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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron13 janvier 2006

Famine – Ethiopie – RDC

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Après la crise de l’année passée au Niger, c’est à nouveau le spectre de la famine, cette fois-ci dans la Corne de l’Afrique, qui retient tout d’abord l’attention des journaux. Ce sont toujours les mêmes images, écrit la Süddeutsche Zeitung : des champs desséchés, des cadavres d’animaux, des mères désespérées qui tiennent dans leurs bras des enfants mourants. Les équipes de télévision sont arrivées dans la Corne de l’Afrique et personne ne doute que la situation soit catastrophique dans le nord du Kenya, en Ethiopie et en Somalie. Depuis des années les pluies se sont faites rares. Mais la météo, souligne le journal, n’est que partiellement responsable de cette situation dramatique. Le peu d’eau qui tombe du ciel n’est pratiquement pas utilisé. Selon l’Agro-action allemande, 4% seulement des précipitations, au Kenya, sont utilisés pour l’approvisionnement en eau potable ou l’irrigation des champs. Outre l’énorme pression démographique, cette dépendance vis-à-vis de la météo passe pour la cause majeure des crises alimentaires de plus en plus fréquentes en Afrique. Que ce soit dans le Sahel, dans le sud du continent ou dans la Corne de l’Afrique, nulle part ou presque les paysans ne disposent de systèmes d’irrigation ou de puits pour sauver leurs cultures et leur bétail pendant les périodes de sécheresse. La Frankfurter Rundschau souligne quant à elle que ces crises alimentaires récurrentes puisent aussi leur cause dans le réchauffement climatique, alors que le continent africain ne contribue que pour très peu aux émissions de gaz carbonique, qui provoquent ce changement. En Afrique du sud, note le journal, des scientifiques prédisent une hausse de 3° de la température, et une baisse des précipitations pouvant aller jusqu’à 25%. La chaleur coûte d’ores et déjà la vie à 150 000 Africains par an selon l’Organisation mondiale de la santé. Comme quoi l’Afrique, ajoute ce confrère, paie la note du train de vie luxueux des nations industrielles.

Mon ami, le dictateur. C’est le titre choisi par la Süddeutsche Zeitung pour s’étonner de l’appui apporté par les occidentaux à des régimes africains de non-droit. A commencer par le régime éthiopien, dont le premier ministre Meles Zenawi est un hôte bienvenu en Europe. Au sommet du G8, l’an dernier en Ecosse, non seulement Zenawi a été félicité pour sa bonne gouvernance, mais son pays a de surcroit bénéficié d’une annulation de sa dette. En Europe comme aux Etats-Unis, poursuit le journal, on devrait être au courant de ce que Meles Zenawi entend par démocratie et bonne gouvernance. Depuis les élections de mai 2005, une centaine de personnes, dont beaucoup d’enfants, ont été tuées par les forces de l’ordre lors de manifestations contre le régime. 11 000 personnes sont en prison. Mais l’Ethiopie, n’est pas la seule à avoir les faveurs de l’occident, souligne le journal qui cite également l’Ouganda de Yoweri Museveni, un chouchou des occidentaux, qui reçoit une bonne part de l’aide allemande au développement. Cité également : le Rwanda, opprimé d’une poigne de fer par Paul Kagamé, le pilleur du Congo, écrit notre confrère. Tous ces chefs d’Etat et de gouvernement ont en commun d’avoir été encensés il y a quelques années comme les nouveaux dirigeants de l’Afrique. Ce serait déjà beaucoup s’ils cessaient aujourd’hui d’être courtisés comme démocrates modèles.

Si la Süddeutsche Zeitung parle du Congo pillé par Paul Kagamé, la Tageszeitung s’inquiète quant à elle de la demande d’envoi d’une force européenne pour protéger le processus électoral. La demande a été formulée par la MONUC, la Mission de l’ONU au Congo, et pour le journal elle est l’aveu d’un échec. Car si la perspective d’élections libres fait froid dans le dos aux pacificateurs internationaux, c’est que quelque chose ne tourne vraiment pas rond. L’ONU est impuissante à barrer la route aux perturbateurs du processus de paix. Le Congo n’a ni de structures politiques qui fonctionnent, ni une armée nationale opérationnelle. Or poursuit la TAZ, alors que les Congolais ont soif de paix et de démocratie, voilà que des parachutistes français, voire allemands, sont censés protéger la prétendue naissance de cette démocratie. Ce qui commence maintenant comme campagne électorale est une farce dans laquelle des candidats à la présidence se profilent plus comme futurs belligérants que comme faiseurs de paix. Une chose est certaine, conclut le journal : la paix ne peut être encouragée par une intervention européenne dans un Congo instable, qui plus est sous l’égide de la France qui poursuit ses propres intérêts. Mais il est clair aussi que seule la détermination de la communauté internationale à intervenir fermement et par tous les moyens peut préserver le Congo d’une nouvelle grande guerre.