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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé9 décembre 2005

Côte d'Ivoire - Erythrée - Ouganda - Afrique du Sud

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La mission d'observation des Casques Bleus contrariée par le gouvernement érythréen
La mission d'observation des Casques Bleus contrariée par le gouvernement érythréenImage : AP

C’est le gouverneur de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Charles Konan-Banny, qui a finalement été choisi parmi les 14 candidats proposés par les médiateurs de l’Union Africaine pour conduire le gouvernement de transition en Côte d’Ivoire. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note le silence de Laurent Gbagbo au moment de l’annonce officielle de la nomination. Il faut dire que le rôle du chef du gouvernement transitoire consiste, selon les vœux de l’Union Africaine et de l’ONU, à priver de pouvoir le président ivoirien en sursis. Le choix de Charles Konan-Banny a été quelque peu étonnant, explique le journal, parce qu’on lui connaissait des ambitions présiden­tielles. Or le chef du gouvernement de transition n’aura pas le droit de se présenter pour un tel mandat. Ce qui devrait réjouir Henry Konan Bédié, ancien président et homme fort d’un des partis de l’opposition civile, le PDCI, qui voyait d’un mauvais œil les ambitions de son collègue et rival. Néanmoins, il faut encore attendre, prévient la FAZ, pour voir en quoi Konan Banny aura plus de pouvoir que son prédécesseur Seydou Diarra, qui lui, avait été manipulé par Gbagbo. La fonction de trésorier de la monnaie africaine que Konan Banny occupe depuis des années est un atout pour le président ivoirien : la parité du franc CFA dépend du bon vouloir de Paris, ce qui fait de Konan Banny un instrument de la France et un ennemi du parti au pouvoir. Un atout dont Laurent Gbagbo pourrait bien se servir, estime la FAZ.

Autre sujet qui retient cette semaine l’attention des journaux allemands : l’Erythrée, qui a ordonné le départ des troupes de l’ONU. Le gouvernement érythréen a renvoyé sans raison les observateurs de l’ONU européens, américains, canadiens et russes stationnés sur son territoire. Ils ont dix jours pour vider les lieux. Cela fait déjà quelques temps que le gouvernement érythréen entrave le travail de la mission des casques bleus qui sont chargés de surveiller la frontière avec l’Ethiopie, constate la Süddeutsche Zeitung. En octobre, Asmara avait interdit le survol du territoire pour les hélicoptères de la mission. Une interdiction qui avait entraîné des menaces de sanctions par le conseil de sécurité de l’ONU. Derrière tout cela, explique le journal, se cache le conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie. Séparés depuis 1993, les deux pays se sont battus jusqu’en 2000 à propos du tracé de leur frontière commune. Un tracé fixé par une commission internationale suite aux accords de paix, mais qu’Addis Abeba remet aujourd’hui en question. Si les Erythréens mettent aujourd’hui des bâtons dans les roues de l’ONU, c’est donc pour faire pression sur l’Ethiopie, conclut la Süddeutsche Zeitung.

Et enfin, des affaires de viol remettent en cause des carrières politiques. D’abord en Ouganda, où l’opposition dénonce une manœuvre du gouvernement pour éliminer son chef Kizza Besigye, à quelques mois des élections présidentielles. Une affaire relayée par la Frankfurter Runschau. Accusé de viol, mais également d’appartenance à un groupe rebelle nébuleux et de relations avec les terroristes de l’Armée de Résistance du Seigneur, le chef de l’opposition revenu d’exil fin octobre a été arrêté et devra comparaître devant deux tribunaux. Personne ne doute que cette arrestation a un rapport avec les élections de mars, pour lesquelles le président Yoveri Museveni, qui régit le pays depuis 19 ans, compte briguer un nouveau mandat, suite à une modification de la constitution. Museveni a longtemps été considéré comme une figure d’espoir pour l’Afrique. Mais il n’a pas réussi, contrairement à Nelson Mandela en Afrique du Sud, à quitter le pouvoir à temps. L’arrestation de Besigye a déjà provoqué des violences qui ont fait des victimes à Kampala, rapporte la Frankfurter Rundschau. Le journal cite la réflexion amère du rédacteur en chef du quotidien ougandais Monitor : « On dirait bien que nous sommes en train de nous engager sur la même voie que le Zimbabwe ».

Enfin l’autre affaire, c’est celle qui met en cause Jacob Zuma. L’ancien vice-président de l’Afrique du Sud est lui aussi accusé de viol, ce qui coupe court à ses ambitions pour la succession de Thabo Mbéki en 2009. La Süddeutsche Zeitung titre : « La chute d’un héros de la liberté ». Peu de gens avaient jusqu’ici bénéficié d’un tel respect et d’un tel prestige en Afrique du Sud. Zuma le populiste attirait les foules, depuis mardi il se retrouve seul face à ses accusateurs. On a rarement vu une chute aussi rapide, poursuit le journal. Limogé en juin par le président suite à des soupçons de corruption qui se sont transformés par la suite en accusation, le voici à nouveau devant la justice pour répondre de viol. Ses partisans, qui dénonçaient jusqu’à maintenant une conspiration, se font discrets. Et même s’il est acquitté, sa carrière politique est pour ainsi dire terminée. Selon les médias sud-africains, personne n’élira un homme qui a été soupçonné de viol.