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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé20 octobre 2006

Programme du G8 pour l'Afrique - Côte d'Ivoire - adoption d'enfants par les stars

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La prochaine rencontre des pays les plus industrialisés de la planète (G8) a lieu en juin prochain en Allemagne, à Heiligendamm, au bord de la Baltique… La chancelière Angela Merkel, qui présidera ce sommet, envisage de le dédier à l’Afrique. Le programme présenté cette semaine au gouvernement, ressemble à première vue à un cahier de doléances altermondialiste, commente ironiquement la tageszeitung de Berlin : lutte contre le réchauffement climatique, dimension sociale de la mondialisation, régulation des marchés financiers internationaux, et surtout aide au développement en Afrique, ce seront les thèmes centraux de ce G8. Concrètement, nous explique la Süddeutsche Zeitung, Angela Merkel souhaite mettre en place des partenariats entre chaque pays du G8 et les pays d’Afrique qui font le plus d’efforts en matière de réformes et qui ouvrent leurs marchés aux investisseurs privés. Pour atteindre les objectifs du Millénaire en effet, l’argent seul ne suffit pas, même s’il serait souhaitable que les Grands de ce monde se rappellent les promesses qu’ils ont faites lors de la rencontre de Gleneagles l’année dernière, à savoir de consacrer 50 milliards de dollars par an au développement. Le Tagesspiegel met en garde toutefois contre l’idée de choisir les pays partenaires selon des critères trop sévères : les Etats réformateurs comme le Botswana ou le Ghana sont déjà impliqués dans des partenariats économiques privés ; il ne faudrait pas oublier les « pays à problèmes » comme le Nigeria, le Congo ou le Soudan. La Frankfurter Allgemeine Zeitung pense que le programme de la chancelière pour l’Afrique a pour objectif de calmer les adversaires de la mondialisation et les ONG qui ne manqueront pas de se faire entendre.

L’Union Africaine a recommandé de prolonger d’un an le mandat de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. La scène est libre pour le combat des chefs, titre la tageszeitung, pour qui la décision de l’UA est comme un jugement de Salomon : Laurent Gbagbo reste en poste, mais il n’a plus rien à dire puisque c’est le Premier ministre Charles Konan Banny qui régit le pays. Du moins sur le papier. Le journal rappelle que le modèle qui consiste à affaiblir le président au profit du Premier ministre a déjà montré ses limites. Lors du sommet de l’Union africaine, Charles Konan Banny a en effet confessé que malgré la résolution de l’Onu qui lui avait déjà accordé des compétences élargies l’an dernier, il n’avait pas pu les utiliser, notamment parce qu’il ne disposait pas du budget nécessaire. Un point que reprend également la Frankfurter Allgemeine Zeitung : L’Union africaine veut donner à Charles Konan Banny le pouvoir de signer des décrets. Mais ceci n’est pas possible car la constitution ivoirienne ne prévoit ce pouvoir que pour le Chef de l’Etat. Par ailleurs, Banny est censé avoir le contrôle de l’armée, qui est en fait le pilier du régime de Gbagbo. Or le chef d’état-major ivoirien Philippe Mangou ne prend même pas les appels du ministre de la Défense, mais reçoit ses ordres directement du Palais présidentiel... Enfin, le candidat trouvé par l’Union Africaine pour faire face à Laurent Gbagbo a montré au plus tard lors du scandale des déchets toxiques d’Abidjan qu’il n’était pas en mesure de gérer une crise politique importante. Si la communauté internationale s’accroche à lui, c’est parce qu’elle n’a pas d’autre alternative.

A propos des déchets toxiques, justement, la Berliner Zeitung fait le point sur la situation à Abidjan, huit semaines après le scandale : 10 morts, 69 personnes encore à l’hôpital, et plus de 100.000 consultations chez le médecin... et personne pour endosser la responsabilité. La catastrophe est loin d’être surmontée. Les habitants d’Akouédo ont perdu leurs champs qui bordaient les décharges et avec eux, leurs sources de revenus. Le ministère de l’Agriculture a promis des compensations, mais elles suffiront pour quelques semaines. Que feront les gens pour survivre après cela ? Personne ne le sait.

Enfin, l’adoption d’un petit enfant malawite par la star de la pop Madonna fait couler beaucoup d’encre. Cela a failli être une adoption éclair. En onze heures de temps, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung, David Banda, 13 mois, est passé de l’extrême pauvreté à l’extrême richesse. Madonna est arrivée dans la vie de ce mi-orphelin comme un « mélange de déesse blanche et de bonne fée », commente à son tour la Süddeutsche Zeitung, même si les mauvaises langues diront qu’elle n’avait pas été aussi émue depuis l’achat de la dernière paire de chaussures Gucci... L’affaire avait été réglée en quelques signatures d’un juge bien disposé – il faut dire que la Diva de la pop a fait l’année dernière un don de 300 millions d’euros à un orphelinat. Mais c’était sans compter sur les organisations des droits de l’enfant, qui ont empêché que l’adoption de David Banda ressemble à un achat immobilier. La loi malawite prévoit en effet que les parents adoptifs vivent 18 mois dans le pays avant de pouvoir emmener leur enfant. Et théoriquement, les parents ne choisissent pas leur enfant sur un catalogue, mais en reçoivent un à charge.

S’il y a une personne qui ne comprend pas toute cette agitation, conclut le journal, c’est bien le père de David Banda. Lui n’a aucun problème avec cette adoption. Il souhaite seulement que son fils ait une vie meilleure que lui.