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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron30 août 2006

RDC – Emigration

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Après les violences survenues à Kinshasa, la République démocratique du Congo domine à nouveau l’actualité africaine dans les journaux allemands.

45% pour Joseph Kabila, 20% pour Jean-Pierre Bemba – l’annonce d’un second tour de l’élection présidentielle a été suivie dans la capitale congolaise d’affrontements qui suscitent l’inquiétude de nombreux commentateurs. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung l’attaque de la résidence de Jean-Pierre Bemba par la garde présidentielle de Kabila visait apparemment à éliminer un adversaire. Dans ces conditions la mission européenne au Congo est menacée d’échec avant même d’avoir vraiment commencé. Pour des raisons de crédibilité, poursuit le journal, il n’est pas question d’annuler le second tour. Mais que choisir? Kabila ne se laissera pas écarter du pouvoir sans répondre par les armes. Miser sur Bemba, qui serait passible de la Cour pénale internationale, reviendrait également à jouer avec le feu. Bref le Congo a le choix entre la peste et le choléra. La Süddeutsche Zeitung note que les raisons de l’attaque contre la résidence de Bemba restent floues. Mais l’incident montre que dans le sillage du partage du pouvoir l’influence de l’extérieur ne cesse de s’amenuiser. Qui tire sur des ambassadeurs – ceux-là mêmes donc qui étaient réunis chez Jean-Pierre Bemba - qui tire sur des ambassadeurs ne se soucie pas d’une troupe minuscule et incapable, dans ce climat d’agression, de faire de la dissuasion même lorsqu’elle patrouille dans les rues. Les soldats européens, souligne le journal, ne pourront pas empêcher l’escalade de la violence. Le pouvoir vient à nouveau des fusils, titre la Tageszeitung de Berlin. Les élections sont loin de garantir la démocratie. Sans compter qu’une question fondamentale reste sans réponse: qui gouverne le Congo. Les deux principales figures du gouvernement de transition, qui devraient prendre ensemble toutes les décisions, en sont arrivées finalement à se faire la guerre. Ce qui manque, c’est une instance neutre. Dans la phase la plus critique de son processus de paix, le Congo se retrouve subitement sans gouvernail. La Frankfurter Rundschau forme malgré tout pour les Congolais le voeu que cette élection ne déchire pas leur pays en morceaux pris respectivement comme butin par Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Mieux vaudrait une variante non violente du partage du pouvoir entre président et vice-président. Pour Die Welt enfin, qui est un tantinet plus optimiste, le second tour pourrait quand même avoir l’effet bénéfique d’empêcher l’éclatement d’une violence massive. Kabila comme Bemba devront se projeter au-delà de leurs fiefs électoraux s’ils veulent gagner des voix dans l’ensemble du pays. Reste à savoir, poursuit Die Welt, comment la communauté internationale, qui a déjà déboursé 350 millions d’euros pour le premier tour, entend financer le second.

La presse allemande revient également cette semaine sur l’afflux, ininterrompu, d’immigrants africains qui risquent leur vie pour atteindre les îles Canaries. Des côtes africaines aux Canaries, la traversée est périlleuse, note la Süddeutsche Zeitung. Même par beau temps, beaucoup échouent. Des centaines d’hommes et de femmes sont déjà morts de faim ou de soif. Selon le directeur du bureau de Caritas à Tenerife, renforcer les contrôles en mer n’est pas une solution, il faut améliorer les conditions de vie dans les pays d’origine. De fait, écrit le journal, pour améliorer la coopération avec les gouvernements africains, le gouvernement espagnol a adopté un "plan Afrique" qui fait passer l’aide au développement de 33 millions d’euros en 2003 à 120 millions en 2008. Depuis quelques mois, des émissaires espagnols se rendent régulièrement en Afrique pour négocier des accords de rapatriement. Lesquels ne servent généralement à rien, souligne le journal, car les migrants détruisent leurs papiers pour cacher leur nationalité. Les autorités n’ont donc d’autre choix que de les parquer, par centaines, dans des centres d’accueil. Au bout d’un mois en général ils reçoivent un ordre d’expulsion puis sont jetés à la rue et disparaissent dans la jungle des villes espagnoles.