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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron2 mars 2007

Soudan – Guinée – Sénégal

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Ahmed Mohammed Harun, suspect de crimes de guerre
Ahmed Mohammed Harun, suspect de crimes de guerreImage : AP

C’est tout d’abord le Soudan qui retient cette semaine l’attention des commentateurs. Le procureur en chef de la Cour pénale internationale a désigné en effet deux coupables présumés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour.

L’un des deux s’appelle Ahmed Mohammed Harun, et pour la Frankfurter Rundschau il est responsable des pires atrocités, sans doute, commises au Darfour. A l’époque des faits qui lui sont reprochés il était secrétaire d’Etat à l’intérieur, responsable de la sécurité au Darfour. Aujourd’hui, note le journal, il n’est pas en prison à Khartoum, il est ministre des affaires humanitaires. Une insulte à la communauté internationale. Mais le travail des enquêteurs de la CPI n’est pas inutile pour autant, estime le journal. Pour la première fois des preuves sont apportées sur le rôle actif du gouvernement soudanais dans les crimes contre les droits de l’homme perpétrés au Darfour. La Tageszeitung relève qu’en désignant Ahmed Mohammed Harun et Ali Koscheib, un commandant de milice djendjawid, le procureur en chef s’en est tenu à des crimes solidement étayés par des preuves. Il s’est abstenu d’allégations sur l’ampleur exacte de la responsabilité de la direction politico-militaire soudanaise. Un geste de bonne volonté à l’égard du gouvernement de Khartoum, mais qui risque de se retourner contre ses auteurs, estime le journal. Il n’est plus question d’un génocide, planifié et exécuté au Darfour, par le sommet de l’Etat soudanais. Cette prudence internationale pourrait encore se faire chèrement payer si Khartoum persiste dans sa ligne dure. La Süddeutsche déplore, et dénonce, l’impuissance de la communauté internationale, pourtant prompte à jurer "plus jamais ça" lors des commémorations des massacres en Bosnie et au Rwanda. Le cas du Soudan montre qu’un régime peut continuer à tuer son peuple pendant des années et à berner l’ONU.

L’Afrique de l’ouest est également présente cette semaine dans la presse allemande. A cela deux raisons: la sortie de crise en Guinée, avec la nomination de Lansana Kouyaté au poste de premier ministre, et l’élection présidentielle au Sénégal.

Le président guinéen cède, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les syndicats se sont affirmés comme une force politique à prendre au sérieux, ce que les partis d’opposition n’ont pas réussi à faire depuis vingt ans. Les syndicats guinéens ne comptent certes que quelques dizaines de milliers d’adhérents. Mais vu la décrépitude du pays sous le règne de Lansana Conté, tous leurs appels à la grève ont été massivement suivis par la population. Nouvel espoir pour la Guinée, titre de son côté la Tageszeitung. Lansana Kouyaté est un diplomate de carrière chevronné. Le test qui l’attend consistera à pouvoir nommer ses ministres sans ingérence du président. Jamais encore, souligne le journal, un premier ministre indépendant ne s’est durablement imposé contre le chef de l’Etat. Les photos d’un Abdoulaye Wade triomphant, dans son traditionnel boubou bleu, ornent les pages de la presse allemande après la réélection du président sortant au Sénégal. Lorsqu’un octogénaire, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, passe encore pour un espoir, ou bien c’est un homme politique hors du commun, ou bien ses concurrents sont incroyablement mauvais. Dans le cas d’Abdoulaye Wade, pourtant, les choses ne sont pas aussi tranchées. Le bilan de l’ère Wade est mitigé. S’il a offert au pays une croissance économique de 6% en moyenne, le chômage chez les jeunes n’a pas baissé, et les déçus embarquent en direction du prétendu eldorado européen.

Enfin si le Sénégal passe, ou est longtemps passé pour un modèle de démocratie, le Ghana, cette semaine, est littéralement encensé par la Frankfurter Rundschau. A l’approche du 50ème anniversaire de son indépendance, le Ghana a toutes les raisons de faire la fête, écrit le journal: l’économie est en pleine croissance, le gouvernement est démocratique et les premiers émigrants rentrent au pays.