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Afropresse. l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé12 mai 2006

Zuma - Darfour - RDC

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Jacob Zuma, acquitté dans son procès pour viol. Il comparaîtra à nouveau dans quelques semaines pour une affaire de corruption.
Jacob Zuma, acquitté dans son procès pour viol. Il comparaîtra à nouveau dans quelques semaines pour une affaire de corruption.Image : dpa

Cette semaine, l’ensemble de la presse revient sur la journée de lundi, qui a vu l’acquittement de Jacob Zuma dans son procès pour viol, en Afrique du Sud. Une journée mémorable, car l’acquittement de l’ancien bras droit du président Thabo Mbeki a provoqué un état de siège à Johannesburg. A l’issue de longues heures de lecture du verdict retransmises en direct dans tout le pays, rapporte Die Welt, le juge Willem van der Merve finit par donner raison à l’accusé : les relations sexuelles que Jacob Zuma a eues avec la plaignante, une jeune femme de 31 ans amie de la famille et séropositive, ces relations étaient consentantes. Un verdict qui met fin au procès le plus retentissant de l’histoire du pays depuis l’Apartheid. Un procès, note la Frankfurter Rundschau, qui a été une sévère épreuve de résistance pour le jeune système démocratique sud-africain. Le journal montre sur une photo les regards désillusionnés des militantes des droits des femmes, derrière le mouchoir blanc qui leur couvre la bouche en signe de protestation. Ces femmes, explique le journal, ont versé des larmes à l’annonce du verdict. Pas seulement à cause de l’acquittement, ajoute la Tageszeitung, mais également parce que la plaignante a reçu des menaces d’intimidation. « Les partisans de Zuma ont crié pendant des jours que c’était une pute, explique une représentante du centre d’études sur la violence, ils ont aussi menacé de la tuer. » Les féministes craignent que le nombre de procès pour viol diminue à cause de cette affaire. Pour les partisans de Jacob Zuma au contraire, cette femme a servi d’appât pour déstabiliser le vice-président de l’ANC, le parti au pouvoir, parce que l’ancien combattant de la liberté était devenu trop dangereux. Jacob Zuma n’a en effet jamais caché son ambition de briguer la place du numéro un lors de la prochaine présidentielle en 2009.

Les activistes anti-SIDA aussi, ont dénoncé le verdict, comme l’explique la Süddeutsche Zeitung. D’abord parce que selon eux, la jeune femme n’aurait jamais accepté d’avoir des relations non protégées tout en sachant qu’elle pouvait contaminer son partenaire. Ensuite parce qu’ils sont indignés par les arguments que Zuma a utilisés pour justifier la relation sans préservatif : pour réduire les risques d’infection, il a tout simplement pris une douche directement après le rapport. Or l’ancien membre du gouvernement, rappelle le journal, avait dirigé plusieurs campagnes de lutte contre l’épidémie… Pour redorer son blason, Jacob Zuma a présenté à la radio ses excuses publiques à la population pour l’oubli du préservatif, rapporte la Tageszeitung. « J’aurais dû mieux le savoir », a admis l’acquitté, glissant au passage qu’il continuait à prôner la prévention contre le sida et le renforcement des droits des femmes dans le pays. La morale est donc rétablie.

Un autre sujet qui a retenu l’attention des journaux, c’est la signature à Abuja d’un accord de paix sur le Darfour entre la principale faction rebelle et le gouvernement soudanais. Un accord qui pour la première fois depuis trois ans, laisse entrevoir un espoir pour l’ouest soudanais, estime la Süddeutsche Zeitung. Mais le véritable test pour Khartoum reste encore à passer : le gouvernement soudanais doit d’ici le 15 mai entreprendre le désarmement des milices djandjawids, milices qu’il a lui-même armées et entraînées dans la guerre. Une mission difficile et dangereuse. Mais la communauté internationale ne doit pas se laisser berner une nouvelle fois par Khartoum, prévient le quotidien. Seul le domptage des djandjawids pourra apporter la paix au Darfour. La Frankfurter Rundschau est également sceptique sur l’accord d’Abuja. Pour le journal, ce n’est pas un bout de papier qui peut faire cesser les souffrances des populations du Darfour, mais bien l’envoi d’une troupe des Nations Unies pour aider les soldats de l’Union africaine qui en ont bien besoin.

Enfin, on voit que l’envoi de soldats allemands en République démocratique du Congo pour les élections du 30 juillet inquiète toujours autant l’opinion. Deux interviews cette semaine, l’une publiée par Die Welt, et l’autre par l’hebdomadaire Spiegel, ont clairement pour objectif de rassurer. Dans le premier entretien, le général italien Mosca Moschini, responsable de la planification militaire de la mission au niveau européen, précise que la troupe européenne aura un effet dissuasif, qui devrait empêcher des débordements pendant et après le scrutin. Des débordements qui sont donc peu probables, estime le général qui rappelle que les forces congolaises et celles de la Monuc, la mission de l’ONU en RDC, sont les principales responsables en cas de problème. Même écho dans les propos du général (encore !) allemand Manfred Eisele, expert en questions africaines, au Spiegel. Les conditions de sécurité sont certes incertaines en République démocratique, mais les troupes allemandes basées à Kinshasa ne devraient pas rencontrer d’enfants soldats, ni affronter les milices de candidats recalés. La communauté internationale, estime le général, doit faire en sorte que ces premières élections libres, premier pas vers la démocratie, se déroulent correctement. A long terme, les intérêts européens sur les ressources naturelles congolaises figureront à l’ordre du jour. Ce qui, pour la Tageszeitung, est le cas depuis longtemps. La France, affirme le journal, a des objectifs ambitieux en RDC. La troupe européenne est le point culminant des efforts de séduction de la diplomatie française envers Kinshasa. Selon la taz, le Katanga promet de poser le plus de problèmes pendant les élections à cause de ses immenses ressources économiques. Personne ne peut entendre avoir une influence quelconque sur le développement économique du Congo sans contrôler la région. Les intérêts français sont donc en première ligne.