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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron8 décembre 2006

RDC – Darfour – Mauritanie

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Invités à l'investiture de Joseph Kabila
Invités à l'investiture de Joseph KabilaImage : AP

Cette semaine encore nous commençons par la République démocratique du Congo. Joseph Kabila, le vainqueur de l’élection présidentielle, est maintenant installé dans ses fonctions. La cérémonie d’investiture a eu lieu mercredi dernier. Une triste cérémonie, lit-on dans le Tagesspiegel de Berlin qui relève que les rues de Kinshasa, mercredi, étaient vides, hormis la forte présence de militaires. Pas de danses de joie, les habitants de la capitale ont voté majoritairement contre Kabila. La Berliner Zeitung relève quand même la présence d’un millier d’invités à la cérémonie. Parmi eux des chefs d’Etat africains ainsi que des représentants de l’Union européenne et de l’ancienne puissance coloniale belge. Mais Jean-Pierre Bemba, rival malheureux de Kabila, était absent. A présent, écrit le journal, on attend de Kabila qu’il attire dans le pays, sans corruption, les entreprises étrangères censées investir des milliards dans les mines et d’autres secteurs économiques. On attend aussi que les recettes fiscales qui en résulteront soient affectées à la construction d’infrastructures sur l’ensemble du territoire, faute de quoi des groupes entiers de population se sentiront exclus. Les Congolais, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ont le droit d’être bien gouvernés. Il importe à présent de leur faire toucher du doigt les avantages de la démocratie, que ce soit sous la forme d’un accès à l’eau courante ou de la possibilité de se défendre contre des fonctionnaires corrompus. Les occidentaux sont eux aussi en droit de l’exiger. Les élections ont coûté 500 millions de dollars, dont 10 millions seulement financés par le Congo. Les attentes se résument ainsi, ajoute le journal: bonne gouvernance, fin des affrontements armés et sécurité juridique pour les investissements étrangers. Pour la Frankfurter Rundschau, le "miracle de Kinshasa", scellé par l’investiture de Joseph Kabila comme premier président élu depuis 46 ans, n’aurait jamais été possible sans intervention étrangère. Intervention des Nations unies, avec les 18 000 soldats de la Monuc, intervention aussi de l’Union européenne avec les soldats de l’EUFOR. A un millier de kilomètres plus au nord, des millions de personnes, au Darfour et au Tchad, attendent actuellement qu’une telle chance leur soit offerte.

L’extension du conflit du Darfour aux pays voisins reste précisément parmi les préoccupations de la presse allemande. A cela une explication: ce sont les combats entre rebelles et forces gouvernementales, tant au Tchad qu’en République Centrafricaine. La Frankfurter Rundschau cite un général tchadien, le général Mahamat Hamata, qui prédit un incendie pouvant conduire, comme autrefois au Congo, à une "guerre mondiale africaine". Un deuxième Rwanda? La question, déjà maintes fois posée à propos du Darfour, fait le titre d’une analyse de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui écrit que le génocide au Darfour est aussi imbriqué dans le combat pour le pétrole. Un combat qui s’est encore durci avec l’arrivée de nouveaux concurrents dans la région, en particulier la Chine. Pékin entretient de bonnes relations avec le régime de Khartoum. Et, ajoute notre confrère, il apparait que la Chine, lorsqu’il y va de ses intérêts économiques, pratique dans les pays du tiers-monde la même politique clientéliste que celle reprochée autrefois, non sans raison, aux puissances coloniales occidentales.

En bref sachez encore que la même Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque les élections législatives et municipales en Mauritanie – l’avant-dernière étape sur le chemin du retour à un gouvernement démocratique après le putsch militaire d’août 2005. D’abord condamné par la communauté internationale, ce coup d’Etat, écrit le journal, s’est révélé extrêmement positif pour le pays. D’une part cela tient à la personne du chef des putschistes, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui va manifestement tenir sa promesse de rentrer à la caserne après les élections. De l’autre la situation économique du pays s’est nettement améliorée ces 15 derniers mois. Pour 2006, la croissance économique dépasse les 13%.