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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron9 mars 2007

Ghana – Côte d’Ivoire – Somalie

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Fête de l'indépendance au Ghana
Fête de l'indépendance au GhanaImage : AP

Cette semaine le Ghana fait les grands titres de l’actualité africaine. Le pays vient de célébrer le 50ème anniversaire de son indépendance. Et cela se traduit, écrit la Tageszeitung de Berlin, par la plus grande fête dans l’histoire du pays. Elle va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année et coûtera l’équivalent de 15 millions d’euros. Beaucoup de Ghanéens, note le journal, disent aujourd’hui que Kwame Nkrumah est plus populaire que jamais. A l’époque de son renversement par un coup d’Etat militaire, en 1966, les gens pourtant avaient dansé de joie dans les rues. Le père de l’indépendance s’était transformé au fil du temps en autocrate, qui avait instauré le parti unique et s’était proclamé président à vie. Le journal reconnait néanmoins à Nkrumah le mérite d’avoir évité au Ghana de glisser dans la guerre civile. Il avait très vite perçu le danger des rivalités ethniques et l’avait contré en développant notamment une structure scolaire bien particulière. Pendant les dernières années de leur scolarité, les jeunes de toutes les régions du Ghana étaient regroupés dans des internats, ce qui a favorisé l’émergence d’un sentiment d’unité. La fête dans les rues d’Accra, elle s’exprime dans les colonnes de Die Welt par la photo d’un homme en slip, le corps entièrement peint aux couleurs nationales: vert, or et rouge, frappées de l’étoile noire. Die Welt consacre une page entière à l’événement et se demande notamment si le très charismatique Nkrumah, qui était sincèrement soucieux du progrès social de son pays, serait autant célébré s’il était resté plus longtemps au pouvoir. La Süddeutsche Zeitung évoque l’euphorie, il y a 50 ans, du héros national Kwame Nkrumah. Mais constate le journal, la décolonisation de l’Afrique est restée inachevée, du moins du point de vue de ceux qui vivent tout en bas. Beaucoup de peuples africains doivent se libérer une deuxième fois car l’Etat qui les gouverne n’a pas tenu ses promesses. Les élites africaines ont créé en bien des endroits de nouvelles formes de servitude. Elles ont été les élèves zélés de leurs anciens maitres. Les nouveaux dirigeants ont utilisé la mécanique de l’Etat colonial de non-droit pour consolider leur propre pouvoir, et cela souvent à n’importe quel prix. C’est là un schéma, poursuit la Süddeutsche Zeitung, que Nkrumah ne soupçonnait sans doute pas encore. Et il aurait certainement la honte au front de voir comment des chefs de guerre assassinent au Darfour, comment des barons du pétrole se remplissent les poches en Angola ou comment Laurent Gbagbo, la grande gueule de la Côte d’Ivoire, attise un racisme interafricain.

Pour le reste la presse allemande se fait l’écho de l’accord de paix conclu à Ouagadougou entre Laurent Gbagbo précisément et Guillaume Soro. Elle s’inquiète aussi des difficultés rencontrées en Somalie pour former un large gouvernement de transition.

A propos de la Côte d’Ivoire tout d’abord, la Frankfurter Allgemeine Zeitung note que l’actuel gouvernement de transition, dirigé par Charles Konan Banny, subira les premiers effets visible de l’accord de Ouagadougou. Par son inaction dans le scandale des déchets toxiques d’Abidjan Charles Konan Banny s’est discrédité, et le journal présume que Guillaume Sorro, le chef des ex-rebelles donc, pourrait prochainement hériter du poste de premier ministre. L’accord de Ouagadougou, souligne par ailleurs la FAZ, a été signé sans la participation de la communauté internationale. S’il échoue, les Ivoiriens n’auront pas de bouc émissaire.

Autre gouvernement de transition, le gouvernement somalien. Un gouvernement qui pour la même Frankfurter Allgemeine Zeitung, doit absolument gagner en autorité pour pouvoir stabiliser durablement la Somalie. De là, poursuit le journal, les appels répétés de l’Union africaine, de l’Union européenne, des Nations unies et du gouvernement éthiopien à élargir la base de ce gouvernement en intégrant toutes les forces politiques et ethniques du pays. Mais poursuit ce confrère, l’expérience enseigne qu’il est extrêmement difficile, surtout depuis l’extérieur, d’influer sur l’évolution politique de la Somalie. Sans compter que, non seulement le gouvernement de transition doit devenir plus représentatif mais qu’après 16 années de guerre civile c’est aussi tout un Etat qu’il faut reconstruire.