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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron5 janvier 2007

Somalie – Soudan – Libéria

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Un soldat éthiopien à Mogadiscio
Un soldat éthiopien à MogadiscioImage : AP

C’est encore la Somalie qui cette semaine domine l’actualité africaine dans les journaux allemands.

Exemple dans la Süddeutsche Zeitung qui écrit que l’intervention de l’Ethiopie a attisé des peurs anciennes et provoqué un exode massif de population, chassée par l’éternel démon. Le démon en question, c’est la violence, omniprésente en Somalie. Rarement, souligne le journal, l’avenir de ce pays martyre n’aura été aussi incertain. Sera-t-il synonyme de nouvelles souffrances, de chaos et d’anarchie? Ou bien l’ordre et la paix, auxquels aspirent tant de Somaliens, seront-ils enfin rétablis? Les islamistes sont-ils vraiment vaincus? Ils ont encore leurs alliés, principalement l’Erythrée qui leur fournit depuis longtemps des armes et des combattants. Le gouvernement d’Asmara veut à tout prix affaiblir l’Ethiopie, son ennemi juré. La Somalie est devenue le champ de bataille de puissances étrangères. Cela devrait compliquer le réglement du conflit. Dans un autre article la même Süddeutsche Zeitung brosse le portrait du premier ministre du gouvernement somalien de transition, Ali Mohamed Gedi. Un quinquagénaire inconnu de la plupart des Somaliens. Gedi n’est entré que tardivement en politique. Dans sa jeunesse il a fait des études de médecine vétérinaire en Somalie et en Ethiopie puis a enseigné à l’université de Mogadiscio. Le premier ministre, note le journal, a dansé de joie lorsque les islamistes ont été chassés de la capitale. Mais le plus dur, pour lui, est à venir. Sans doute peut-il se sentir en sécurité actuellement, son gouvernement de transition est protégé par des soldats éthiopiens. Mais là réside aussi sa principale faiblesse. Car les occupants éthiopiens sont détestés par les Somaliens. Si le président Abdullah Yussuf, écrit la Berliner Zeitung, ne veut pas dépendre, pendant des années, des ces occupants honnis, il lui faut tendre la main aux représentants de l’Alliance des tribunaux islamiques qui sont prêts à négocier. Car les Somaliens n’oublieront pas que ce sont les islamistes qui les ont libérés d’un état de non-droit total. La Tageszeitung note de son côté que le Kenya, qui a de bonnes raisons d’avoir peur de la guerre en Somalie, plaide précisément pour des discussions entre gagnants et perdants. Mais le gouvernement de transition ne manifeste que peu d’intérêt pour cette option.

Après la Somalie, le Soudan continue lui aussi de figurer en bonne position dans la presse allemande. Très précisément le Sud-Soudan et sa paix si fragile, comme l’écrit le quotidien Die Welt. La situation à Juba, capitale du sud, est particulièrement difficile. Le témoignage, cité par Die Welt, d’une députée social-démocrate fraichement revenue de Juba, Bärbel Kofler, est là pour l’attester: pas une seule route asphaltée, de l’eau potable de couleur marron, aucun bâtiment en dur ou presque mais pratiquement que des cases. Et poursuit le journal, comme si l’incertitude économique et politique ne suffisait pas, des combats ont à nouveau éclaté, fin novembre, à Malakal. Malgré l’accord de paix, des milices alliées à Khartoum ont attaqué des anciens rebelles de la SPLA. Le gouvernement du nord, souligne Die Welt, ne veut pas regarder la réalité en face: un référendum d’autodétermination est prévu au Sud-Soudan en 2011. Il devrait déboucher sur l’indépendance. Le pétrole, dont la vente assure à Khartoum le soutien de la Chine, serait alors inaccessible au Sud-Soudan.

Enfin le Libéria, qui a connu lui aussi une longue guerre civile, n’est pas moins traumatisé que le Sud-Soudan. Mais la presse allemande y décèle quand même des raisons d’espérer.

L’hebdomadaire Der Spiegel, qui a fêté cette semaine ses 60 ans d’existence, semble faire confiance à l’énergie de celle qui est devenue la mère de la nation: Ellen Johnson-Sirleaf, celle qui en novembre 2005 a gagné les premières élections libres organisées au Libéria depuis la création du pays en 1847, rappelle le Spiegel. En un an, lit-on dans l’article, la nouvelle présidente est devenue une vedette politique. Même l’opposition vante son talent. Celle qu’on appelle familièrement "Ma Ellen" au Libéria doit déblayer un immense champ de ruines. Selon les statistiques de l’ONU, le Libéria figure aujourd’hui parmi les trois pays les plus pauvres du monde. Monrovia ressemble à une ville fantôme. Les anciens chefs de guerre siègent au parlement et discutent de l’avenir d’un pays qu’ils ont eux-mêmes ravagé. Ma Ellen doit partir de zéro. Mais poursuit le Spiegel, cela ne fait pas peur à cette petite-fille d’un commerçant allemand et d’une Libériane. Sa soif d’agir a tiré de l’apathie politique bon nombre de ses compatriotes.