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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron23 décembre 2005

RDC – Kenya – Aide à l’Afrique

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C’est tout d’abord le référendum constitutionnel en République démocratique du Congo qui cette semaine retient l’intérêt des journaux allemands.

Les résultats définitifs ne doivent être connus que le 26 décembre. Mais d’ores et déjà la victoire du oui est acquise. La Tageszeitung de Berlin relève que le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema, autrement dit les trois provinces de l’est qui ont le plus souffert de la guerre, ont voté oui à plus de 95%. En revanche à Kinshasa, la capitale, le oui et le non sont pratiquement à égalité. Et, note le journal, Kinshasa étant l’endroit où le débat politique est le plus vif, l’endroit aussi où les gens savent le plus précisément ce que fait le gouvernement de transition, cela représente un vote de défiance vis-à-vis des dirigeants. La Frankfurter Rundschau se félicite de la victoire du oui. Un rejet de la nouvelle constitution aurait paralysé tout le processus de démocratisation . Mais souligne le journal, les Congolais paient chèrement ce pas supplémentaire vers la démocratie, qui doit ouvrir la voie à la tenue, en mars prochain, des premières véritables élections depuis 40 ans. Car les seigneurs de guerre et chefs rebelles associés au gouvernement de transition ont ancré dans la nouvelle constitution une vaste décentralisation de l’Etat. Principalement pour garantir des revenus lucratifs aux dirigeants régionaux, estiment leurs détracteurs.

En cette fin d’année, la presse allemande revient aussi sur un autre référendum constitutionnel : celui qui a eu lieu en novembre au Kenya, et qui, là, a été perdu par le président Kibaki. La Süddeutsche Zeitung consacre effectivement un article relativement long à la crise politique au Kenya. Si le président a perdu le référendum, écrit le journal, cela tient moins au contenu même du projet de nouvelle constitution, qui aurait cimenté un peu plus son pouvoir, qu’à la rupture de toutes les promesses faites lors de son élection. Son mandat, jusqu’à présent, a été émaillé de conflits et de scandales. Scandale par exemple autour de l’ancien ministre des transports Chris Murungaru, corrompu au point de ne plus obtenir de visa pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Le plus étonnant, poursuit le journal, est que le pays connaît malgré tout un boom économique. Une croissance de plus de 5% est attendue pour 2005. Mais la cupidité des puissants se faire chèrement payer. La prospérité économique ne profite pas à la population. La majeure partie des Kényans vit dans des bidonvilles ou des villages sans électricité ni eau potable. Et même les diplômés des universités trouvent rarement un emploi.

Enfin un écrivain américain s’exprime dans les colonnes d’un journal allemand pour dire tout le mal qu’il pense de l’aide à l’Afrique. L’écrivain s’appelle Paul Theroux, et ce qu’il dénonce, dans la Süddeutsche Zeitung, c’est cette aide extérieure qui part des meilleurs sentiments, mais qui au bout du compte détruit l’Afrique. Sont nommément montrés du doigt le chanteur irlandais Bono et le milliardaire américain Bill Gates. Deux célébrités qui se fourvoient en nourrissant l’idée destructrice que l’Afrique est un cas désespéré et qu’elle ne peut être aidée que par la charité. Ceux qui comme moi, écrit Paul Theroux, ont travaillé il y a plus de 40 ans comme enseignants au Malawi, sont indignés par les informations qui leur parviennent aujourd’hui sur le développement de ce malheureux pays. Au milieu des années 60 nous pensions que le Malawi serait bientôt en mesure de produire suffisamment d’enseignants pour le pays. Cela aurait été possible si, pendant des décennies, le Peace Corps américain n’avait pas envoyé là-bas des enseignants accueillis à bras ouverts. Ou encore, comme le souligne un peu plus loin Paul Theroux, les montagnes de vêtements envoyées chaque année en Afrique au moment de Noël ruinent l’industrie textile africaine. Même si elle n’est pas riche, l’Afrique serait parfaitement en mesure de se prendre en charge. Ce qui lui manque, ce n’est pas la main d’œuvre, c’est la foi en son propre potentiel.