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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron1 décembre 2006

RDC – Darfour

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Fin du mandat de l'EUFOR en RDC
Fin du mandat de l'EUFOR en RDCImage : AP

Cette semaine c’est tout d’abord la République démocratique du Congo qui retient l’intérêt des journaux.

Un intérêt mêlé d’appréhension, et de nombreuses interrogations, même si l’acceptation de sa défaite par Jean-Pierre Bemba est accueillie avec soulagement. La Tageszeitung de Berlin par exemple titre sur l’avenir difficile de la RDC. Les élections au Congo, écrit le journal, passent pour le principal progrès politique en Afrique depuis la fin de l’apartheid en Afrique du sud en 1994. Mais le pays n’en retire aucun dividende démocratique. Quand le gouvernement de Joseph Kabila prendra ses fonctions en janvier 2007, il trouvera des caisses vides et aura face à lui des bailleurs de fonds intransigeants. Depuis 2003 le gouvernement de transition n’a dû sa survie qu’aux milliards de dollars injectés par les donateurs étrangers. Pour préserver la paix la communauté internationale a maintenu en vie un Etat corrompu et violent. Après les élections il s’agit tout d’abord de domestiquer cet Etat. Pour la Süddeutsche Zeitung, le bon déroulement des élections ne garantit nullement que les Congolais en récolteront les fruits. Ces élections doivent être comprises comme le début seulement d’un laborieux processus de reconstruction. Nul ne peut prédire pour l’instant, souligne le journal, si le Congo parviendra à se libérer du lourd héritage de décennies de dictature et de guerre. Et dans l’immédiat notre confrère aurait souhaité que l’EUFOR, dont le mandat s’est achevé le 30 novembre, reste encore quelques mois dans le pays. Qui oserait faire des pronostics positifs pour l'avenir du pays, demande de son côté le quotidien Die Welt. Les soldats européens, Allemands compris, ne veulent qu’une chose: quitter au plus vite le Congo. Et poursuit Die Welt, à y regarder de plus près on pressent que tout ceci n’aura peut-être été qu’une opération destinée à éviter un autre mandat, plus robuste, dans la tragédie du Darfour.

Le Darfour, justement, continue d’être très présent, cette semaine, dans la presse allemande. Par exemple dans la Süddeutsche Zeitung qui publie une interview avec Jan Pronk, l’émissaire spécial des Nations unies au Soudan. En octobre, on s’en souvient, Jan Pronk a été expulsé par les autorités de Khartoum pour avoir affirmé que l’armée soudanaise avait subi des revers au Darfour. Dans cet entretien le diplomate néerlandais garde son franc parler pour fustiger à la fois les violences contre les civils du Darfour et la passivité de la communauté internationale. Le gouvernement soudanais, souligne Jan Pronk, a violé le traité de paix au Darfour dont il était signataire. Il bombarde des villages, il recrute de plus en plus de soldats. Nous verrons encore plus de victimes et plus de souffrance. Or s’indigne Jan Pronk, la communauté internationale n’a absolument pas réagi à cette violation du traité de paix par Khartoum. N’importe quelle réponse aurait mieux valu que pas de réponse du tout. Une amorce de réponse est peut-être en train d’émerger du côté de Berlin. Toujours est-il que, comme le relève la presse, le refus opposé jusqu’à présent par le gouvernement allemand à l’envoi de soldats au Darfour n’est pas figé dans le marbre. Des voix s’élèvent chez les sociaux-démocrates, les Verts et même au ministère des affaires étrangères, pour juger ce refus intenable, note par exemple la Tageszeitung, qui relève que, curieusement, un mandat parlementaire existe depuis longtemps déjà pour la présence de la Bundeswehr au Darfour. 200 soldats allemands peuvent être mobilisés pour appuyer la force de l’Union africaine. Ce mandat, voté en novembre 2004 par les députés est reconduit tous les six mois . Il n’est simplement pas appliqué. La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’interroge sur les perspectives de succès d’une mission de paix au Darfour. Des perspectives plutôt mauvaises tant que le gouvernement de Khartoum ne jouera pas le jeu. Et pourtant, comme le note entre autres Die Welt, le ministre de la défense en personne, Franz Josef Jung, plaide à présent pour une mission élargie de la Bundeswehr au Darfour. Un plaidoyer, et nous revenons à la case départ, qui provoque une résistance grandissante au sein de la coalition gouvernementale, souligne Die Welt.