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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron16 décembre 2005

Coton – Nigéria – Tanzanie

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Nous commençons par un problème qui, depuis plusieurs années déjà, frappe de nombreux pays africains, c’est celui du coton. Il revient dans les colonnes de la presse allemande à l’occasion de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce à Hong Kong. Notamment dans les colonnes de la Tageszeitung de Berlin qui rappelle que le coton est l’unique source de revenu pour 10 millions de personnes dans les pays de l’ouest et du centre du Sahel. Mais depuis 1997, le prix du coton sur le marché mondial a chuté de 40%, et cela en raison des subventions versées par les Etats-Unis et l’Union européenne à leurs producteurs de coton. Le journal prend l’exemple du Bénin, où selon Zoumarou Guini, le secrétaire général de l’association interprofessionnelle du coton, beaucoup de jeunes aujourd’hui tournent le dos à la culture du coton et veulent quitter le pays. Le coton ouest-africain, souligne la Tageszeitung, devrait être un succès à l’exportation. En coûts de production c’est le moins cher du monde. Mais sur le marché mondial, ce sont les Etats-Unis qui livrent le coton le moins cher, alors que les coûts de production sont trois fois plus élevés qu’en Afrique. Tout cela donc à cause des milliards de dollars versés chaque année par le gouvernement américain aux 20 000 cotonculteurs du pays. La bataille du coton, rappelle aussi ce confrère, a fait échouer le dernier sommet de l’OMC en 2003 à Cancun. Entre-temps la cour d’arbitrage de l’OMC a statué : les subventions américaines sont illégales. Mais avant que cela ne se traduise par des changements concrets, les producteurs comme Zoumarou Guini devront attendre des années. Or ils sont au bord de la ruine. La nouvelle récolte de coton a commencé la semaine dernière au Bénin. Mais après une récolte record, l’an dernier, de 428 000 tonnes, l’Etat n’a plus suffisamment d’argent pour payer aux producteurs le prix minimum, lequel est par conséquent passé cette année de 0,30 euro à 0,28 euro le kilo.

Une avocate nigériane est aussi à l’honneur cette semaine dans la presse allemande. C’est la co-lauréate, cette année, du prix Sakharov pour les droits de l’homme décerné par le parlement européen. Hauwa Ibrahim était mercredi dernier à Strasbourg pour recevoir ce prix et elle aura eu plus de chance que l’association cubaine des « Dames en blanc », des femmes de prisonniers politiques, qui partagent le prix Sakharov 2005 avec Hauwa Ibrahim et Reporters sans frontières, mais qui n’ont pas été autorisées à quitter Cuba pour recevoir ce prix à Strasbourg. Dans le portrait qu’elle brosse de l’avocate nigériane, la Süddeutsche Zeitung note que Hauwa Ibrahim se bat pour les droits des femmes pauvres qui ne peuvent se défendre contre des verdicts inhumains prononcés contre elles au nom de la loi islamique, la scharia. Hauwa Ibrahim, rappelle le journal, est devenue célèbre il y a quelques années en sauvant la vie d’Amina Lawal, condamnée à mort par lapidation pour adultère. Mais ce n’est pas pour autant une révolutionnaire. Sa stratégie vise bien plutôt à démasquer les sentences inhumaines comme contraires à l’islam. Car souligne-t-elle, si nous voulons combattre les intégristes, nous devons comprendre leur mentalité et proposer des alternatives à la violence.

Enfin les élections générales en Tanzanie sont également évoquées cette semaine dans la presse allemande.

L’oasis de paix en Afrique de l’est change de chef, titre la Tageszeitung. Une façon de saluer le comportement du président sortant Benjamin Mkapa qui à la différence de bien d’autres chefs d’Etat africains n’a pas fait modifier la constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat. Cela dit, dans cet article paru mercredi, le journal ne doutait pas de la victoire du parti au pouvoir depuis 1964, le CCM, ou parti de la révolution, l’ancien parti unique de Julius Nyerere. Avec ses 35 millions d’habitants, note le journal, la Tanzanie est parmi les pays les plus stables de l’Afrique. Et si le multipartisme a été introduit en 1995, la majeure partie de la population, du moins sur la partie continentale du pays, est restée fidèle au CCM.