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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron23 mars 2007

Zimbabwe – Somalie

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Manifestation contre Mugabe
Manifestation contre MugabeImage : AP

Cette semaine encore le Zimbabwe continue d’inspirer des commentaires aux journaux allemands.

Celui-ci par exemple de la Süddeutsche Zeitung qui accuse Robert Mugabe de mener une guerre contre son propre peuple. Or jusqu’à présent la communauté internationale s’en est tenue à une indignation verbale, tout au plus à des interdictions de voyager pour Mugabe et quelques-uns de ses sbires. Mais, note un peu plus loin le journal, pour cynique que cela puisse sembler, l’escalade a aussi un bon côté. Elle ressoude une opposition divisée, une opposition qui veut empêcher Mugabe d’amender la constitution pour prolonger de deux ans son actuel mandat présidentiel. Même dans son propre parti, des compagnons de route de Mugabe le pressent maintenant de prendre sa retraite. Non pas qu’ils aient un penchant soudain pour la démocratie, précise le journal, Robert Mugabe a tout simplement ruiné le pays et cela nuit aux affaires de ses partisans. Cela dit, souligne la Süddeutsche Zeitung, le départ de Mugabe ne suffit pas. La stabilité politique et économique du pays ne peut être assurée à long terme que par un multipartisme équitable et des élections libres. Le Zimbabwe a besoin pour cela de l’aide de l’étranger. Toujours dans la Süddeutsche Zeitung, mais dans un autre article,on peut lire que les pays de l’Afrique australe commencent à s’émouvoir. Le président zambien Levy Mwanawasa a qualifié le Zimbabwe de „Titanic en détresse qui a besoin d’une aide urgente“. Et le journal note que face à l’escalade de la violence au Zimbabwe les ministres des affaires étrangères de la SADC, la communauté donc de l’Afrique australe, se réuniront lundi, le 26 mars, à Dar-es-Salam en Tanzanie.

Escalade aussi de la violence en Somalie. De violents combats ont eu lieu cette semaine à Mogadiscio. Et la presse allemande s’en fait l’écho.

Les insurgés, note à ce propos la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ont surtout pris pour cible du personnel de l’ONU et des soldats de la mission de paix de l’Union africaine. Or cette force de l’UA est tout juste en train de se constituer. Le commandant de l’UA en Somalie, Levy Karuhanga, déplore de ne pas avoir suffisamment de soldats. On est encore loin des 8 000 hommes prévus. Le Burundi a proposé 1 700 soldats supplémentaires, mais n’a pas le matériel nécessaire. Profanation de cadavre à Mogadiscio, titre la Tageszeitung. Mercredi dernier des combattants masqués ont traîné le cadavre d’un soldat à travers les rues poussiéreuses de Mogadiscio, réveillant ainsi le souvenir de l’humiliation de l’armée américaine en 1993. C’est la première fois, souligne le journal, que les milices hostiles au gouvernement lancent une vaste offensive. Autant dire que la conférence de réconciliation nationale, demandée par les donateurs internationaux et prévue pour la mi-avril, est largement compromise. Le gouvernement de transition ne l’envisage d’ailleurs pas avec un enthousiasme particulier. Le président Yussuf a de nouveau exclu toute discussion avec les islamistes.

Enfin il y a 200 ans, le 25 mars 1807, l’Angleterre abolissait la traite négrière. L’événement est commémoré cette semaine dans la presse allemande. Mais la Süddeutsche Zeitung opte pour un ton très critique. Si le mouvement philantropique du 19ème siècle a libéré l’Europe de la souillure de l’esclavage, il reste qu’en abolissant l’esclavage l’Europe a délégué le problème à ses anciennes colonies d’Amérique, écrit le journal. Des pays exploités comme le Brésil, qui fut pendant 400 ans le principal importateur d’esclaves africains, ne trouvèrent pas mieux à faire, une fois devenus indépendants, que de continuer sur la même voie. Le Brésil fut en 1888 le dernier pays du monde à abolir l’esclavage. En Afrique même, souligne le journal, l’ancien système colonial continue de fonctionner sous la forme d’une exploitation des Africains par d’autres Africains. Les élites n’ont développé aucune solidarité avec la population, mais persistent à faire cause commune avec le grand capital qui n’est plus seulement européen mais international.