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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Aude Gensbittel24 novembre 2006

Cette semaine, plusieurs journaux consacrent des articles à la crise dans la province soudanaise du Darfour. Une crise qui dure depuis 2003 et qui va en s’aggravant.

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Camps de réfugiés au Darfour
Camps de réfugiés au DarfourImage : AP

C’est ce que note la Frankfurter Rundschau, qui évoque la poursuite des attaques sur la population civile au Darfour par l’armée soudanaise et les milices djandjawides. Le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Jan Egeland, a écourté sa visite dans la région, car les autorités ont jugé « trop dangereux » la plupart des lieux où il voulait se rendre. Le responsable norvégien, rapporte le journal, a trouvé la situation bien plus grave que lors de ses précédentes visites. Au lieu d’un million, il y a maintenant quatre millions de personnes qui ont besoin d’aide au Darfour. Mais plusieurs organisations d’aide humanitaire ont justement évacué leur personnel pour des raisons de sécurité. De plus, l’annonce faite la semaine dernière par le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan sur un accord avec le gouvernement soudanais, en vue d’une mission conjointe de l’Union Africaine et des Nations Unies, a depuis été démentie par Khartoum.

Le journal die Welt publie de son côté l’interview d’un avocat soudanais Salih Mahmoud Osman. Un avocat spécialisé dans la défense des droits de l’Homme et qui déplore lui aussi un situation bien pire qu’il y a un an. Il affirme que le traité signé au mois de mai n’a pas apporté la paix escomptée et que le gouvernement utilise le fait que tous les groupes rebelles ne l’aient pas signé comme excuse pour envoyer plus de troupes dans la région. Il dénonce l’attaque de camps de réfugiés, non seulement au Darfour, mais aussi de l’autre côté de la frontière, au Tchad. Pour lui, on peut véritablement parler de génocide.

Autre fait marquant que rapportent les journaux allemands cette semaine, c’est l’incendie de la cour suprême à Kinshasa, en République Démocratique du Congo.

Die Welt relate les événements survenus mardi en RDC. Comment les partisans de l’ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux au second tour de l’élection présidentielle face à Joseph Kabila, comment ces partisans donc ont attaqué la cour suprême de justice à Kinshasa. La cour suprême qui examinait le recours déposé par le camp Bemba après l’annonce des résultats provisoires. Le vice-président, qui a obtenu 42% des suffrages selon les chiffres officiels de la Commission Electorale Indépendante, s’estime victime de manipulations lors du scrutin. Le quotidien relève que la police et la Monuc ont calmé les troubles, sans que l’intervention de la force européenne, l’Eufor, soit nécessaire.

Dans une semaine, l’Union Européenne veut retirer ses troupes de RDC. Il faudrait peut-être songer à revoir cette date, car la situation est encore loin d’être stable dans le pays. C’est là l’opinion de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui estime que comme c’est souvent le cas au Congo, les raisons derrière de tels événements sont difficiles à analyser. Mais ils font en tout cas douter de la parole de Jean-Pierre Bemba, qui affirmait ne pas vouloir utiliser la violence en cas de défaite. L’incident montre que la nette victoire de Kabila n’a pas suffi à apporter la paix au pays.

Enfin la presse s’intéresse également au sommet de Tripoli entre ministres européens et africains. Un sommet consacré à l’immigration.

Comme le dit la Süddeutsche Zeitung, ministres africains et européens étaient réunis cette semaine dans la capitale libyenne pour débattre ensemble de la forme d’une politique d’immigration qui soit « utile aux deux continents ». Pour le quotidien, il semble que la perspective de voir les belles paroles effectivement suivies par des actions se soit améliorée. Et il semble aussi que l’Allemagne soit enfin prête à cesser de bloquer les concepts européens d’immigration, notamment un instrument que la Commission Européenne veut utiliser depuis longtemps : les états membres devraient déclarer à Bruxelles s’ils ont besoin d’immigrants légaux. Avec un système de quotas, la Commission pourrait ainsi mieux gérer les flux migratoires. Mais c’est là que commencent les véritables problèmes : comment réussir à concilier les intérêts des deux continents, quand l’Europe réclame de la main d’œuvre qualifiée, mais qu’en Afrique ce sont des millions de jeunes chômeurs sans formation qui attendent qu’on leur donne une chance ?