Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Nous commençons par la République démocratique du Congo. Le second tour de l’élection présidentielle, entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, fait écrire à la Tageszeitung que la force européenne doit impérativement prolonger son mandat au-delà du 30 novembre. Après la proclamation des résultats le 19 novembre, une nouvelle guerre risque d’éclater dans la capitale. S’il était judicieux, souligne le journal, de déployer l’EUFOR pendant quatre mois à partir du premier tour, il l’est tout autant de le faire aussi pendant quatre mois à partir du second tour. La prolongation du mandat de la troupe européenne devrait être une décision de routine. Mais elle fait peur à la politique allemande qui a tout fait, au niveau européen, pour l’empêcher. Il est grand temps de changer cela, ajoute la TAZ. Sinon les Allemands présents à Kinshasa plieront bagage au moment précis où les tensions y atteindront leur point d’ébullition. Les déclarations du ministre de la défense Franz Josef Jung au quotidien Die Welt ne laissent pourtant planer aucun doute sur la détermination des Allemands à quitter Kinshasa à la date prévue. "La mission de la Bundeswehr au Congo", martèle le ministre, "s’achèvera le 30 novembre".

L’expulsion, par le gouvernement soudanais, de l’émissaire spécial de l’ONU pour le Soudan, Jan Pronk, fait aussi couler de l’encre cette semaine dans la presse allemande. La Tageszeitung comme la Süddeutsche Zeitung qualifient Jan Pronk de diplomate sincère. Il n’a pas craint, écrit la Süddeutsche Zeitung, de nommer ouvertement la situation intenable qui règne au Darfour. Les dirigeants soudanais, poursuit notre confrère, poursuivent surtout deux objectifs: premièrement affaiblir l’ONU pour atténuer la pression sur leur régime et empêcher le déploiement prévu de casques bleus. Deuxièmement, régler militairement le conflit avec les rebelles du Darfour pour sauver leurs prébendes et ne pas devoir partager le pouvoir. La situation au Darfour a de quoi frustrer les médiateurs, reconnait le journal, mais la communauté internationale n’a pas le droit de s’en détourner. C’est la vie de millions de déplacés qui est en jeu.Rien que des batailles de mots, titre de son côté l’hebdomadaire Die Zeit qui dénonce la passivité de l’Europe. Mais que nous importe le Darfour, s’interroge le journal. Il n’y a pas d’intérêts allemands, européens ou occidentaux à défendre. Il n’y va pas de la chasse aux terroristes ni du "choc des civilisations, ni non plus de l’approvisionnement énergétique de l’occident ou de l’endiguement de vagues de réfugiés. Les bourreaux comme les victimes sont musulmans, le pétrole coule de toute façon vers la Chine et les expulsés arrivent au mieux jusqu’au Tchad, pas à Lampedusa. Reste une question effroyablement simple: celle de l’éthique et de la morale. L’Europe, souligne Die Zeit, a le choix entre agir avec détermination et faire comme si, auquel cas nous devrions avoir l’honneteté de nous délivrer une déclaration de faillite morale. Un crime contre l’humanité semblable au génocide au Rwanda pourrait se produire, parce qu’il y avait toujours quelque chose de plus important à faire, et parce qu’au Darfour ce ne sont que des noirs, précisément qui meurent.

Dans un tout autre registre, la Frankfurter Allgemeine Zeitung délivre un message infiniment plus positif en évoquant les excellentes performances de la compagnie aérienne éthiopienne. Ethiopian Airways, qui fête cette année ses 60 ans, n’a pas à redouter la comparaison avec les compagnies aériennes des pays industriels, note le journal. Et elle fait des profits. Pour l’exercice 2004/2005, l’entreprise a engrangé un bénéfice de 41 millions de dollars. Cette année le vol à haute altitude s’est poursuivi, avec une hausse de 21% du chiffre d’affaires. Des chiffres qui, souligne le journal, constituent une exception au sein de l’industrie aéronautique du continent africain.