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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron30 mars 2007

RDC – Zimbabwe – Côte d’Ivoire

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Soldats gouvernementaux à Kinshasa
Soldats gouvernementaux à KinshasaImage : AP

C’est tout d’abord la récente flamblée de violence à Kinshasa qui cette semaine retient l’attention.

Combats au Congo – Des morts dans des combats au Congo, sous ces titres la presse allemande relate donc les affrontements qui ont eu lieu à la fin de la semaine dernière entre l’armée régulière et la garde privée de Jean-Pierre Bemba. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande pourquoi l’ancien vice-président et chef rebelle s’est réfugié à l’ambassade d’Afrique du sud, alors qu’il possède aussi un passeport belge. L’explication la plus plausible, écrit le journal, est sans doute que l’ambassade d’Afrique du sud est toute proche de sa résidence. La Berliner Zeitung évoque le risque d’une nouvelle escalade du conflit huit mois après les élections au Congo. Ce quotidien relève aussi que pour l’Association des soldats allemands ces combats font douter de l’utilité de la mission de l’armée allemande en RDC pendant la tenue des élections. La Süddeutsche Zeitung note pour sa part que selon l’International Crisis Group, Bemba a beaucoup de partisans persuadés que Kabila a gagné les élections grâce à la fraude. Le mandat d’arrêt lancé contre Bemba pour haute trahison pourrait en faire un martyre et radicaliser ses partisans. Pour la Tageszeitung, on assiste en RDC à une guerre entre armées privées. Il est inutile, souligne le journal, d’attendre maintenant de tous les opposants qu’ils se soumettent au monopole gouvernemental de la force. Bemba veut d’autant moins déposer les armes que la plus grande armée privée du pays reste intouchée et qu’elle est plus puissante que les troupes gouvernementales régulières. Il s’agit de la garde présidentielle de Joseph Kabila. Bref, conclut le journal, malgré les élections le Congo est encore très loin de la démocratie.

Le Zimbabwe a été jeudi au centre d’un sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe, la SADC. Le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition continue aussi d’être largement relaté par la presse allemande. Par le quotidien Die Welt par exemple, qui brosse un long portrait de celui qu’il appelle le prince des ténèbres. Robert Mugabe a poussé des millions de personnes vers la mort et l’exode. Le vieux président ignore que son temps est révolu et que ses adversaires s’organisent contre lui. Die Welt se demande ce qui peut bien se passer dans la tête de cet homme. Pourquoi veut-il ruiner le pays qu’il a libéré il y a 27 ans en s’attirant alors l’admiration du monde entier? Une chose est sûre, écrit le journal: si Sally, sa première épouse morte en 1992 était encore à ses côtés, il ne serait pas devenu ce monstre froid, totalement indifférent à la misère de son peuple. La Süddeutsche Zeitung annonce la nouvelle arrestation, mercredi dernier, du leader de l’opposition Morgan Tsvangirai. La situation est à ce point tendue, écrit le journal, que même au sein du propre parti de Mugabe, la ZANU-PF, la résistance grandit. Certains observateurs y voient d’ailleurs la seule chance réaliste de renverser le despote. La Frankfurter Rundschau a interrogé Morgan Tsvangirai, avant qu’il ne soit de nouveau arrêté. Et le chef du MDC se dit prêt à coopérer avec le parti au pouvoir si ce dernier envoie Mugabe à la retraite et accepte l’idée d’un gouvernement de transition.

Enfin la Frankfurter Allgemeine Zeitung se montre plutôt optimiste pour l’avenir de la Côte d’Ivoire après la signature de l’accord de paix de Ouagadougou entre les rebelles et le gouvernement de Laurent Gbagbo. Ni les Nations unies, ni l’ancienne puissance coloniale française, ni l’Union africaine, écrit le journal, n’ont été associées à ces discussions directes entre Ivoiriens. Et à l’inverse du comportement habituel qui consistait à signer des accords mais à ne pas les respecter, les deux camps, cette fois-ci, semblent prendre les choses au sérieux. La solidité de l’accord de Ouagadougou, ajoute le journal, se mesurera à la marge de manoeuvre dont disposera Guillaume Soro comme premier ministre du nouveau gouvernement de transition.