1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron4 août 2006

RDCongo – Clandestins

https://p.dw.com/p/C74w

La presse pousse cette semaine un soupir de soulagement, après les élections de dimanche dernier en République démocratique du Congo, mais elle reste quand même prudente.

Soulagement tout d’abord au vu du déroulement de ces élections. Le premier obstacle est franchi, écrit la Frankfurter Rundschau. Des millions de Congolais sont allés voter sans qu’il y ait eu d’insurrections, de pannes totales dans l’organisation ou de tricheries massives. Le mérite en revient aux Congolais eux-mêmes. Ils ont saisi une chance unique. Ce fut, note de son côté la Süddeutsche Zeitung, un bon dimanche pour cette population congolaise qui a tant souffert. D’une part les gens ont afflué en masse vers les bureaux de vote, preuve qu’ils prennent au sérieux ces premières élections libres. De l’autre, les choses se sont passées dans le calme, hormis quelques méchants incidents. Un premier petit succès, souligne le journal, sur le chemin laborieux de la pacification de ce pays déchiré. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la forte participation et le déroulement, largement discipliné, des élections font mentir les idées reçues qui veulent que les Africains ne soient pas mûrs pour des élections démocratiques. Mais poursuit le journal, la véritable épreuve est encore à venir, tant pour le Congo que pour les soldats européens stationnés là-bas. Elle a moins à voir avec les élections qu’avec les hommes politiques congolais. Passée l’euphorie du lendemain du scrutin, la presse allemande laisse d’ailleurs percer une certaine inquiétude. Comme le relève la Tageszeitung dans son édition de jeudi, les accusations de fraude et de problèmes dans le dépouillement des voix se multiplient au Congo. William Swing, le chef de la mission de l’ONU en RDC, se dit satisfait de la journée electorale. Mais il refuse de porter un jugement sur le caractère libre et équitable des élections. Les casques bleus de l’ONU et la force européenne, lit-on dans la Frankfurter Rundschau, auront pour mission de faire accepter leur défaite aux perdants. Or certains candidats malheureux menacent déjà de reprendre la lutte armée. Interrogé par Die Welt, le général allemand Karlheinz Viereck, qui assure depuis Postdam le commandement opérationnel de la mission européenne, se dit confiant, même s’il reconnaît qu’un calme tendu règne actuellement dans le pays. La Bundeswehr, souligne-t-il, restera concentrée à Kinshasa, mais l’EUFOR se montrera bientôt dans tout le Congo, à l’exception des provinces de l’est. Quant à la durée du mandat de l’Eufor, quatre mois, le général Viereck pense qu’elle est suffisante, même dans l’éventualité, très probable, d’un second tour à la présidentielle. Quand les résultats du second tour seront connus, dit-il, le moment sera venu pour nous de partir. L’Eufor n’est pas là pour reconstruire le pays.

Un autre sujet revient cette semaine dans la presse allemande: c’est l’émigration clandestine d’Africains subsahariens vers l’Europe.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque cette fois-ci l’afflux de clandestins sur la petite île italienne de Lampedusa. Selon les Nations unies, note le journal, 240 000 immigrants illégaux arrivent chaque année en Europe. Pour l’Italie le chiffre est passé de 2 782 en 2000 à 22 824 en 2005. Le passage entre un port libyen et la côte italienne coûte entre 1 525 et 1 990 euros. Tout durant qu’elles relèvent des forces de sécurité, le conditions d’accueil en Italie ne sont pas inhumaines, souligne le journal. La marine est surtout occupée à sauver du naufrage les réfugiés de la mer. Mais les responsables italiens savent que cette vision humanitaire, conforme aux standards européens, accentue le problème. Chez les candidats africains à l’immigration, l’information a circulé : il suffit d’arriver au seuil de la porte de l’Europe, à portée des forces de sécurité, pour être sauvé. Les gouvernements italiens, de droite comme de gauche, poursuit le journal, se sont rendu compte que ce cercle vicieux ne pouvait être brisé qu’en coopération avec les pays d’origine et de transit des réfugiés.