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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron13 juillet 2007

Darfour – Somalie – Zimbabwe

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C’est tout d’abord le Darfour qui cette semaine retient l’intérêt des journaux allemands.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung tout d’abord nous retrace l’histoire de cette province occidentale du Soudan, qui a été l’objet de bien des convoitises. Il y a plusieurs siècles, écrit le journal, le Darfour a été un sultanat relativement puissant. Mais depuis qu’il fait partie du monde moderne, il a presque toujours souffert de deux fléaux: d’une part sa négligence par le gouvernement central, de l’autre les ingérences de l’extérieur. Pour le gouvernement de Khartoum, le Darfour est tout à fait à l’ouest, très loin, mais pas au point d’y tolérer des rébellions ou des sécessions. Les milices djandjawids sont chargées de le ramener à la docilité. Elle le font par la cruauté. Par ailleurs, poursuit le journal, pour le voisin occidental, le Tchad, noyau de l’ancien sultanat de Bornu-Kanem, le Darfour est situé très à l’est. Mais pas au point de laisser le Tchad indifférent à son sort. En période de crise ce dernier a toujours fait valoir un droit de regard au Darfour. Il le fait d’autant plusaujourd’hui que des milliers de réfugiés du Darfour vivent dans des camps sur son territoire. Et puis le Darfour, note plus loin le journal, a souvent fait l’objet aussi des convoitises libyennes. Au plus fort de ses penchants nationalistes arabes, dans les années 80, le colonel Kadhafi a exercé son influence au Sahel comme au Darfour avec sa "Légion islamique". Le Darfour est certes très loin de Tripoli, mais pas au point de ne pas tenter le dirigeant libyen d’y faire quelque chose pour la "cause arabe". Depuis qu’il s’est découvert plus africain que nationaliste arabe, il a beaucoup tempéré ses ardeurs. L’hebdomadaire Der Spiegel rappelle lui aussi que le Darfour est passé pendant quelques années pour le terrain d’expérimentation favori de la mégalomanie panarabe de Kadhafi. Mais, maintenant qu’une force conjointe des Nations unies et de l’Union africaine doit pacifier la région, le Spiegel se demande surtout comment une force de paix, même dotée d’un mandat robuste, pourra endiguer le chaos au Darfour. La percée pourrait venir de la Chine, alors même qu’elle a toujours bloqué les résolutions du conseil de sécurité dirigées contre le gouvernement soudanais. C’est que les Chinois, souligne le journal, ont maintenant autre chose en ligne de mire: les jeux olympiques de 2008 à Pékin. Ils veulent exploiter l’événement pour se présenter sous leur meilleur jour. La complicité avec des tueurs ferait mauvais effet. Les dirigeants chinois veulent donc en finir avec la guerre au Darfour.

La Somalie, elle, a connu ces derniers jours, un regain de violence. Principalement à Mogadiscio, et la presse allemande s’en fait l’écho.

Mogadiscio sera-t-elle bientôt un deuxième Bagdad? C’est en tout cas ce que craignent beaucoup d’habitants de la capitale somalienne, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui relève deux types de dangers nouveaux. Tout d’abord des sacs en plastique noir, qui semblent avoir été jetés négligemment au bord des rues couvertes d’ordures de Mogadiscio. A l’intérieur de ces sacs: des bombes que les islamistes, après leur défaite militaire, utilisent dans leur guerre d’usure contre le gouvernement de transition du président Yusuf. Ces bombes amorcées par radio ou téléphone portable visent en premier lieu l’armée éthiopienne, mais la plupart des victimes sont des civils, souligne le journal. Les explosions de ces machines infernales retentissent à toute heure du jour et de la nuit. Les attentats-suicides, poursuit la FAZ, sont un autre phénomène entièrement nouveau à Mogadiscio.

Sans surprise la presse allemande consacre aussi bon nombre d’articles à l’un de ses thèmes africains favoris, à savoir la situation au Zimbabwe. Le Zimbabwe qui s’enfonce dans le chaos économique, écrit la Berliner Zeitung. Ce sont en fait toutes les structures économiques du pays qui ont sauté depuis l’expropriation des fermiers blancs. La production agricole a baissé d’un quart, ce qui a des incidences non seulement sur la situation alimentaire mais aussi sur l’industrie. Cette dernière était principalement orientée vers la fourniture de machines à l’agriculture, elle n’a donc plus de clients. Des centaines d’usines ont fermé et licencié leurs travailleurs. Le taux de chômage est passé à plus de 80%. Autre conséquence, poursuit le journal: la pénurie de devises. Les exportations de maïs, de tabac et de tomates fournissaient autrefois 34% des recettes en devises. Ces exportations ayant cessé, le pays ne peut plus importer d’essence, de diesel et de pièces de rechange en quantité suffisante. Mais les hôpitaux, note le journal, souffrent aussi du manque de devises. Ils n’ont pratiquement plus de médicaments et ne peuvent prescrire aux patients les plus gravement atteints que des analgésiques produits dans le pays. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que l’Afrique du sud pourrait voler au secours du Zimbabwe pour lui éviter un naufrage total de son économie. Elle envisage notamment de garantir avec sa monnaie, le rand, la convertibilité du dollar zimbabwéen. Les deux pays financièrement les plus puissants de la région, l’Afrique du sud et le Botswana, pourraient renflouer la banque centrale zimbabwéenne. Mais cette bouée de sauvetage, précise notre confrère, est subordonnée à des conditions politiques, comme la garantie d’organiser l’an prochain au Zimbabwe des élections libres et équitables.

Enfin si la presse allemande évoquait la semaine dernière les 25 ans du jumelage entre la Rhénanie-Palatinat et le Rwanda, cette semaine la Rheinische Post nous apprend qu’un autre gouvernement régional allemand, celui de Rhénanie du nord-Westphalie, envisage de conclure un jumelage avec un autre pays africain, cette fois-ci il s’agit du Ghana.