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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron2 juin 2006

RDCongo – Afrique du sud

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Maintenant que les députés allemands ont approuvé à une large majorité l’envoi de 800 soldats en République démocratique du Congo, la presse allemande continue de s’intéresser à la préparation des élections du 30 juillet.

La Tageszeitung par exemple titre sur l’aspiration des Congolais à la normalité. La mission européenne chargée d’assurer le bon déroulement des élections suscite peu d’intérêt à Kinshasa, écrit le journal. Les gens veulent avant tout un Etat qui fonctionne comme tous les autres. Or comme le font remarquer beaucoup de Congolais, la RDC est le seul pays au monde qui s’offre le luxe d’avoir un président et quatre vice-présidents issus de factions rivales, et cela n’est pas normal. Le chemin de la normalité, souligne la TAZ, n’en est pas moins difficile. Pour les Congolais ces premières élections libres depuis l’indépendance sont un exercice inconnu qui soulève une foule de questions. Comment votera la population des régions rurales sans accès aux médias ? Elira-t-on des têtes connues ou des nouveaux venus ? Quelle sera l’influence des organisations de femmes dont sont issues des candidates indépendantes ? Votera-t-on selon des considérations ethniques ? Autant d’inconnues, souligne le journal, même si le jeune chef de l’Etat, Joseph Kabila, semble avoir les plus grandes chances de l’emporter. L’envoi des soldats allemands, relèvent par ailleurs les journaux, coûtera dans les 56 millions d’euros. Et pour le quotidien Die Welt cette mission n’est qu’un spectacle, de surcroît risqué. Les orateurs de la majorité parlementaire ont enjolivé la situation en allant jusqu’à affirmer que quelques centaines de soldats pourraient stabiliser le Congo. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note en revanche que le mandat de la Bundeswehr et des autres effectifs européens est limité dans le temps et dans l’espace. Il s’agira d’appuyer pendant quatre mois les forces de la Monuc dans leurs efforts de paix et d’améliorer ainsi pour les Congolais les chances de résoudre eux-mêmes leurs conflits. La force européenne n’a ni le mandat ni les moyens d’aller au-delà de cet objectif. S’il n’est pas atteint, la faute n’en reviendra pas à l’Union européenne, mais aux forces politiques congolaises. Il importe de le faire savoir, non seulement à l’opinion publique allemande, mais aussi aux responsables politiques à Kinshasa, souligne la Frankfurter Allgemeine.

Un autre thème relevé cette semaine dans la presse allemande concerne l’Afrique du sud : les autorités sud-africaines ont refusé l’asile politique à un opposant zimbabwéen. Il s’agit d’un ancien député du Mouvement pour le changement démocratique, Roy Bennett.

Roy Bennett, 49 ans, est le trésorier du MDC, lit-on dans la Frankfurter Rundschau. Il a perdu tous ses biens, il a passé huit mois en prison et il doit craindre pour sa vie. Le gouvernement zimbabwéen lui reproche d’avoir organisé un soulèvement armé contre le régime de l’autocrate Robert Mugabe. Il risque pour cela la peine de mort et a fui son pays en mars dernier. Mais sa demande d’asile en Afrique du sud a été rejetée au motif qu’il « ne court aucun risque réel de persécution ». Ce refus, poursuit le journal, a suscité une vague d’indignation en Afrique du sud. L’opposition y voit une nouvelle preuve de la scandaleuse politique de Thabo Mbeki envers le Zimbabwe, le président sud-africain affirmant depuis des années que sa « diplomatie discrète » contribue à apaiser les tensions dans le pays voisin. Or souligne la Frankfurter Rundschau, la situation au Zimbabwe ne fait qu’empirer. Le taux d’inflation dépasse les 1000%, il y a des pénuries de denrées alimentaires, de carburant et de devises. Près d’un tiers des douze millions d’habitants aurait déjà quitté le pays.