1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron11 novembre 2005

Nigéria – Paludisme – Egypte

https://p.dw.com/p/C75Z

Nous commençons par un anniversaire. C’était le 10ème anniversaire, cette semaine, de l’exécution au Nigéria, de neuf militants de la cause ogoni. Parmi eux, l’écrivain Ken Saro Wiwa. Ou, comme l’estime la Tageszeitung de Berlin, celui qui est devenu l’incarnation légendaire de la résistance au Nigéria. L’écrivain et militant des droits civiques Ken Saro Wiwa menait la résistance de son peuple, le peuple ogoni, contre le méfaits de l’exploitation pétrolière dans le delta du Niger. Lorsqu’au matin du 10 novembre 1995 il fut pendu avec huit de ses compagnons, le monde entier cria son indignation. L’exécution du célèbre écrivain valut à la dictature militaire de l’époque au Nigéria, celle de Sani Abacha, d’être mise au ban de la communauté internationale. Dix ans plus tard, écrit le journal, la plupart des 23 millions d’habitants du delta du Niger vivent toujours dans la pauvreté absolue. Rien n’a changé. Même si la dictature militaire est terminée depuis 1999 et que, depuis cette date un président élu, Olusegun Obasanjo, est à la tête du pays. Comme le souligne la journaliste nigérianne Ibida Don Pedro, citée dans l’article de la Tageszeitung : « nous n’avons pas de démocratie. Nous avons au pouvoir des civils qui s’appuient sur l’usage brutal des instruments de l’Etat. Chez nous les gens arrivent au pouvoir pour avoir accès aux recettes pétrolières. »

Un tout autre sujet retient aussi l’intérêt cette semaine de la presse allemande. Il concerne la santé de millions d’Africains. C’est la lutte contre le paludisme. Et en Afrique du sud l’archevêque Desmond Tutu a décidé d’intervenir dans le débat. L’archevêque légendaire, héros de la lutte contre l’apartheid et prix Nobel de la paix, estime en effet qu’à 74 ans l’heure de la retraite n’a pas encore sonné. C’est ce que nous révèle la Frankfurter Rundschau. Le paludisme, tempête Mgr. Tutu, est une maladie destructrice qui empêche le développement de l’Afrique. Les pays africains ont de toute urgence besoin de pesticides bon marché pour pouvoir combattre l’anophèle, le moustique vecteur de la maladie. Et l’ancien archevêque du Cap de plaider pour une renaissance du DDT, ce pesticide interdit depuis les années 70 aux Etats-Unis et dans de nombreux pays européens. Selon l’OMS, lit-on dans l’article, le paludisme n’a plus régressé en Afrique depuis 1999. Dans certains pays il s’est même fortement propagé. De là le soutien apporté par Mgr. Tutu à une initiative de chercheurs, de médecins et d’ecclésiastiques américains et sud-africains. Leur revendication, précise le journal, est la suivante : que les deux-tiers des fonds d’aide alloués à la lutte contre le paludisme soient affectés à l’usage de DDT ou d’insecticides pareillement bon marché, de même qu’à des médicaments efficaces dérivés de l’artémisinine.

Enfin la presse allemande s’intéresse aussi aux élections législatives en Egypte, dont le coup d’envoi a été donné le 8 novembre. Un scrutin organisé en trois étapes, la dernière étant prévue pour le 7 décembre. La première phase, mardi dernier, a concerné Le Caire et la Moyenne Egypte. L’on sait que le NDP, le parti au pouvoir est arrivé en tête. Et cela ne surprend pas la Süddeutsche Zeitung. La majorité des 5 310 candidats aux 444 sièges de la chambre basse appartiennent au NDP. La seule inconnue, écrit le journal, a trait au nombre de sièges qui iront à l’opposition. Les Frères musulmans, interdits mais représentés depuis longtemps au parlement, se montrent sûrs d’eux. Ils présentent 150 candidats. Une fois de plus, poursuit notre confrère, les femmes, avec 44 candidates seulement sont sous-représentées, tout comme les Coptes, la minorité chrétienne d’Egypte. De toute façon, note de son côté la Frankfurter Rundschau, le parlement égyptien a plus un caractère décoratif qu’une réelle influence politique. Dans la perspective de la future élection présidentielle, le score des partis est néanmoins important. Seuls les partis ayant au moins 5% des sièges pourront présenter un candidat.