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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron26 août 2005

Sahara occidental – Kenya – Niger

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Nous commençons par un conflit qui s’éternise en Afrique, c’est le conflit du Sahara occidental. Le sujet revient cette semaine dans la presse allemande, après la récente libération, par le Front Polisario, des derniers prisonniers de guerre marocains. La balle est maintenant dans le camp du roi, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le roi Mohamed VI du Maroc dont le journal attend un geste courageux pour faire sortir de l’impasse ce conflit vieux de trente ans. Son père, rappelle la Frankfurter Allgemeine, le roi Hassan II, a occupé la meilleure partie du Sahara occidental, puis mené une longue guerre contre les indépendantistes du Front Polisario avant de conclure finalement un précaire accord de cessez-le-feu. Après l’échec des diverses résolutions de l’ONU, après l’échec des plans de James Baker, l’ancien secrétaire d’Etat américain, une solution négociée pour le Sahara occidental aurait aujourd’hui de nombreux avantages, souligne le journal. Le conflit n’a pas seulement empoisonné les relations entre le Maroc et l’Algérie, il a eu aussi une influence négative sur les relations de voisinage très complexes, et pas toujours amicales, entre les cinq pays du Maghreb. Sans consensus sur le Sahara occidental, l’Union du Maghreb Arabe restera pendant longtemps encore une coquille vide. Jusqu’à présent, poursuit le journal, faire des concessions sur le Sahara occidental pour renforcer la stabilité régionale a été pour le roi du Maroc un prix trop élevé à payer. Il pourrait à présent faire un premier pas, modeste, en libérant les quelque 150 prisonniers de guerre sahraouis dont l’existence a toujours été contestée par le Maroc.

Un autre type de conflit retient aussi l’intérêt cette semaine de la presse allemande. Il s’agit des affrontements récurrents, dans le nord du Kenya, entre peuples d’éleveurs.

Les deux faces du Kenya, titre la Tageszeitung de Berlin. Alors que le sud du pays, autour de Nairobi et Mombasa prospère, dans le nord la vie est rythmée par les guerres entre peuples d’éleveurs nomades. Cette année les affrontements sont plus violents que d’habitude. L’Etat est désemparé. Le bétail, précise le journal, est régulièrement l’enjeu de ces affrontements souvent armés. Les boeufs, les chameaux et les chèvres sont la richesse des nomades. La plupart du temps on s’entretue pour l’accès à l’eau et aux pâturages, deux biens précieux qui se raréfient de plus en plus. Sans compter, poursuit le journal, que les meilleures terres, dans le nord du Kenya, appartiennent soit à de riches étrangers qui les ont transformées en parcs à gibier privés, soit à des hommes politiques kényans qui les ont reçues en cadeau de la part d’anciens présidents. L’Etat, souligne la Tageszeitung, est pratiquement absent dans le nord du Kenya. Il y a bien des fonctionnaires mais la plupart y ont été mutés contre leur gré. Un policier qui a la détente trop facile, un juge qui rend un verdict contesté, un soldat désobéissant ou un fonctionnaire corrompu – la punition est vite trouvée: ils sont envoyés dans le nord du pays.

Enfin si la famine au Niger reste très présente dans la presse allemande, elle inspire aussi des réflexions critiques à l’encontre des pays donateurs. Des réflexions signées Jeffrey Sachs dans la Süddeutsche Zeitung. Jeffrey Sachs dirige l’Institut de la Terre à l’université de Columbia et il reproche aux pays donateurs de réagir à des famines comme celle du Niger par l’envoi de secours alimentaires plutôt que par des solutions durables. Car souligne-t-il, la famine est le reflet d’une conjugaison fatale entre l’accroissement de la population rurale et l’insuffisance des rendements agricoles. L’aide alimentaire d’urgence est généralement trop faible et arrive trop tard. La fourniture, pour le même montant en dollars, d’engrais et de semences améliorées produirait peut-être cinq fois plus de produits alimentaires. Mais les donateurs, déplore Jeffrey Sachs, n’ont toujours pas traduit cette leçon fondamentale en actes.