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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron19 mai 2006

Allemagne/Congo – Nigéria

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Alors qu’à Berlin la chambre des députés a commencé à débattre de l’envoi de soldats allemands en République démocratique du Congo, la presse commente abondamment la décision du gouvernement fédéral, qui mercredi dernier a dit oui à cette mission.

Les commentaires sont dans l’ensemble plutôt critiques. Noël au Congo, titre la Süddeutsche Zeitung, qui note qu’aucune des conditions déclarées incontournables au début du débat n’est satisfaite. Alors qu’initialement par exemple la France et l’Allemagne devaient fournir chacune un tiers des 1 500 hommes de la troupe européenne, les chiffres sont à présent bien différents. Berlin enverra 780 soldats, la France en restera à 500, et 16 autres pays européens fourniront au total 400 hommes. De plus, poursuit le journal, pour éviter l’impression que Berlin a perdu la main dans les négociations avec Bruxelles, on tente de distinguer subtilement entre forces d’intervention et appui logistique, sans pour autant définir précisément ce que cela signifie dans le détail. Pour la Frankfurter Rundschau, la mission destinée à sécuriser les élections en RDC souffre du syndrome Creep, entendez par là la tendance à changer subrepticement de volume. Ainsi est-on passé de 500 à 800 soldats, alors que les quatre mois prévus ne sont plus qu’une prétendue durée de base, et que le lieu d’intervention n’est plus seulement dans Kinshasa mais aussi tout autour de Kinshasa. Autant d’imprécisions qui selon le journal s’expliquent par la mauvaise préparation de cette mission. L’ancien inspecteur de l’armée de terre, Helmut Willmann, se dit convaincu, dans les colonnes de Die Welt, que les soldats allemands sont mentalement et militairement bien préparés à leur mission au Congo. Leur équipement pourrait en revanche poser des problèmes. La Bundeswehr manque de véhicules suffisamment blindés contre les mines et les tirs. Maintenant, pour ce qui est de l’utilité d’une telle mission, Helmut Willmann est plus que sceptique. La mobilisation d’une troupe, souligne-t-il, est toujours commandée par l’intérêt national. Or jamais il n’a eu connaissance d’une quelconque stratégie allemande dans laquelle le Congo ait été mentionné parmi les priorités géopolitiques ou géostratégiques, L’Allemagne s’est laissée entraîner dans cette mission, car le Congo a toujours fait partie de la sphère d’intérêts français.

D’autres journaux approuvent quand même la décision gouvernementale. Exemple la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui écrit que même si les risques liés à cette intervention sont grands et quasi incalculables, les espérances qu’elle suscite sont à la hauteur de ces craintes. Il est peut-être naïf de croire ainsi pacifier et stabiliser le Congo. Mais il est de l’intérêt de l’Europe et de l’Allemagne qu’au moins la tentative soit faite. Ces élections libres, souligne de son côté la Tageszeitung, sont essentielles pour la RDC. Le résultat du scrutin doit donc être au-dessus de tout soupçon. Après avoir financé et organisé le processus électoral, la communauté internationale ne peut pas en abandonner l’issue au droit du plus fort. L’absence de solutions aux conflits politiques du Congo n’en reste pas moins cruelle, poursuit le journal. Et là, sur le plan non plus militaire mais politique, l’Allemagne est également interpellée.

Enfin au Nigéria, le Sénat a rejeté l’amendement constitutionnel qui aurait permis au président Obasanjo de briguer un troisième mandat à l’élection présidentielle de 2007. Pour la presse allemande, c’est plutôt une bonne nouvelle. En tout cas, comme le note la Tageszeitung, elle a suscité au Nigéria une explosion de joie, toutes ethnies confondues. Selon un sondage d’opinion, 70% des Nigérians étaient hostiles à un troisième mandat. La façon dont le projet d’amendement constitutionnel avait été lancé avait divisé un peu plus le pays, souligne le journal. Cela dit personne ne s’attend à ce que le calme revienne pour autant dans le paysage politique nigérian. Car la course pour la présidentielle de 2007 est maintenant ouverte. Sans Obasanjo l’élection pourrait donner lieu à un réel suspense.