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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé5 mai 2006

RDC - Tchad

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Cette semaine, la République démocratique du Congo fait encore couler de l’encre… Les élections présidentielle et législative ont été reportées au 30 juillet. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se permet de rappeler que la date initialement prévue était le 18 juin. Beaucoup considèrent que la nouvelle échéance est encore trop proche, étant donné le retard dans l’organisation du scrutin. Un retard qui concerne notamment l’impression des bulletins de vote, qui doivent comporter le nom du candidat, sa photo et le logo de son parti, et dont l’appel d’offre n’a pas encore commencé. Selon le journal, les élections pourraient même être repoussées jusqu’en septembre. Mais le chef de la commission électorale Apollinaire Malu-Malu estime que les craintes d’un vide politique ne sont pas justifiées : l’article 222 de la constitution prévoit en effet que le gouvernement de transition reste en place jusqu’à ce qu’un nouveau cabinet issu d’un vote démocratique le remplace.

Toujours à propos de la RDC, l’envoi de soldats allemands pour les élections continue d’animer les débats en Allemagne… Le gouvernement doit décider le 17 mai si des soldats allemands feront partie de la mission européenne chargée de garantir la sécurité pendant les élections. Ce qui a ravivé le débat cette semaine, c’est l’idée défendue par le porte-parole chargé des questions de défense pour le parti social-démocrate, Rainer Arnold, d’étendre si nécessaire le champ d’intervention de la mission à l’extérieur de Kinshasa. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde, même dans les propres rangs du SPD, comme le souligne le quotidien Die Welt, qui cite un responsable de l’aile conservatrice du parti. Dans les deux camps de la grande coalition, explique-t-il, de nombreuses personnes sont opposées à l’envoi de soldats allemands au Congo. Et si elles sont revenues sur leurs critiques, c’est parce que le gouvernement envisageait de limiter l’intervention à 500 soldats, quatre mois, et surtout à l’intérieur de la capitale congolaise . La Süddeutsche Zeitung regrette pour sa part l’absence de ligne claire de la part de la politique allemande. Alors que plusieurs interventions d’envergure sont déjà en cours dans le monde, on en décide de nouvelles ! Selon le journal, il faut munir l’Allemagne d’un « livre blanc », c'est-à-dire d’un code qui fixerait les grandes lignes de l’action militaire du pays. L’intervention au Congo, quelle que soit sa forme, doit être la dernière opération de la Bundeswehr décidée sans ce fil conducteur, souhaite la SZ. Dans un long reportage, l’hebdomadaire Die Zeit aborde la question du côté congolais. « Pourquoi envoyer si peu de soldats ? » s’inquiètent des assesseurs, qui suivent en ce moment une formation à Kinshasa et qui, observe Die Zeit, se montrent étonnamment bien informés du débat allemand. Autres questions : « Pourquoi envoyer ces soldats à Kinshasa, alors que c’est la région la plus calme ? Et pourquoi ne pas faire venir les Français et les Allemands dans l’est pour désarmer les milices ? ».

Un autre sujet a retenu l’attention des journaux, c’est l’élection présidentielle tchadienne… Comme le président tchadien n’avait pas d’adversaire pour l’élection de mercredi, puisque l’opposition avait appelé au boycott du scrutin, il lui fallait un mouton noir, explique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En la personne du président soudanais, il en a trouvé un parfait. « Béchir traître, Béchir buveur de sang » : ne sont que quelques exemples de slogans sur les banderoles électorales. Si l’opposition n’a pas participé au scrutin, écrit le journal, c’est parce qu’elle a tiré les leçons des deux élections précédentes, en 1996 et 2001, qui avaient été marquées par des fraudes massives. Le manque de transparence était également au rendez-vous pour la « farce électorale » de mercredi dernier. Impossibilité de contrôler les listes électorales, sur lesquelles sont inscrits 5,8 millions de Tchadiens, alors que la population en âge de voter est bien inférieure. Impossibilité également de nommer des membres de la commission électorale qui ne soient pas de fidèles lieutenants du pouvoir… La troisième raison du boycott, ajoute la Tageszeitung de Berlin, est qu’Idriss Déby a fait modifier la constitution en juin de l’année dernière pour pouvoir se présenter une troisième fois. Ce qui a provoqué une rupture définitive avec ceux qui, dans son entourage, convoitaient le fauteuil présidentiel. Certains d’entres eux ont rejoint les rangs rebelles, poursuit le journal, ceux-là mêmes qui ont tenté au mois d’avril de prendre d’assaut la capitale N’Djamena. Les appels internationaux pour le report de l’élection et l’engagement d’un dialogue politique sont tombés dans l’oreille sourde du pouvoir tchadien. Pour une simple raison : la France, grande alliée du président, ne s’est pas associée à cet appel. Pour les partis de l’opposition comme pour les rebelles, l’élection de mercredi était donc nulle et non avenue.