1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron17 novembre 2006

RDC – Tchad – Ouganda

https://p.dw.com/p/C2jY
Joseph Kabila
Joseph KabilaImage : AP

Nous commençons par la République démocratique du Congo, puisque la Commission électorale indépendante a maintenant publié les résultats du second tour de l’élection présidentielle. Joseph Kabila recueille 58% des voix, contre 42% pour Jean-Pierre Bemba. Mais ce dernier conteste les résultats. Bemba justement a toujours juré être un bon démocrate, relève la Süddeutsche Zeitung. L’ancien chef de guerre doit prouver maintenant qu’il est aussi un bon perdant. S’il devait tenter de corriger le résultat électoral à coup de kalachnikov, beaucoup de Congolais y perdraient la vie. Kinshasa vit en ce moment des journées dangereuses, écrit le journal dans son édition de jeudi. Leur déroulement aura des conséquences pour la région toute entière. Si le Congo retombe dans le chaos et la violence, il faudra attendre longtemps avant de pouvoir jeter les bases d’un Etat congolais. Des troubles internes encourageront les pays voisins à intervenir au Congo et à piller les ressources naturelles, comme ils l’ont déjà fait pendant la guerre. Et, ajoute notre confrère, si le pays implose, la communauté internationale, frustrée, s’en détournera à coup sûr. N’a-t-elle pas dépensé des milliards pour faire de l’expérience risquée des élections un succès? Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la victoire de Joseph Kabila n’est pas plus surprenante que la réaction de son rival, Bemba donc, qui a dénoncé des fraudes. Mais la force européenne à Kinshasa, l’Eufor, achèvera bel et bien sa mission le 30 novembre comme prévu, assure le journal. Les Congolais seront alors tenus de veiller eux-mêmes à la stabilité et à un nouveau départ en matière de démocratie. C’est une bonne chose, souligne notre confrère. Die Welt dresse un bilan mitigé des cinq premières années de présidence de Kabila. En tant que chef de l’armée congolaise, il est parvenu à s’allier les généraux et à mettre un terme à la guerre qui faisait rage depuis 1998. Les habitants des provinces de l’est, les plus touchées par la guerre, lui en sont reconnaissants et sont parmi ses électeurs les plus fidèles. Mais, poursuit Die Welt, le conflit avec différents groupes rebelles dans l’est du pays n’est pas réglé. La corruption reste florissante et Kabila n’a pas réussi à mettre la richesse du pays en matières premières au service de la lutte contre la pauvreté.

La presse allemande se fait également l’écho de la proclamation de l’état d’urgence sur une large partie du Tchad, et elle s’inquiète de l’évolution de la situation.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung note qu’entre 200 et 300 personnes ont trouvé la mort lors d’affrontements entre agresseurs arabes et populations non arabes à la frontière Est du Tchad, près du Darfour. Ces affrontements, écrit le journal, semblent nourrir la crainte que la guerre au Darfour ne dégénère en conflit régional impliquant le Tchad et la République Centrafricaine. Depuis un an le président tchadien Idriss Déby doit faire face à des attaques répetées de rebelles opérant à partir du Soudan. Et depuis la fin octobre, c’est la Centrafrique, au sud du Tchad, qui se voit confrontée à une rébellion, téléguidée par le Soudan selon le président Bozizé. Lequel François Bozizé, poursuit le journal, passe pour un allié fidèle du président Déby, celui-ci l’ayant aidé en armes et en troupes pour renverser Ange-Félix Patassé en mars 2003.

Enfin la presse allemande nous présente cette semaine une Ougandaise qui se distingue par le courage de son combat contre le sida. Beatrice Were, c’est son nom, a été invitée en Europe par Human Rights Watch qui lui a décerné l’an dernier sa plus haute distinction. Il y a 15 ans, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, son mari est mort du sida. Il ne lui en avait jamais parlé. Beatrice avait à l’époque 25 ans, et deux jeunes enfants. Peu aprés le décès de son mari, elle apprend qu’elle est séropositive. Mais note le journal, la crainte de laisser ses enfants seuls au monde, le sentiment aussi d’avoir subi une terrible injustice vont lui donner la force d’agir. Beatrice Were a créé la Communauté nationale des femmes qui vivent avec le sida, une organisation qui se bat pour les droits des veuves et qui compte 40 000 membres. Beatrice vit depuis 15 ans avec sa séropositivité. Elle prend régulièrement ses médicaments et elle s’est entre-temps remariée, nous apprend le journal.