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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron14 juillet 2006

RDC – Ouganda

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La Bundeswehr à Kinshasa
La Bundeswehr à KinshasaImage : picture alliance

Sans surprise la République démocratique du Congo continue d’éclipser le reste de l’actualité africaine dans les journaux allemands. L’envoi du contingent allemand de l’EUFOR à Kinshasa et à Libreville au Gabon a débuté. Les envoyés spéciaux sont sur place. Des violences se sont produites dans la capitale congolaise.Bref tous les ingrédients sont réunis pour que la presse abonde de reportages et de commentaires. Les élections du 30 juillet, lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, coûteront 470 millions de dollars et seront supervisées comme nul autre scrutin africain jusqu’à ce jour. L’enjeu de ces élections, il est vrai, n’est rien moins que la refondation du Congo en Etat de droit dans lequel la loi prime sur les relations, dans lequel le vol est puni de prison, dans lequel les recettes fiscales sont investies dans des écoles et non des palais. Il y va, souligne le journal, de la réalisation d’un vœu pieux. Une chance pour la démocratie, titre la Frankfurter Rundschau, qui note que la campagne électorale au Congo est loin de répondre aux critères occidentaux. Comme le concède l’Allemand Albrecht Conze, le directeur politique de la mission de l’ONU en RDC, les élections ne pourront pas être correctes à 100%. L’approvisionnement de 53 000 bureaux de vote sur un territoire pratiquement sans routes, de la taille de l’Europe de l’ouest, est un cauchemar logistique qui réservera bien des surprises. Mais comme le souligne Albrecht Conze, cité dans l’article donc, il était pour nous plus important de faire un premier pas plus ou moins acceptable. Si les élections n’ont pas lieu maintenant, c’est tout le processus qui sera compromis. Concernant maintenant la mission européenne au Congo, la Frankfurter Allgemeine Zeitung est d’avis qu’il y a lieu de partager la confiance du ministre allemand de la défense, Franz-Josef Jung. Les soldats, souligne le journal, sont entraînés à maitriser des situations difficiles, et imprévues. Sans oublier que leur mandat au Congo est strictement limité. Ils ne veulent ni ne peuvent imposer un savoir-vivre politique. La responsabilité en revient aux chefs et groupes rivaux du Congo. La Tageszeitung déplore en revanche que les soldats allemands aient pour seule mission d’évacuer au besoin les observateurs électoraux. Aux yeux d’une majorité de Congolais, écrit le journal, le principal risque pour la démocratisation vient du manque de sécurité de la population et de la propension des puissants à la violence. Mais garantir la sécurité des habitants de Kinshasa, y compris contre les escadrons de la mort et des policiers prompts à tirer, ne figure pas jusqu’à présent parmi les tâches des soldats de l’Eufor.

Une première à découvrir aussi, cette semaine, dans la presse allemande : le chef rebelle ougandais Joseph Kony a reçu pour la première fois des journalistes. Parmi eux, une journaliste de l’hebdomadaire Die Zeit. Rencontrer Kony est laborieux, même lorsqu’il veut qu’on le trouve, lit-on sous la plume de Mareike Schomerus. Un avion nous transporte de Juba, au Sud-Soudan, à Maridi, près de la frontière congolaise. Nous continuons en voiture sur des pistes défoncées. Deux unités de soldats Sud-Soudanais escortent le convoi, mené par Riek Machar, le vice-président de la région, à présent autonome, du Sud-Soudan. Riek Machar a proposé sa médiation entre la LRA, l’armée de résistance du seigneur et le gouvernement ougandais. Il veut mettre fin à une guerre qui en 20 ans a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes. Des combattants de la LRA, poursuit notre consoeur, sortent de la brousse. Certains en uniforme,d’autres en T-shirts et jeans. Tous ont des AK-47 et des M-16. Beaucoup d’armes sont flambant neuves. Finalement, et en résumé, après des heures d’attente et une marche à pied qui aboutit au Congo,la rencontre avec Kony aura lieu le lendemain matin. Le chef de la LRA, assis sur une chaise en plastique, accueille les journalistes au milieu d’une clairière. Il nie immédiatement être un terroriste. Mais souligne Mareike Schomerus, la Cour pénale internationale voit les choses d’un autre œil. Le mandat d’arrêt lancé par la CPI contre Joseph Kony ne comporte pas moins de 33 points, tels que viols, assassinats, pillages et recrutement forcé d’enfants.