1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron6 janvier 2006

Côte d’Ivoire – RDC – Algérie

https://p.dw.com/p/C75R

En ce début d’année la Côte d’Ivoire fait à nouveau parler d’elle dans les colonnes des journaux. La récente attaque du camp militaire d’Akouédo en est la cause. Et la presse ne manque pas de relever que cette attaque, attribuée officiellement à des « inconnus », a eu lieu quelques jours seulement après la prestation de serment du nouveau gouvernement de transition censé instaurer la paix dans le pays. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est probable que les assaillants, qui étaient équipés d’armes lourdes, sont des soldats du camp même d’Akouédo, ce dernier, situé dans la banlieue d’Abidjan n’étant pas seulement la plus grande caserne du pays, mais aussi le plus grand arsenal d’armes et de munitions. Les raisons de cette attaque sont encore floues, souligne le journal, mais une chose est sûre : le moral n’est pas bon au sein de l’armée ivoirienne. D’une part les soldats ne reçoivent leur solde que de façon irrégulière, et n’ont jamais touché les « primes de guerre » promises. De l’autre l’armée s’est scindée en deux camps politiques depuis le limogeage, fin 2004, du très populaire chef de l’état major général, Mathias Doué. Ce qui est également certain, pour la Frankfurter Allgemeine, c’est que l’attaque du camp d’Akouédo met le gouvernement de transition à rude épreuve. La Süddeutsche Zeitung rappelle que, juste après la nomination de ce nouveau gouvernement, des émeutes ont eu lieu à Abidjan, les partisans du président Gbagbo se sentant floués. Le parti du chef de l’Etat n’a obtenu aucun poste clé dans la nouvelle équipe gouvernementale. Ce qui indique, écrit le journal, que Charles Konan Banny, le nouveau premier ministre donc, a opté pour la lutte de pouvoir avec Laurent Gbagbo.

Le processus électoral en République démocratique du Congo risque d’attiser lui aussi les luttes de pouvoir. Et comme le relate la presse allemande, en cette période particulièrement critique, l’Allemagne assume depuis le 1er janvier une responsabilité particulière en RDC.

C’est l’Allemagne en effet qui pendant six mois va représenter l’Union européenne au sein du Comité international d’accompagnement de la transition, le CIAT. La place aurait dû revenir à l’Autriche qui préside actuellement l’UE. Mais l’Autriche n’a pas d’ambassade à Kinshasa. L’Allemagne, lit-on dans la Tageszeitung, paraît bien mal outillée pour cette tâche. Elle n’a envoyé qu’un collaborateur supplémentaire à son ambassade au Congo. L’UE joue pourtant un rôle clé dans l’accompagnement international du processus de paix. Elle dirige, depuis 2004, la formation d’une nouvelle police congolaise et, depuis l’été 2005, un programme qui doit accélérer la très lente fusion des anciennes armées de la guerre civile en une nouvelle armée nationale unifiée. Le CIAT va superviser l’application de ce programme. Son succès conditionnera la mise sur pied, avant les élections, d’une armée ordonnée. Après les élections, conclut le journal, on verra alors si la paix s’installe ou si une nouvelle guerre éclate. A noter aussi, toujours dans la Tageszeitung, une tribune libre signée Aloys Tegera. Il dirige à Goma une ONG, le Pole Institute, créé en 1997 pour développer des stratégies locales de stabilisation dans l’est du Congo. Selon lui les chances de succès du processus de paix sont minimes. Mais elles existent pour autant qu’on ne fasse pas une fixation sur les élections. Car à elles seules des élections ne produisent pas de miracles.

Un mot encore pour vous dire que la Süddeutsche Zeitung évoque le retour au pays du président algérien Abdelaziz Bouteflika après un séjour de cinq semaines en France pour raisons médicales. Depuis son retour, écrit le journal, Bouteflika se fait rare. Mais s’interroger à haute voix sur ce qu’il adviendrait du pays sans Bouteflika, voire spéculer sur sa succession, serait à la fois contraire à la dignité nationale et à la tradition musulmane. Ces questions, beaucoup d’Algériens se les posent donc avec encore plus d’insistance en leur for intérieur.