Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Cette semaine les journaux bien sûr ne manquent pas de relater la victoire du non au référendum sur le projet de nouvelle constitution au Kenya. Une défaite personnelle pour le président Kibaki, écrit la Süddeutsche Zeitung, et un vote de défiance de la part du peuple. Après trois années au pouvoir, le successeur de Daniel arap Moi n’a tenu que peu de promesses. La situation des habitants des bidonvilles ne s’est guère améliorée bien que l’enseignement primaire soit devenu gratuit. Et la corruption reste omniprésente au Kenya. De plus en plus de Kenyans, poursuit le journal, doutent que Mwai Kibaki soit animé d’une réelle volonté de démocratisation. D’autant qu’avec la nouvelle constitution il voulait cimenter son pouvoir. Car s’il avait d’abord promis la création d’un poste de premier ministre doté de larges prérogatives, au bout du compte la fonction ne devait plus avoir qu’une valeur symbolique. La confiance était rompue et les Kenyans ne l’ont pas accepté. Pour la Tageszeitung le pays se dirige probablement vers des élections anticipées. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il va devoir continuer à vivre provisoirement avec une constitution dépassée, qui par exemple ne garantit nullement l’égalité des droits aux femmes. Le journal relève aussi que selon la KAM, la puissante fédération de l’économie kényane, la situation créée par le rejet de la constitution va pénaliser la croissance économique.

J’ajoute qu’entre-temps l’opposition a demandé de nouvelles élections. Mais le président Kibaki a reporté à mars 2006 l’ouverture de la session parlementaire, prévue la semaine prochaine.

A noter aussi, toujours dans la Tageszeitung de Berlin, deux articles sur l’Afrique dans l’édition de jeudi. Tout d’abord un long reportage sur la crainte d’un génocide en Côte d’Ivoire. J’en retiens que des escadrons de la mort tyrannisent la population, que les massacres sont récurrents et que les défenseurs des droits de l’homme mettent en garde. Selon eux les partisans du président Gbagbo planifient un génocide. Le second article nous parle lui aussi de guerre et de civils tués. Cela se passe en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Depuis plusieurs semaines, les forces armées gouvernementales, avec l’appui de la MONUC, y ont lancé une offensive contre des groupes rebelles. 25 000 personnes ont fui les combats. Les forces de l’ONU, note le journal, n’interviennent pas activement dans les combats, mais utilisent leurs hélicoptères de reconnaissance. Ils fournissent aussi aux forces congolaises de l’essence et des rations alimentaires. Ce qui, ajoute la Tageszeitung, n’empêche pas l’armée congolaise de piller, sous les yeux de la Monuc, les localités conquises

Enfin la presse allemande se fait largement l’écho des mauvaises nouvelles contenues dans le rapport 2005 de l’ONUSIDA. Avec 40,3 millions de personnes infectées dans le monde, le nombre de séropositifs bat cette année un nouveau record. L’Afrique subsaharienne abrite à elle seule 77% des malades du sida. Dans ce contexte la Frankfurter Allgemeine Zeitung relève les propos de l’ancienne et toujours ministre allemande de la coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul. Laquelle souligne que l’encouragement de la production de génériques bon marché dans les pays en développement reste une priorité de la politique allemande de développement. Avec l’appui du gouvernement fédéral une fabrique de médicaments anti-sida a par exemple été ouverte en République démocratique du Congo. En Zambie, note de son côté la Tageszeitung, les autorités ont commencé à distribuer gratuitement des médicaments. Un changement de mentalité est aussi perceptible. Le travail d’information a porté ses fruits. Le sida n’est plus un sujet tabou. Mais en Zambie le nombre de séropositifs reste malheureusement très élevé.