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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron1 juillet 2005

RDC – Zimbabwe

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La République démocratique du Congo est ctte semaine encore l’un des principaux thèmes africains pour les journaux allemands. La Frankfurter Allgemeine Zeitung nous propose deux longs reportages, signés Thomas Scheen. Le premier sur l’Ituri où 15 000 miliciens, sur 17 000, ont jusqu’à présent rendu leurs armes. Le désarmement c’est certain, a mis fin aux massacres mais reste à savoir, écrit notre confrère, ce que l’Ituri va faire de cette nouvelle paix. Il appartient au gouvernement central de combler le vide du pouvoir dans cette région de l’extrême nord-est, de mettre en place une administration civile. Or rien n’est fait. Premièrement le gouvernement de de transition a suffisamment à faire avec ses luttes de tranchées. Deuxièmement le chaos dans l’Ituri en arrange plus d’un à Kinshasa. Il permet la poursuite d’un juteux trafic d’or. Si l’ONU, et avec elle les ONG, se retiraient demain de l’Ituri, la province retomberait dans l’âge de la pierre. Le second reportage concerne le Kivu. Une région où les rwandophones, lit-on sous la plume de Thomas Scheen, contrôlent tout: l’administration provinciale, la douane, la police et le trésor public. Le trésor public collecte les impôts, qui doivent être transférés à Kinshasa, en échange de quoi Kinshasa envoie le budget pour l’administration provinciale. Du moins en théorie, mais peu importe cette chimère de plus, souligne le journal. En tant que nation, le Congo ressemble plus que jamais à une belle théorie. A Goma, le gouverneur du Nord-Kivu, Eugène Sirufuli, se plaint du retard dans les paiements en provenance de Kinshasa – plus de douze mois d’arriérés. Ce qu’il ne dit pas, c’est que le trésor public est aux mains des rwandophones, qui bien sûr se servent les premiers. A lire également, cette fois dans la Tageszeitung de Berlin, un autre reportage, très détaillé lui aussi, sur le Katanga. La région minière la plus riche au monde, écrit le journal. Mais les Katangais ne profitent pratiquement pas de cette richesse. L’on comprend dès lors pourquoi les populations du Congo, malgré le processus de paix, sont à ce point déçues et pourquoi la menace de révoltes est maintenant bien présente, ajoute la Tageszeitung.

Autre thème qui continue à faire couler de l’encre dans la presse allemande: la démolition de bidonvilles au Zimbabwe. Elle inspire même un commentaire rageur à la Süddeutsche Zeitung. Des quartiers entiers dans les fiefs de l’opposition que sont Harare, Mutare et Bulawayo ont été incendiés et rasés ces dernières semaines, note le journal. Plus de 200 000 maisons et cases ont été détruites. Un million de personnes sont sans abri. Une fois de plus pourtant, malgré cette rage destructrice, la communauté internationale est incapable de stopper le despote, Mugabe donc. Les Etats-Unis et l’Union européenne en particulier semblent plus désarmés que jamais. Au cours des cinq dernières années, poursuit le journal, des centaines de milliers de Zimbabwéens ont été assassinés, torturés, violés ou chassés de chez eux. Les occidentaux ont imposé depuis longtemps des sanctions. Mais le dictateur a trouvé de nouveaux amis, en Chine, en Libye, et en Iran. Ces Etats lui fournissent de l’argent, des denrées alimentaires et des armes. Autant dire que les mesures punitives des occidentaux ne servent à rien. Mais souligne le journal, l’attitude des gouvernements africains est encore plus dévastatrice. Aucun président ni aucun premier ministre ne s’est dressé jusqu’à présent contre Mugabe. La Tageszeitung relève malgré tout que, pour la première fois, la société civile africaine critique ouvertement le terrorisme d’Etat au Zimbabwe. Dans une déclaration commune, des ONG ont appelé l’ONU et l’Union africaine à intervenir rapidement contre les destructions et les expulsions de masse au Zimbabwe. Dans le monde, précise le journal, 211 ONG ont signé cette déclaration, dont 190 de 23 pays africains. Arrivent en tête le Nigéria, avec 63 signatures, et l’Afrique du sud avec 35.