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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron5 décembre 2005

Sida - Namibie

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Jeudi dernier, le 1er décembre, c’était comme tous les ans depuis 1988 la journée internationale de lutte contre le sida. L’occasion, pour les journaux allemands de rappeler que la maladie continue de se propager. La semaine dernière déjà, la presse avait évoqué le rapport 2005 de l’Onusida. Cette fois-ci un journal comme la Tageszeitung de Berlin souligne que le combat contre le sida continue à manquer cruellement de ressources. Mais ce n’est pas tout. Le fonds global de l’ONU contre le sida est en train de vivre son premier scandale. Précisément en Ouganda, pays qui passe pour un modèle dans la lutte contre le sida. Depuis la fin des années 80, le taux de séropositifs est passé chez les adultes de 20 à 7%. Or poursuit le journal, l’Ouganda est maintenant le théâtre du premier grand scandale de corruption en liaison avec l’argent du fonds global de l’ONU contre le sida. Lequel a suspendu tous ses programmes en Ouganda. Début octobre une commission d’enquête a publié une liste de 300 organisations qui ont bénéficié de subventions. Certaines étaient dirigées par de hauts responsables politiques qui avec l’argent ont pratiqué le népotisme. La Frankfurter Rundschau a choisi une note plus optimiste en évoquant les espoirs placés par les virologues dans les travaux de recherche sur le sida menés à l’université Witwatersrand de Johannesburg. Un vaccin au nom mytérieux de « tgAACO9 » est actuellement testé sur des humains dans un hôpital de Soweto. Non seulement il provoque la création d’anticorps contre le HIV, mais il contribue aussi à la formation de cellules dites tueuses qui détruisent les cellules touchées par le virus –bref une double stratégie. Et ajoute le journal, les scientifiques sont unanimes : seul un vaccin permettra de remporter une bataille décisive contre le sida. Die Welt rappelle que sur les 40 millions de séropostifs dans le monde, 26 millions vivent en Afrique australe. Mais dans le petit royaume du Lesotho, le sida ne sera peut-être plus un sujet tabou. Le roi Letsie III a appelé tous ses sujets à passer des tests de dépistage. Et ajoute le journal, si le monarque parle, la plupart des sujets vont sans doute obtempérer. D’autant que le roi a promis de donner l’exemple.

Autre thème : la Namibie. Le président Hifikepunye Pohamba vient d’effectuer une visite en Allemagne et la presse allemande évoque les difficiles relations entre Berlin et son ancienne colonie. La Tageszeitung titre sur l’échec de l’initiative de réconciliation germano-namibienne. Par cette initiative, nous explique le journal, le gouvernement allemand voulait octroyer une aide spéciale de 20 millions d’euros aux descendants des peuples héréro et damara, victimes d’un génocide du temps de la colonisation allemande, il y a un siècle. A Berlin le président Pohamba a refusé de signer à ce propos une déclaration conjointe. Un refus motivé par ce qu’il a appelé un manque de consultations entre les deux gouvernements et en Namibie même. Heidemarie Wieczorek-Zeul, la ministre allemande de la coopération, a rejeté cette version des faits, précise le journal qui par ailleurs s’intéresse à un autre échec, celui de la réforme agraire en Namibie. L’un des deux piliers de cette réforme, le programme de réinstallation des sans-terre ne fonctionne pas. En près de 15 ans, il n’aura pas réussi à transformer les pauvres et les sans-terre en paysans autonomes. La réforme agraire menée sous l’égide de l’Etat n’améliore pas la situation de la population noire des campagnes. Le hasard aura voulu, ajoute le journal, que la visite du président Pohamba coincide avec la première expropriation forcée d’une ferme appartenant depuis 101 ans à une famille allemande.

En bref encore, la Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l’écho des sombres perspectives tracées par l’écrivain sud-africain Breyten Breytenbach pour l’Afrique. Le co-fondateur et directeur de l’institut panafricain de Gorée, au Sénégal, est parmi les grands penseurs politiques de l’Afrique, écrit le journal. Il aura payé de huit années de prison son engagement contre l’apartheid. Aujourd’hui il ne croit guère à un changement démocratique en Afrique. Il n’attend pas non plus l’aide de l’occident. Les Etats-Unis ne s’intéressent qu’à leur propre sécurité, l’Europe à la protection de sa forteresse contre l’immigration clandestine et à l’exportation de sa politique économique néo-libérale. Pour Breytenbach, souligne le journal, seuls les Africains pourraient sauver leur continent du matérialisme copié sur l’occident.