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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron25 mai 2007

G8/Afrique – Liberia – Sierra-Leone – Comores

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C’est toujours le même sujet qui fait la une de l’actualité africaine dans les médias allemands. A savoir l’attention particulière que les huit pays les plus riches du monde doivent accorder à l’Afrique au prochain sommet du G8.

Il faut dire que dans cette perspective, pas mois de trois grandes réunions ont eu lieu cette semaine à Berlin: par ordre chronologique: un forum de la Banque Mondiale, ensuite un Africa Business Day et un forum sur le partenariat avec l’Afrique. Toute la presse dit et redit qu’Angela Merkel s’est faite l’avocate de l’Afrique, une Afrique qui a "un incroyable potentiel de développement", a souligné la chancelière, mais aussi "beaucoup de problèmes". Ces problèmes, note la Süddeutsche Zeitung, les pays du G8 veulent principalement aider à les résoudre par le biais d’investissements supplémentaires. Car précise le journal, à en croire les premiers projets de déclaration finale du sommet, le G8, dans une formulation un peu alambiquée constate que "beaucoup de pays peu développés ne profitent pas assez des investissements étrangers directs."

Présent au forum de la Banque mondiale à côté d’autres chefs d’Etat africains, le président du Botswana, lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, s’est montré confiant: selon Festus Mogae, l’Afrique réussira à réduire de moitié la faim et la pauvreté d’ici à 2015. Son espoir repose sur les réformes politiques et économiques qui ont engendré un environnement plus stable pour les investissements privés. Et Festus Mogae, souligne le journal, a demandé aux occidentaux de jeter un regard plus serein sur l’engagement de la Chine en Afrique. Une passion pour l’Afrique, titre la Frankfurter Rundschau, qui constate que ce continent qu’on dit oublié n’a jamais été aussi présent dans l’opinion publique et les médias allemands. Il est clair, estime le journal, que ni le désendettement, ni les prestations financières ne peuvent à eux seuls aider l’Afrique. Le continent a besoin de l’engagement de l’économie privée. Mais ceux qui veulent sérieusement aider l’Afrique doivent aussi créer les conditions d’un commerce international plus juste. Après Heiligendamm, le prochain cyle de Doha sur le commerce mondial donnera aux nations industrielles l’occasion de prouver durablement leur engouement pour l’Afrique.

Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Libéria, était elle aussi à Berlin cette semaine. Cela se traduit, entre autres, par un article dans un grand quotidien allemand.

En l’occurence la Süddeutsche Zeitung qui voit dans l’action d’Ellen Johnson-Sirleaf une lueur d’espoir pour l’Afrique de l’ouest. Présidente à l’apparence d’une grand-mère sévère, démocrate convaincue, celle qu’on appelle la "dame de fer" redonne confiance à une région en crise, souligne le journal. Outre la Côte d’Ivoire, le triangle Libéria-Guinée- Sierra Leone oscille entre guerre et paix. Une étude de la Banque mondiale, relève notre confrère, conclut que, dans de telles régions, le taux de rechute est élevé lorsque la communauté internationale n’inscrit pas son action dans la durée. Le Libéria aura donc besoin, pendant longtemps encore, d’un appui de l’extérieur. Sur la même page aussi, un article précisément sur la Sierra Leone, où la tension monte à l’approche des élections législatives et présidentielle du 11 août. La Sierra Leone, note le journal, veut montrer, par la tenue d’élections démocratiques, qu’elle a bien appris sa leçon. A l’inverse du président nigérian Obasanjo, le président Kabbah n’a pas tenté de changer la loi pour pouvoir briguer un nouveau mandat. Il a volontairement cédé la place de candidat à son vice-président Solomon Berewah. Les opposants politiques ne sont pas massacrés comme en Somalie ou au Zimbabwe. Mais, précise quand même le journal, le parti du président Kabbah exerce une pression massive sur les électeurs. Ceux qui s’expriment trop ouvertement contre lui perdent facilement leur travail. Beaucoup de Sierra-Leonais ne savent pas pour qui voter. Sans doute sont-ils reconnaissants de vivre à nouveau en paix, mais la situation économique est mauvaise. Les deux-tiers des jeunes sont au chômage. La corruption prolifère et représente l’un des principaux fardeaux pour la reconstruction du pays, ajoute la Süddeutsche Zeitung.

Enfin la presse allemande s’intéresse à un pays dont elle ne parle que très rarement, ce sont les Comores.

Après avoir terminé sa série sur l’Afrique, l’hebdomadaire Der Spiegel tourne son regard vers cet archipel de l’océan indien. Non pas pour évoquer les récents troubles à Anjouan, mais pour nous présenter le président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi. Celui que ses compatriotes ont surnommé "l’ayatollah" est le premier président à avoir accédé au pouvoir par des moyens non sanglants, souligne le Spiegel qui rappelle que depuis leur indépendance en 1975 les Comores ont connu 26 insurrections et tentatives de coups d’Etat. Ahmed Abdallah Sambi dit ne pas craindre un nouveau putsch. A 48 ans l’ayatollah est un homme sans crainte, un homme de foi et de vision. Il a vécu en Iran et en Egypte, en Arabie saoudite et au Soudan. Une fois arrivé au pouvoir, il veut montrer aux mollahs de Téhéran comme aux cheikhs de Ryad ce qu’il a appris auprès d’eux. Certes, écrit le Spiegel, avec ses 650 000 habitants, l’archipel de l’ayatollah n’est pas encore ce qu’il devrait être. Le budget annuel des Comores se chiffre en tout et pour tout à 52 millions d’euros. Mais le président, fort de ses bonnes relations, voit des raisons d’espérer. La famille royale saoudienne a fait récemment un don en argent. La Libye veut livrer du pétrole, l’Iran des bateaux de pêche. Enfin le cheikh Djabir al-Moubarak, de la dynastie au pouvoir au Koweit, prévoit un très gros investissement: la construction d’un paradis touristique pour arabes fortunés sur les bords du Lac Salé dans le nord de la Grande Comore.