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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron10 avril 2006

Taylor – RDC – Burundi

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Taylor au TSSL
Taylor au TSSLImage : AP

Nous revenons tout d’abord sur le dossier Charles Taylor. L’ancien président libérien a comparu pour la première fois devant un juge du Tribunal spécial pour la Sierra Leone , le TSSL, et il plaidé non coupable des crimes qui lui sont reprochés.

Charles Taylor, l’un des pires incendiaires de l’Afrique, écrit l’hebdomadaire Die Zeit, est un marchand de guerre – l’un des plus performants, les plus charismatiques et les plus brutaux. Rares sont ceux qui après la fin du conflit Est-Ouest, ont fait autant de ravages, accumulé autant de profits et prié avec autant de ferveur que Taylor. Selon les estimations de la Coalition pour une justice internationale, note le journal, Taylor a mis dans ses poches entre 70 et 100 millions de dollars par an, grâce au commerce du bois et des diamants et au prélèvement de taxes privées. Tout d’abord comme chef de guerre pendant la guerre civile au Libéria, puis comme président du pays à partir de 1997. Et Die Zeit de rappeler ce commentaire des Libériens après sa victoire électorale : « Nous avons peur de Taylor s’il devient président, nous avons encore plus peur s’il ne devient pas président. »

Son arrestation, souligne le journal, est redevable à deux acteurs qui actuellement sont rarement sur la même ligne : les Etats-Unis, qui ont exercé une pression massive sur le gouvernement nigérian, et les Nations unies qui ont pressé Ellen Johnson Sirleaf, la nouvelle présidente du Libéria, de demander officiellement au Nigéria l’extradition de Taylor.

La presse allemande continue également de s’intéresser à la région des Grands Lacs. Notamment en commentant l’absence de l’UDPS, le plus grand parti d’opposition, aux élections prévues en République démocratique du Congo.

Une absence qui risque d’être fatale au pays, estime la Tageszeitung. L’UDPS, dont le chef historique Etienne Tshisekedi a symbolisé dans les années 90 la résistance non violente à la dictature de Mobutu, est l’unique force de dimension nationale écrit le journal. Plus encore : les fiefs de l’UDPS sont situés au cœur du Kasai, la région diamantifère du Congo. Un boycott des élections dans cette région qui est la principale source de devises du pays, est la garantie de nouvelles rébellions et de nouvelles guerres. Certes l’UDPS ne doit s’en prendre qu’à elle-même : l’an denier elle a appelé ses partisans à ne pas s’inscrire sur les registres électoraux. Aujourd’hui elle se plaint qu’ils ne figurent pas sur ces listes. Mais ce n’est pas une raison pour que la commission électorale reste inflexible. La communauté internationale, dont l’Allemagne, doit s’employer au plus vite à ce qu’un compromis soit trouvé au Congo. La Frankfurter Allgemeine Zeitung évalue quant à elle le processus de paix au Burundi voisin. Et c’est pour noter que, si la mission de l’ONU a été la bienvenue pour sécuriser le marathon électoral de l’année dernière, à présent le nouveau gouvernement de Pierre Nkunrunziza veut s’en débarrasser au plus vite pour affirmer son indépendance. Dans la population, relève par ailleurs le journal, l’enthousiasme suscité par les nouveaux dirigeants est nettement retombé. Les radios du pays, avec une liberté de ton inhabituelle dans la région, ne font pas mystère d’un mécontentement grandissant. Par exemple face au projet, longtemps nourri par le gouvernement, de construire un deuxième aéroport, alors que beaucoup de Burundais ne mangent pas à leur faim.

Enfin le voyage du président allemand Horst Köhler en Afrique fait couler un peu d’encre, mais pas beaucoup, dans la presse. Le choix des trois pays visités par Horst Köhler – Mozambique, Madagascar et Botswana – peut surprendre, écrit la Süddeutsche Zeitumg. Ce ne sont pas des poids lourds politiques comme le Nigéria et l’Afrique du sud. Mais le message est clair : Horst Köhler veut démontrer qu’il existe une autre Afrique, celle qui réussit. Et en le soulignant il combat aussi l’idée que tout ce qui est entrepris par les Européens en Afrique n’est de toute façon que peine perdue. Le cynisme ne fera pas avancer

l’Afrique.