Ituri, la MONUC a confirmé l’ouverture d’une enquête contre des casques bleus indiens. Dans le Nord-Kivu, ils auraient échangé des rations alimentaires contre de l’or avec les FDLR, les forces démocratiques pour la libération du Rwanda. Les FDLR, note le journal, passent pour le principal obstacle à la pacification de l’est du Congo. L’Onu a pour politique officielle de rapatrier pacifiquement les combattants des FDLR au Rwanda. Au grand dam de la population congolaise elle s’est toujours opposée à des opérations militaires agressives contre les milices hutues. Mais depuis 2005, elle a fourni à plusieurs reprises un appui aux opérations de l’armée congolaise contre les FDLR. Or, pousuit le journal, selon de nouvelles informations, la brigade indienne de la Monuc au Nord-Kivu, la plus forte unité de l’ONU dans la région, a régulièrement informé à l’avance les FDLR des détails de ces opérations. Plus d’une fois les Congolais du Nord-Kivu s’étaient étonnés que les FDLR puissent se retirer à temps – un phénomène qui, ajoute la TAZ, dure jusqu’à maintenant. Sachez également au passage que le même journal, la Tageszeitung, évoque l’abolition de la peine de mort au Rwanda.

Nous terminons par un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre cette semaine dans la presse allemande. Le médecin et les infirmières bulgares qui avaient été condamnés à mort en Libye ne seront pas exécutés. Leur peine a été commuée en détention à vie. Une décision qui laisse un goût amer à la Süddeutsche Zeitung puisque le journal parle de la plus petite clémence possible. Par amour de l’occident, dont il escompte des contrats pétroliers, le régime Kadhafi, écrit le journal, a renoncé à la peine capitale. Mais il a renoncé aussi à grâcier des innocents ou à prononcer au moins des peines de prison plus courtes. De surcroît la Libye se fait chèrement payer : 400 millions de dollars pour les enfants malades. Les inculpés, je vous le rappelle, avaient été reconnus coupables d’avoir inoculé sciemment le virus du sida à plus de 400 enfants. Il serait indécent, estime le journal, que l’Union européenne promette de meilleures relations à Kadhafi s’il laisse les prisonniers rentrer dans leur pays. A supposer qu’ils puissent bientôt fouler le sol bulgare, les Européens n’auront pas à remercier le colonel mais devront bien plutôt revoir la réhabilitation de la Libye. Une réhabilitation qui, nous rappelle la Frankfurter Rundschau, a commencé dans les années 90 pour transformer le voyou en allié. Depuis des mois, des chefs d’entreprises et des responsables politiques font le pélerinage à Tripoli.