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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron4 novembre 2005

Zanzibar – Ethiopie – Côte d’Ivoire – UA

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Image : AP

Cette semaine les journaux se font surtout l’écho des nouvelles violences qui émaillent le continent africain.

Violences, tout d’abord, à Zanzibar, cet archipel semi-autonome tanzanien. Comme le note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les élections présidentielle et législatives de dimanche dernier ont été suivies de troubles qui ont fait une trentaine de blessés. A l’origine de ces violences, la victoire, annoncée par la commission électorale, du président sortant Amani Abeid Karume. Victoire contestée par l’opposition regroupée dans le Front civique uni. Les observateurs internationaux, poursuit le journal, ont certes qualifié ces élections de « globalement libres et équitables ». Ils ont pourtant été témoins de scènes étranges, par exemple la prise d’assaut de certains bureaux de vote par des centaines de personnes qui n’étaient pas inscrites sur les listes électorales et qui se sont frayé un chemin, sous escorte militaire, pour participer au vote. Victoire électorale contestée à Zanzibar, titre la Tageszeitung, qui souligne que l’opposition veut une révolution comme en Ukraine. Depuis dimanche les affrontements sont quotidiens entre partisans du Front civique unique et les 20 000 policiers et soldats envoyés spécialement sur l’île pour ces élections. La Croix-Rouge a transporté des dizaines de blessés à l’hôpital, et Médecins sans Frontières s’occupe également des victimes. Mais ajoute ce confrère, la police s’est rendue rapidement à l’hôpital et auprès de MSF pour arrêter les blessés. Violences également en Ethiopie, plus précisément à Addis Abeba. La Süddeutsche Zeitung cite le chiffre de 16 morts , la Tageszeitung parle d’au moins 33 morts en se référant au Conseil éthiopien des droits de l’homme. Les élections, note la Süddeutsche Zeitung, remontent certes à six mois. Mais depuis, la situation est fortement tendue en Ethiopie. L’opposition, qui conteste la victoire du parti de Meles Zenawi, a boycotté la session inaugurale du nouveau parlement. Sur ce, le gouvernement a retiré l’immunité parlemenaire aux députés de l’opposition.

La Côte d’Ivoire, elle, risque de connaître une nouvelle flambée de violences. C’est du moins la crainte d’une partie de la presse allemande. La Frankfurter Rundschau évoque ouvertement le risque d’une guerre civile. Et souligne que l’armée ivoirienne est en train de recruter des mercenaires du Libéria. Y compris, selon Human Rights Watch, des enfants-soldats de 12/13 ans, à qui sont proposés de la nourriture, des vêtements et de l’argent. Les mercenaires adultes, eux, se sont vu promettre entre 300 et 400 dollars pour une « mission militaire de courte durée ». Pour nombre d’observateurs, note le journal, la probabilité d’une confrontation militaire en Côte d’Ivoire ne fait que grandir depuis l’expiration officielle du mandat de Laurent Gbagbo, et sa prolongation pour un an par le conseil de sécurité de l’ONU.

Enfin le grand forum sur l’Afrique, réuni ce week-end près de Bonn par le président allemand Horst Köhler, inspire un long article à l’hebdomadaire Die Zeit. Beaucoup de beau monde était annoncé à ce forum intitulé « Partenariat avec l’Afrique ». Entre autres des capitaines d’industrie, des écrivains mondialement célèbres, les présidents Thabo Mbeki et Olusegun Obasanjo, mais surtout, tout en haut de l’affiche, écrit Die Zeit, Alpha Oumar Konaré, le président de la commission de l’Union africaine. Bartholomäus Grill, le Monsieur Afrique de Die Zeit, a rencontré Alpha Oumar Konaré à Addis Abeba, au quartier général de l’UA. Il nous brosse un portrait nuancé d’un homme qui a de grandes ambitions pour l’Afrique, qui parle d’une future fédération des Etats africains, appelée à devenir un jour, pas si lointain, les deuxièmes USA, les Etats-Unis d’Afrique. Une pointure de moins ferait également l’affaire, écrit notre confrère. Car c’est bien ce que l’on reproche à Alpha Oumar Konaré : parler beaucoup, mais agir peu. Un détracteur l’a qualifié un jour de marchand d’illusions. Et certains n’ont pas oublié que lorsqu’il était président du Mali, de 1992 à 2002, il ne dédaignait pas le luxe et l’apparat. Mais Konaré a cédé volontairement le pouvoir, c’est un véritable démocrate, souligne Bartholomäus Grill. Reste à savoir, ajoute-t-il, si à la lumière du laborieux processus de construction européenne, le chef de l’Union africaine est bien inspiré en voulant suivre le modèle de l’Union européenne pour fédérer l’Afrique.