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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron15 septembre 2006

Côte d’Ivoire – Soudan

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Dépôt de déchets à Abidjan
Dépôt de déchets à AbidjanImage : picture-alliance/dpa

C’est la Côte d’Ivoire qui cette semaine a tristement la vedette dans les journaux. Le scandale des déchets toxiques déversés à Abidjan fait couler beaucoup d’encre.

On en était dernièrement à 6 morts et 9 000 cas d’intoxication – et pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le fait que des gens meurent chaque jour dans la métropole ivoirienne parce qu’une entreprise criminelle a déversé en plein air 600 tonnes de résidus toxiques est symptômatique de l’état du pays. Une entreprise du nom de Tommy, dont personne jusqu’alors n’avait entendu parler dans le port d’Abidjan, reçoit l’autorisation officielle de traiter des boues toxiques alors qu’elle n’a ni l’expérience ni les installations nécessaires. Mais souligne le journal cela n’a rien d’étonnant, aujourd’hui en Côte d’Ivoire tout s’achète. A Abidjan l’autorité portuaire et le ministre des transports se renvoient mutuellement la responsabilité du scandale. Le directeur du port est un fidèle du président Gbagbo, ce qui lui a sans doute valu l’un des postes les plus lucratifs du pays. Le ministre des transports appartient à l’opposition. Un ancien collaborateur de Greenpeace, cité par la Süddeutsche Zeitung, dénonce le plus grand scandale de déchets toxiques en Afrique depuis 1988. A l’époque l’Italie avait tenté d’envoyer illégalement au Nigéria 2 000 tonnes de déchets toxiques. Ce n’est pas sans raison, note de son côté la Frankfurter Rundschau, si depuis les années 70 les contrats entre firmes européennes et gouvernements africains corrompus ou désespérés se multiplient. Pour quelques millions de dollars, ces derniers acceptent n’importe quelle quantité de déchets toxiques. Et le journal de rappeler le déversement, dans les années 90, d’une quantité inconnue de déchets en partie radioactifs au large de la Somalie. Des déchets rejetés sur les plages lors du tsunami de décembre 2004. La Tageszeitung dénonce quant à elle l’expression de l’arrogance de l’homme blanc . Lorsqu’il foule le sol africain et peut y vivre en toute impunité ses bas instincts de domination, cette arrogance laisse derrière elle des traces toxiques, même là où elles ne sont pas chimiquement décelables.

Le Soudan reste cette semaine un autre centre d’intérêt pour la presse allemande.

Le Sud-Soudan tout d’abord, et là aussi il est question de déchets. L’hebdomadaire Der Spiegel nous livre un reportage sur Juba, la capitale donc d’une région largement autonome depuis la conclusion de l’accord de paix entre le régime de Khartoum et les ex-rebelles de la SPLA. Juba où, lit-on dans ce reportage, plusieurs centaines de personnes sont déjà mortes du choléra et sur laquelle plane une forte odeur d’excréments et de décomposition. La SPLA, note le Spiegel, n’a pas le temps de s’occuper du choléra. Elle est occupée à importer des 4x4 Toyota aux vitres teintées , prix par véhicule: 50 000 dollars. Mais rares sont les Toyota qui roulent à Juba, il n’y a pratiquement pas de routes. Un cimetière de chars sert de cloaque monumental aux nombreuses organisations humanitaires présentes sur place. Personne n’a envie de construire des latrines, ni même d’enlever les cadavres de boeufs en décomposition. Sultan Ismail Jumbo, le crieur public, est le seul à sillonner la ville dans sa vieille Peugeot pour alerter la population: lavez-vous les mains, ne buvez que de l’eau propre. Les gens, dit-il, croyaient que les étrangers, les chawadjas comme on les appelle à Juba, étaient venus pour enlever les ordures, mais ils préfèrent organiser des séminaires. Un autre hebdomadaire, Die Zeit, consacre deux pages au Darfour. Entre autres pour publier un appel signé de l’actrice américaine Mia Farrow qui a visité plusieurs fois le Darfour comme ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF. Mia Farrow qui demande l’envoi de casques bleus de l’ONU au Darfour. Il est pour moi incompréhensible et inacceptable, écrit-elle, que nous ne fassions rien face au premier génocide de ce siècle, alors que nous savons ce qu’il faut faire.